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règne de Théfée & l'Ariftocratie des Archontes foient gravés dans toutes les têtes, l'Hiftoire générale des Grecs fera de toutes les Hiftoires la plus intéreffante, la plus variée, & la plus agréable à lire; on aimera toujours à s'entretenir d'un peuple aimable & belliqueux, qui a fervi de modèle dans tous les genres aux autres Nations, & qui a dans fes faftes une foule de traits & une phyfionomie qu'on n'a plus retrouvés ailleurs. La politique des Etats modernes y a pris des leçons journalières. Toutes les formes de Gouvernement depuis l'Etat po pulaire jufqu'à la Monarchie la plus abfolue, depuis la fimple Régence jufqu'au Defpotifme, s'y trouvent avec une vigueur ou des excès également dignes d'être obfervés & médités. La liberté & la tyrannie y eurent des autels & des chaînes: des ligues bien entendues & fagement combinées, ont par intervalles ramené la Conftitution à ces Etats mixtes, où l'obéiffance & l'autorité fe trouvèrent dans un équilibre admirable. Là fut imaginée pour la première fois, certe fédération de plufieurs Etats, qui, en confervant leur indépendance individuelle, compofoient une Répu blique guerrière auffi-tôt qu'il falloit conquérir ou fe défendre. Là les Magistrats étoient tout ce qu'un homine peut être, un fage un héros, un mortel, qui ne comproit pour rien le fang verfé pour la Patrie: là on vit aufli des défordres affreux;

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& après cette guerre du Péloponnèfe que le yoluptueux Périclès fufcita pour être difpenfe de rendre fes comptes, on vit toute la Grèce avilie, trembler devant Alexandre, n'avoir à Chéronée ni Généraux ni foldats, & enfin remercier les Dieux de la mort du Roi de Macédoine, qu'ils n'ofoient plus combattre. Un décret folennel avoit déjà honoré, le lâche Paufanias, qui fut le meurtrier de Philippe. Alors il y avoir long-temps que Socrate avoit pris la ciguë; alors Phocion avoit été perfécuté; alors Démofthène amufoit par des allégories un Peuple délicat & fenfible qu'il falloit ménager. On avoit des Philofophes, des Statuaires des Courtifanes, des Peintres, des Hiftoriens. Les théatres outrageoient la vertu. Ön aimoit les plaifirs bien plus que la Patrie; on confentoit volontiers à être efclave pourvu que rien ne troublât les jouillances privées. Philippe avoit affez méprifé les Grecs, pour leur rendre tous les prifonniers. Qu'avoit-il à craindre? ce n'étoient plus des hommes. Qui ne fera frappé de l'effet que produit dans les Etats la corruption des ha bitans! Elle feule a vaincu la Grèce. Ce n'eft point l'homme qu'il faut compter dans un pays, ni fa valeur fpécifique; des fujets ef féminés n'en ont point. C'eft par eux que les Monarchies s'écroulent., & que les Répu bliques font affervies. Athènes eut dans fon fein les mêmes forces pendant qu'elle do! mina avec tant de gloire, & pendant qu'elle

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fervit avec tant d'ignominie. Elle avoit vingt mille Citoyens lorfqu'elle défendit les Grecs contre les Perfes, qu'elle difputa l'Empire à Lacédémone, & qu'elle attaqua la Sicile. Elle en avoit vingt mille long-temps après, forfque Démétrius de Phalère les dénombra, comme dans un marché l'on compte des troupeaux. Philippe avoit déjà dit: Jen'enfonce point une porte de ville, que je n'aye tenté de l'ouvrir avec une clef d'or. Le Sénat & les Orateurs étoient ftipendiés, les fuffrages étoient vendus; le Sénateur ne favoit plus qu'applaudir aux theatres, admirer des tableaux, & recevoir l'or de Philippe. Le jeune guerrier ne rougiffoit point de promenet fur le Pyrée fa courtifane bien ai mée: l'Orateur animé dans la Tribune, d'un zèle faux, déclamoit contre Philippe, & fe gardoit de fixer l'attention des Athéniens fur les dangers qui les menaçoient. Cepen dant c'eft-là le fiècle qu'on a pompenfe ment nommé le beau fiècle de Périclès. Depuis. quand les Arts & les Sciences ont ils, pu donner un nom auffi beau à un fiècle fans mœurs, où des Peintres, des Sta tuaires, des Poëtes, font, s'il eft permis de s'exprimer ainsi, les Penfionnaires d'un Etat opulent & corrompu, qui, fatigué de gloire, cherche une autre renommée, &

