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non vendus appartenant aux Jésuites, et qui leur avaient

été restitués (1).

Résumons en quelques mots tout ce chapitre. Qu'avons-nous offert au lecteur impartial?

Une condamnation dans laquelle se trahit l'aveuglement de la passion et de la colère; car elle enveloppe dans des rigueurs barbares (2), elle va atteindre aux Indes et en Amérique des hommes évidemment innocents de ce qui avait pu se passer à Madrid.

Une indigne violation de toutes les règles de la justice. Pas un des accusés ne fut entendu, pas un motif ne fut produit; sous peine de mort, il fallut se taire!

Un récit qui, seul, peut expliquer l'étrange conduite de Charles III, et qui réunit en sa faveur les plus graves autorités, ainsi que tous les caratères de la vraisemblance; enfin, qui lave les Jésuites.

A la suite d'une solennelle enquête, la Compagnie de Jésus fut rétablie en Espagne par Ferdinand VII. JI est vrai que cette Compagnie se trouva frappée de nouveau, mais avec la monarchie et par le même coup.

(1) Ami de la Religion, tom. XXV, pag. 127.

(2) Saint-Priest, pag. 65. Le noble écrivain ajoute nécessaires peut-être; mais on voit par l'exposé des faits si la barbarie pouvait être nécessaire.

CHAPITRE X.

NAPLES ET PARME.

Charles III d'Espagne en Toscane.- Commencements de Bernardo Tanucci. Il devient ministre de Ferdinand IV, roi de Naples. -Idée de son ministère. -Charles III écrit à Ferdinand pour la suppression des Jésuites. —Le 3 novembre 1767, leurs maisons fermées à Naples.-Ils sont dirigés par mer vers les Etats ecclésiastiques. — Ordonnance du Roi sur les propriétés des Jésuites napolitains. - Ferdinand détrôné par la Révolution. - Une fois remonté sur le trône, il rétablit les Jésuites. Etat de leurs collèges dans le royaume de Naples.

Le ressentiment de Charles III atteignit les Jésuites jusque dans le royaume de Naples et dans le duché de Parme, gouvernés l'un par son fils, l'autre par son neveu. Une fois jetés sur la route de l'arbitraire, les

gouvernants, enivrés de leur pouvoir, ne calculent plus rien, et n'écoutent, ce semble, ni les droits de la justice ni les cris de l'humanité. C'est ainsi que le docile instrument des passions de d'Aranda et de Choiseul poursuivit leurs victimes au delà même de ses Etats.

Lorsque l'infant Don Carlos, plus tard devenu roi d'Espagne, sous le nom de Charles III, traversait la Toscane, il y eut dans les rangs de son armée un soldat assassin qui chercha l'impunité derrière les murs d'un couvent. On n'osa pas violer l'asile, mais on le fit bloquer de manière que les Religieux, ne pouvant recevoir aucune provision, furent obligés de livrer leur prisonnier. Ce fut pour Don Carlos une occasion de faire examiner la nature du droit d'asile (1).

Il se trouvait alors à Pise un homme qui était professeur de droit public et avocat, Bernardo Tanucci, né en 1698, de parents pauvres, à Stia, petite terre du Casentino. C'était pour ces temps-là un libre penseur (2). On le chargea de l'examen du droit d'asile, et il établit que ce droit, étant contraire aux lois divines et humaines, devait être regardé comme subversif de tout pouvoir légitime. L'ouvrage de Tanucci le mit dans les bonnes grâces de Don Carlos, qui le nomma auditeur

(1) Duclos, Voyage en Italie, pag. 130.

(2) Libero pensatore de' tempi suoi. Colletta, Storia del Reame di Napoli, tom. 1, pag. 20.

de l'armée espagnole et accueillit dès lors ses conseils pour les affaires civiles du gouvernement (1). Le premier acte de souveraineté qu'exerça Don Carlos, en montant sur le trône de Naples, ce fut la nomination de Bernardo Tanucci au ministère de la justice (2).

En quittant le royaume de Naples, pour le trône d'Espagne (1759), Don Carlos plaça sur celui des DeuxSiciles son troisième fils, Ferdinand IV, et emmena le second pour lui succéder. L'aîné était enfermé comme imbécile. Ferdinand IV, prince d'une santé vigoureuse, mais d'un esprit faible, avait besoin d'un mentor et d'un guide qui tînt les rênes du gouvernement; Tanucci fut chargé de toute l'administration. Ce premier ministre gouvernait ainsi les Deux-Siciles, sous la suprématie de Charles III qui, de Madrid, continuait de dominer à Naples. Le marquis Tanucci n'était qu'un légiste, « et l'expérience prouve, dit Duclos, que ceux qui n'ont chargé leur mémoire et occupé leur esprit que du positif des lois, sont de tous les hommes les moins propres au gouvernement (3). » Tanucci, obéissant à deux passions exclusives, attaqua les prérogatives du Saint Siége et les priviléges des nobles, avec beaucoup plus d'acharnement que de prudence.

(1) Colletta, Storia del Reame di Napoli, ibid.

(2) Colletta, ibid., tom. I, pag. 25.

(3) Duclos, Voyage en Italie, pag. 131.

Homme de robe et esprit étroit, il négligea l'armée, parce qu'il la regardait pendant la paix comme une chose inutile pour l'Etat. Il ne régla pas mieux les affaires de la justice. De quelque côté que l'on examine cette longue carrière politique de Tanucci, on cherche en vain ce qui a pu servir de fondement à la haute réputation qu'il eut pendant sa vie, et qui ne l'a pas abandonné après sa mort (1). Il ignorait l'économie politique, les finances, l'administration; avide de pouvoir, il était, en sa qualité d'étranger, plus attaché au roi qu'à l'Etat (2), et lorsqu'on le disgracia (1776), il se montra plus affligé de la perte de son ministère, qu'un souverain banni de ses Etats ne le serait de la perte de sa couronne (3). La reine, Caroline d'Autriche, qui, selon les articles de son contrat de mariage (4), assistait aux conseils depuis qu'elle eut donné un héritier au trône, souffrait impatiemment la domination de Tanucci.

Telle était donc à Naples la situation des choses, quand Charles II détruisit la société des Jésuites en Espagne. Déjà, avant de céder le trône à Ferdinand IV, il avait refusé aux Jésuites la permission de fonder des

(1) Biographie universelle, arl. TANUCCI.

(2) Colletta, tom. II, pag. 58.

(3) Ibid., tom. II, pag. 25.

(4) Ibid.

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