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fait revenir que pour se ménager le plaisir de les déporter une seconde fois.

On sait qu'ils furent rappelés, de la manière la plus éclatante, par Ferdinand VII. Ce prince rendit, le 29 mai 1815, un décret portant que, pour céder aux vœux qui lui étaient parvenus de différentes villes, de différentes provinces, et après avoir fait un examen approfondi des inculpations dirigées contre les Jésuites, il rétablissait leurs colléges, leurs maisons et missions. Il déclarait que la destruction de l'Ordre avait été opérée par la jalousie et l'esprit de parti; qu'ils n'avaient pour ennemis que ceux qui étaient aussi les ennemis de la religion et de la monarchie, et qu'ils avaient rendu d'inappréciables services, surtout dans l'éducation de la jeunesse (1). Ce décret fut accueilli avee joie en Espagne. Plusieurs Jésuites revinrent successivement d'Italie, et rentrèrent dans quelques-uns de leurs établissements. Le 18 septembre 1815, les PP. Zuniga, Osuna et Silva partirent de Rome pour Madrid. Le premier était commissaire général pour le rétablissement de la Compagnie en Espagne. Il y avait ordre de fournir aux autres Religieux de la même nation des bâtiments pour les transporter aux frais de S. M. C. (2).

(1) Ami de la Religion, tom. V, pag. 172.

(2) Ibid. pag. 304.

Lorsque les Jésuites arrivèrent à Madrid (1816), les Franciscains et Dominicains allèrent au-devant d'eux; un Te Deum fut chanté, et les Pères reçurent la visite de beaucoup de membres distingués de la noblesse. Le 29 mars, le duc de l'Infantado, à la tête de la Junte royale chargée des affaires des Jésuites, mit ces Religieux en possession du collége royal de Madrid, avec tous ses biens, ses rentes, sa grande bibliothèque, son cabinet de physique et d'astronomie. Plus de cinquante villes firent des instances pour avoir les Pères Jésuites. De ce nombre furent Barcelonne, Valence, Grenade, Gandie, Calatayud, Teruel, Graus.

Par un bref, daté du 15 décembre 1814, le pape Pie VII avait exprimé au roi d'Espagne la joie que le rétablissement des Jésuites causait au Saint-Siége.

Nous nous sommes réjouis encore, ajoutait le pape, des biens immenses que l'Espagne retirera des prêtres réguliers de la Société de Jésus, car une longue expérience nous apprend que ce n'est pas seulement par leurs bonnes mœurs et leur vie évangélique qu'ils répandent la bonne odeur de Jésus-Christ, mais encore par le zèle avec lequel ils travaillent au salut des ames. Pour y parvenir, unissant à la vie la plus pure une connaissance approfondie des sciences, ils s'appliquent

(1) Ami de la Religion, tom. VII, pag. 41.

à étendre la religion, à la défendre contre les efforts des méchants, à retirer les Chrétiens de la corruption, à enseigner les belles-lettres à la jeunesse, et à la former à la piété chrétienne.....

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Nous pouvons assurer Votre Majesté que le rétablissement de cette Société, dont le fondateur est Espagnol, qui compte dans son sein plusieurs Espagnols qui l'ont illustrée par leur sainteté et leur science, et qui enfin a fait tant de bien à l'Espagne, sera aux yeux des peuples commis à Votre Majesté un nouveau bienfait, un bienfait qui rattachera de plus en plus à votre personne sacrée le royaume d'Espagne, assurera et perpétuera parmi les gens de bien la gloire de votre nom, et, ce qui est plus important encore, sera pour vous un sujet de mérite auprès de Dieu (1). »

Il y eut de ces nobles proscrits qui furent appelés à Dieu au moment où ils allaient rentrer dans la patrie. Tel fut le P. Joachim Pla, qui mourut le 11 octobre 1816, dans la maison professe des Jésuites à Rome. Il s'était mis en route pour Cività-Vecchia, dans le dessein de se réunir à ses frères d'Espagne; mais surpris par une maladie grave, il fut obligé de revenir sur ses pas. On le transporta à Rome, où il succomba au bout de peu de jours. Ses goûts studieux l'avaient

(1) Aml de la Religion, tom. V, pag. 288-290.

porté vers la bibliographie et les langues étrangères. Il devint successivement sous-bibliothécaire à Ferrare, professeur de chaldéen à Bologne, et directeur de la bibliothèque Barberini, à Rome. Léopold l'appela à Florence, et se servit de lui pour la traduction des manuscrits arabes; l'illustre Tiraboschi déclare qué ce Père était un des plus habiles polyglottes de l'Italie. Il se montra aussi vertueux que savant, et sa piété, sa douceur, l'innocence de ses mœurs lui concilièrent partout le respect et l'attachement de ses confrères, comme des gens du monde (1).

Une nouvelle révolution renversa encore ces heureux commencements les Jésuites furent supprimés par un décret des Cortès, le 14 août 1820. Ce jour-là, les commissions réunies de finances et de législature firent un rapport sur cette affaire, en présentant un projet de décret qui fut discuté et adopté dans la même séance. Le comte de Maule fit valoir les services des Jésuites pour l'enseignement, et cita en exemple leur école de Cadix, où se rendaient alors plus de cinq cents élèves. Il demanda qu'on eût égard aux besoins et aux vœux des familles, et ne dissimula pas le mécontentement qu'exciterait l'abolition proposée. Quelques

(1) Ami de la Religion, tom. X, pag. 51. — Caballero, loc. cit. pag. 225.

membres de l'assemblée, comme Sierra - Pampley, voulaient qu'on renvoyât en Italie les Jésuites qui en avaient été rappelés cinq ans auparavant; mais son avis ne prévalut pas.

Le décret portait donc que le rétablissement prononcé par Ferdinand resterait sans effet; que les Jésuites revenus d'Italie se retireraient en tel lieu qu'ils choisiraient dans la Péninsule; qu'ils seraient soumis aux ordinaires, sans pouvoir porter l'habit de leur Ordre, ni reconnaître un supérieur étranger; qu'ils recevraient 300 ducats de pension annuelle, qui toute. fois seraient perdus pour eux, s'ils sortaient d'Espagne pour quelque motif que ce fût, même avec la permission du Gouvernement. Tous ceux qui étaient entrés dans la Compagnie depuis 1815, devaient se rendre au lieu de leur naissance. Ceux qui étaient dans les ordres sacrés, relèveraient de leur évêque, et toucheraient une pension de 375 francs, jusqu'à ce qu'ils eussent un bénéfice; ceux qui n'étaient pas dans les ordres, rentreraient dans l'état laïque, et seraient soumis aux autorités civiles; les étrangers devaient quitter l'Espagne. Le Chapitre de Saint-Isidore, à Madrid, qui aurait remplacé les Jésuites, serait rétabli; les Jésuites lui remettraient leurs effets et leurs biens, ainsi qu'aux missionnaires de l'Oratoire de SaintSauveur. Le trésor rentrerait en possession des biens

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