ne illuftration qui n'eft plus celle des con quêtes, des mœurs, & d'une bonne légiflation? Je rentre, fans le vouloir, dans le fyftême de J. J. Rouffeau, qui alla trop loin

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en accufant les Sciences de corrompre les mœurs, Il auroit au contraire préfenté une vérité effrayante, s'il eût dit que les Sciences & les beaux Arts ne peuvent fleurir que parmi le luxe, & que le luxe amène la corruption, & que les Arts vont de front avec elle. Il fuffit d'interroger les Annales des Nations, pour y trouver ces triftes preuves. Etre libre, rarement vertueuse, recevoir des Maîtres, paller par tous les degrés de la corruption & de la fervitude, perdre tout, mœurs énergie, richelles induftrie confidération, & enfin arrivée à ce terme, reconquérir de nouveau fa liberté, fes mœurs & la prépondérance, pour les reperdre encore: voilà la Grèce voilà l'Hiftoire des Peuples du Monde. La ligue Achéenne ralentit pendant quelques inftans la chute de la Grèce, que le Coloffe Romain fit enfin courber fous fon poids. Quelles grandes leçons il en doit refulter pour le Lecteur qui fe trouve mené de l'Hiftoire de la Grèce à celle de Rome, qui voit les deux plus grandes Puiffances fe lier, s'amalgamer, & l'une difparoître & s'effacer fous les coups de la plus belliqueufe des Nations! Mais Rome ne reproduit point à fes yeux les brillantes couleurs de la Grèce ! La dégradation des Romains a un autre degré de baf feffe, & des fuites bien plus affreufes. Les Grecs furent aimables pendant qu'ils expiroient, les Romains étoient des monftres odicux. La Grèce fut vaincue quand elle

ne fut plus fe fervir de fon épée; Romè périt par le couteau, par le poison, & par des allaffinats fans nombre. La Grèce arrêtoit fes vainqueurs par le,fpectacle de fes merveilles, & par fes chef d'oeuvres. Des fers du Macédonien, elle patla fans convulfion fous le joug Romain; il lui refta le regret de n'avoir pas fu concilier- Athènes & Lacédémone, dont l'union auroit retardé fa chute, & de n'avoir pas fecondé les efforts de l'Achaïe, qui pouvoit lui rendre toute fa gloire. Les Grecs enfin furent vaincus par les vainqueurs de la Macédoine: mais qui difperfa l'Empire Romain? On ne le fait que trop : des Barbares raffemblés à la hâte, qui forçoient tour à tour des barrières mal défendues; la Grèce devint l'école de Rome; celle-ci ne fit pas le même préfent aux peuplades qui la fou

mirent.

L'Auteur de l'Hiftoire de la Grèce a le mérite d'avoir fu réunir dans un feul corps, & d'une manière fatisfaifante, les faftes de toutes les Républiques de la Grèce. Chaque peuple n'occupe ni trop ni trop peu d'étendue, chacun intéreffe; on retrouve leurs principaux traits & leur conftitution. On fent que la République d'Athènes remplit le premier plan de ce vafte tableau; c'eft la deftinée des Etats qui ont régné par les beaux Arts. Sparte revient avec des ca'ractères qui piquent moins l'attention & la curiofité. On lira avec plaifir tous les

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