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• Monsieur l'Evêque,

« Il vous est connu combien je m'intéresse à la bonne éducation de la jeunesse de mes Etats. On voit partout des preuves et des monuments de l'attention que j'ai donnée à cette partie de mon gouvernement. J'ai éprouvé, en ce point, des désagréments, lorsque j'ai vu le plan que je m'en étais fait, menacé d'un bouleversement total par la destruction de l'Ordre des Jésuites, qui me paraissait le plus propre à diriger et à former la jeunesse dans les sciences qui lui sont nécessaires. Ainsi, j'ai employé tout mon pouvoir pour la conservation de leur Institut dans mes Etats. Le souverain Pontife n'a pu lui-même désapprouver les motifs qui m'ont animé à le favoriser; au contraire, Sa Sainteté y a applaudi et m'a fait savoir qu'elle s'abstiendrait en toute manière de regarder comme irréguliers ceux des PP. de cet Institut qui se trouvaient dans mes Etats. Je ne négligerai rien pour parvenir à cette fin, qui a paru également juste et louable au Saint-Père. En conséquence de cette déclaration pontificale, je vous enjoins de n'altérer en rien l'état spirituel et temporel de ces Pères, ou plutôt de laisser le tout in statu quo, de leur continuer les mêmes pouvoirs dont ils jouissaient ci-devant, et de ne point leur refuser les Ordres

sacrés ou les autres permissions attachées à leur Institut. J'ai trop bonne opinion de votre piété pour douter de votre promptitude à vous conformer à la volonté de votre Roi.

FREDERIC (1).

La lassitude s'en mêla pourtant, et Frédéric, harcelé, contrecarré de tant de manières, finit par prendre une mesure qui ressemblait beaucoup à une suppression des Jésuites; car, dès qu'ils devaient cesser de former des novices et de réparer les vides que la mort ferait dans les rangs, le moment de l'extinction totale devenait facile à calculer.

La sécularisation de la Compagnie du roi de Prusse fut résolue en 1776, et s'effectua le 19 février à Sagan en Silésie. Les biens des Jésuites, dans tout ce Duché, furent mis sous la régie de quatre Conseillers-suprêmes de Régence. Les possessions immeubles que la Société possédait là étaient évaluées à 6,000 thalers, dont il fallait déduire leurs dettes, qui toutefois n'étaient pas considérables. Le nombre des ex-Religieux, dans toute la Silésie, montait à cent vingt-deux, y compris ceux qui n'avaient pas fait les voeux et pouvaient rentrer

(1) Journal historique et littéraire, tom. CXLIII, pag. 213.

dans le monde. Voici à peu près de quelle manière s'opéra cette sécularisation des Jésuites.

Le Suffragant de Breslau avait envoyé au Prieur de Sprottau des lettres commissoriales, afin qu'il pût exécuter cette suppression, et le Prieur du couvent des Augustins lui avait été donné pour adjoint. En conséquence, le 19 février, à huit heures du matin, ils se rendirent à l'église des Jésuites', avec tous les membres de la Société. Après la messe, le Prieur de Sprottau fit un discours, dans lequel il exposa tous les services que la Compagnie avait rendus jusqu'alors à la Religion; après quoi, il donna lecture des lettres commissoriales de l'Evêque de Breslau, qui enjoignaient à tous les membres de la Compagnie de Jésus de ne se considérer désormais que comme prêtres séculiers. Enfin, après avoir exhorté les ex-Religieux à obéir au Roi et à l'Evêque, il finit sa commission par leur ôter la juridiction spirituelle et les pouvoirs de prêcher, d'entendre la confession et d'administrer les Sacrements.

Instruit de son sort et de celui de ses compagnons, le Père Recteur remit au Commissaire les clefs de l'église, mais elles lui furent rendues sur-le-champ; la cérémonie se termina par la promesse usitée d'obédience à l'Ordinaire. Dans l'après-midi, le Prieur se fit rendre compte de l'administration de la maison. Le matin

suivant, à huit heures, il y eut une seconde assemblée, à laquelle les ex-Jésuites parurent déjà dans l'habit séculier, c'est-à-dire en habit noir avec revers et collet blanc, tel que le portaient les ministres ou aumôniers des régiments de l'armée du Roi. L'assemblée n'avait pour objet que de les rétablir dans la juridiction spirituelle, qui leur fut effectivement rendue.

Quelques jours après, il arriva de Glogau à Sagan un Conseiller royal, accompagné de deux autres Officiers, chargés de se saisir de tous les biens qui y avaient appartenu à la Société et d'en dresser l'inventaire. Ils se rendirent au Collége, où ils furent reçus par le P. Recteur. Après avoir pris des notes exactes de tout ce que possédait l'Institut, ils formèrent un projet pour assurer à chaque individu de l'Ordre une pension convenable, hors des revenus de ces biens. La Chambre des guerres et des domaines de Glogau leur avait déjà fait connaître les intentions de Sa Majesté à ce sujet, dans He Rescrit qu'elle leur adressa touchant leur suppression. On les assurait de la protection du Roi, quant à leurs affaires spirituelles; mais, pour ce qui était du temporel, on les avertissait que, de la part de S. M., on prendrait possession de leurs biens, afin de mieux pourvoir à leur entretien; et on leur promettait, ainsi qu'à tous les Recteurs, Supérieurs et membres de l'Or

dre en Silésie, que tout ce qui les concernait serait réglé de manière à ce qu'ils en fussent très-satisfaits.

En même temps, circulaient de main en main les instructions données par le Roi à son agent à Rome. Elles peuvent servir à donner une idée des conjonctures et des motifs qui amenèrent la révolution dont nous venons de parler.

«Sa Majesté Prussienne, était-il dit, entre d'abord dans les circonstances où se trouve le Saint-Père. Mais comme elle ne peut abandonner les vues qu'elle s'est proposées, elle croit à propos d'en faire voir la justice, en s'expliquant mieux sur les rapports de la Cour de Rome, sur le but de sa demande et sur les moyens de l'accorder; ces détails montreront que, ne voulant point renoncer à ses intérêts personnels, elle veut encore les combiner avec ceux du Pape. Le Roi n'a jamais prétendu et ne prétend point rompre, ni même blesser par quelque atteinte les rapports qui établissent l'harmonie entre les Cours catholiques et celle de Rome; il reconnait la justice de ses rapports, et il les respecte; et dans le cas où sa demande les pourrait léser, il se flatte que le Souverain Pontife lui indiquerait les points précis qui s'opposent à un arrangement qu'il ne veut accepter qu'autant qu'il satisfera tous les partis. Ce serait ici l'occasion d'en venir à une discussion pénible, dans laquelle S. M. mettrait, de son côté, toute la dé

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