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colléges, et fait une loi pour interdire à ces Religieux toute acquisition ultérieure (1). Leur destruction dans les Etats de son Fils ne coûta qu'une lettre de la main de Ferdinand. Tanucci reçut ordre de les expulser, sans formalités et sans délai, de tous les établissements qu'ils avaient dans le royaume de Naples et dans celui de Sicile, puis de les faire tous transporter dans les Etats du Pape. Le ministre, qui n'aimait pas les Jésuites, remplit avec joie (2) les injonctions de son maître; il savait de plus qu'il se rendait agréable au roi d'Espagne. On répéta donc à Naples les savantes mesures du comte d'Aranda. L'édit d'expulsion n'alléguait aucun motif. Ferdinand IV usait de la toute-puissance qu'il reconnaissait tenir de Dieu, et proscrivait parce que tel était son bon vouloir.

Le 3 novembre 1767, au milieu de la nuit, toutes les maisons de Jésuites dans le royaume de Naples, monastères et colléges, furent investies par des officiers du roi et par la force armée; les portes ouvertes ou brisées, toutes les cellules occupées et gardées; les Pères, les novices, les élèves réunis dans un appartement de la maison; les meubles séquestrés, chaque homme ne pouvant prendre que ses vêtements; après

(1) Colleta, tom. I, pag. 36.

(2) Tanucci ne fu allegro. Ibid., tom. II, pag. S.

quoi, tous les Jésuites furent conduits sous bonne escorte au port ou au rivage le plus voisin, et embarqués sur des vaisseaux qui mirent aussitôt à la voile. Les vieillards et les malades eux-mêmes se virent contraints de partir avec les autres, et cette opération s'exécuta si rapidement que, pour nous borner à la ville de Naples, les Jésuites de la capitale naviguaient déjà vers Terracine avant la première lueur du jour, le lendemain 4 novembre.

On usa de cet empressement et de ces rigueurs, à l'exemple de Madrid, ou bien pour dérober au peuple, par la surprise et les ténèbres de la nuit, un spectacle plein de compassion et d'irrévérence. Les édits qu'on put lire le jour du départ des Jésuites portaient ce qui suit :

« Nous le Roi, faisant usage de la suprême puissance indépendante que nous tenons immédiatement de Dieu, inséparablement unie par son omnipotence à notre souveraineté, pour le gouvernement et la conduite de nos sujets, voulons et ordonnons que la Compagnie dite de Jésus soit abolie pour toujours et exclue à perpétuité de nos royaumes des Deux-Siciles..

Suivaient d'autres ordonnances pour faire savoir au peuple que les biens des Jésuites, quoique confisqués, seraient employés à des œuvres de piété et d'utilité commune; que les dettes de ces Religieux seraient

payées; que leurs aumônes, les charges de leurs propriétés, les œuvres méritoires qu'ils s'étaient engagés à accomplir, seraient continuées; qu'il serait pourvu au service des églises; enfin, que la réorganisation des écoles viendrait agrandir et améliorer l'enseignement public.

On ne sut pas quelles richesses encaissa le trésor, parce que le gouvernement mit tous ses soins à ne pas dévoiler ce mystère.

Pendant plusieurs mois, les promesses faites à l'occasion du bannissement des Jésuites, furent remplies, et il parut ensuite un autre édit conçu en ces termes :

Nos soins paternels, après la juste et nécessaire expulsion de nos Etats prononcée contre la Compagnie qui se disait de Jésus (la souveraine puissance que nous tenons directement de Dieu nous ayant permis d'expliquer et de commuter la volonté de ceux qui, en laissant leurs biens à la susdite Compagnie, ont entendu les destiner à l'utilité spirituelle de leurs concitoyens, par le moyen des œuvres auxquelles la Compagnie faisait profession de se livrer), nos soins ont établi des écoles publiques et des colléges gratuits pour instruire dans la piété et dans les lettres la jeunesse pauvre; des salles d'asile (conservatorii) pour nourrir les orphelins et les orphelines du peuple, et leur apprendre divers métiers; des dépôts (reclusorii) pour les pauvres non va

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lides, et pour les vagabonds valides, des institutions qui, les enlevant à l'oisiveté dans laquelle ils étaient onéreux et pernicieux pour l'Etat, les ont rendus utiles à la société, en leur enseignant les arts qui lui sont nécessaires. Ces mêmes soins ont soulagé les communes, en leur faisant remise des prestations annuelles qu'elles accordaient aux élèves chassés des écoles; aidé les habitants des campagnes par la division de vastes domaines en petits fermages; secouru par les aumônes fixes de chaque jour les personnes honnêtes qui sont dans les besoin; ajouté à ces premières mesures ou préparé un grand nombre d'autres œuvres dans l'intérêt public, pour le culte divin et les exercices de la religion. Maintenant que les biens de la Compagnie expulsée ont abondamment pourvu aux exigences de la piété publique, et quant aux sanctuaires, persuadé qu'il est temps aujourd'hui de répéter l'avertissement donné par Moïse, inspiré de Dieu et conducteur du peuple hébreu, de ne plus porter de présents à l'Arche sainte, jetant donc nos regards sur le moyen de sustenter les familles de nos sujets et sur leur besoin de sécurité à l'endroit des biens qu'elles possèdent, nous en sommes venu à résoudre et à déclarer par le présent édit la nullité de toutes les substitutions ou réclamations, non encore vérifiées, du chef des Jésuites expulsés, notre volonté royale étant que les biens com

pris dans ces substitutions, ou qui feraient l'objet de ces réclamations, restent à la libre disposition du dernier possesseur laïque, après lequel les Jésuites auraient été appelés. Naples, 28 juillet 1768.

dinand, roi (1). »

Fer

Le roi Ferdinand eut le temps d'apprendre, comme bien d'autres souverains, qu'on s'était honteusement trompé sur les véritables ennemis des trônes, et que, avec les Jésuites de moins, les révolutions politiques n'avaient pas disparu de la terre. Ce même prince qui, trop jeune pour agir par lui-même, avait chassé les Jésuites et confisqué leurs biens, vit sa couronne passer en des mains étrangères, et ce n'étaient ni les Jésuites, ni leurs partisans, qui la lui avaient ravie. Aussi, quand il fut remonté sur le trône, et que les circonstances le lui permirent, s'empressa-t-il de réparer ses torts envers la Compagnie de Jésus. Il demanda que le bref de Pie VII, en faveur des Jésuites de Russie, fût étendu à ses Etats, réclama ces Religieux qu'il avait proscrits, et offrit de leur rendre la portion de leurs biens qui n'avait pas été vendue. Pie VII accéda volontiers à sa demande, et, par un bref du 31 juillet 1804, adressé au P. Gruber, supérieur de la congrégation de Russie, et successeur du P. Kareu, il permit à tous les sujets du

(1) Colleta, Storia del Reame di Napoli, tom. II, pag. 8,

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