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Et maintenant, il n'y a plus à vous dire « Prencz garde, sire!» En rompant avec les girondins, nous ne dirons pas vos derniers amis, mais vos derniers soutiens, vous venez de rompre avec le trône, avec la liberté, avec la vie.

Voyez-vous ce jeune homme qui entre à Paris par une porte, tandis que Dumouriez sort de Paris par une autre? Ce jeune homme, sire, c'est le 10 août qui vous arrive de Marseille sous le nom de Barbaroux.

Mais, avant le 10 août, sire, il nous reste à raconter le 20 juin. Avant le coup au cœur, le soufflet sur le visage.

XXV

Le ministère feuillant. Lettre de la Fayette..

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Ses conseils. Effet sur l'Assemblée. — Guadet. L'orage a duré une heure. Le 20 juin est décidé. · - Lettre de la Fayette au roi. du roi. La Commune et les faubourgs.

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Atonie

20 juin, 10 août,

Mot de Vergniaud. Santerre, ses habitudes,

Portraits. L'arbre de la liberté aux

Il n'y avait plus à reculer. Les deux forces ennemies étaient en face l'une de l'autre le roi et l'Assemblée; le taureau et le toréador.

:

Cette fois, le roi acceptait franchement le combat; armé de son véto, il avait frappé dans la mesure de sa force et de son pouvoir, Son nouveau ministère: M. de Chambonnas aux affaires étrangères, M. Lajard à la guerre,

M. de Moncel à l'intérieur, enfin MM. Lacoste et Duranthon, restant, l'un à la justice, et l'autre à la marine, n'appartenaient point à l'Assemblée, mais étaient un ministère feuillant.

La chose était évidente. La cour préparait soit une nouvelle fuite, comme l'avait conseillé Barnave, soit un coup comme celui de Nancy, soit une échauffourée comme celle du Champ de Mars.

La Gironde résolut de prévenir la cour.

Mais ce qui décida surtout le coup d'Etat du 20 juin, car ce fut un coup d'État et non pas une capricieuse déviation de la populace, ce qui décida le coup d'État, ce fut la lettre de la Fayette à l'Assemblée.

Cette lettre était écrite du camp de Maubeuge, et moins avec le bec d'une plume qu'avec la pointe d'une épée. C'étaient des conseils donnés à l'Assemblée, mais donnés avec ce ton qui n'admet point la discussion.

« Que le pouvoir royal, disait l'ex-commandant général de la garde nationale, que le pouvoir royal soit intact, qu'il soit indépendant, car cette indépendance est un des ressorts de notre liberté; que le roi soit révéré, car il est investi de la majesté nationale; qu'il puisse choisir un ministère qui ne porte les chaînes d'aucune faction, et que, s'il existe des conspirateurs, ils ne périssent que sous le glaive de la loi.

Enfin, que le règne des clubs, anéanti par vous, fasse place au règne de la loi, leurs usurpations à l'exercice ferme et indépendant des autorités constituées, leurs maximes désorganisatrices aux vrais principes de la li

berté, leur fureur délirante au courage calme d'une nation qui connaît ses droits et qui les défend; enfin, leurs combinaisons sectaires aux véritables intérêts de la patrie, qui, dans ce moment de danger, doit réunir tous ceux pour qui son asservissement et sa ruine ne sont pas les objets d'une atroce jouissance et d'une infâme spéculation. >>

Cette lettre, remise, le 18 au matin, à un huissier de l'Assemblée nationale par un domestique de M. de la Rochefoucauld, tomba comme un coup de foudre au milieu de l'Assemblée. Après un moment de silence, les deux cent cinquante feuillants qui siégent sur les bancs de la Législative éclatent en un seul applaudissement; tous ces modérés, ou plutôt ces indécis qui cherchent partout une force pour y appuyer leur faiblesse, se rallient à eux. Une immense majorité, majorité inconnue, majorité fayettiste se déclare, et ordonne l'impression. Puis on met la seconde question aux voix.

« La lettre sera-t-elle envoyée aux départements? >> La Gironde tressaille jusqu'au fond du cœur; si la seconde motion passe, elle est perdue; la majorité change de parti et se fait constitutionnelle et feuillantiste.

Guadet s'élance à la tribune.

« Vous avez ordonné l'impression, s'écrie-t-il, vous allez ordonner l'envoi aux départements; mais la lettre est-elle bien de M. de la Fayette? Je n'en crois rien; n'est-ce pas plutôt une signature laissée en blanc et remplie ici? Cola, je le crois; il parle le 16 juin de la démission de

M. Dumouriez, qui a eu lieu le 17 et qu'il ne pouvait connaître. »

La lettre ne disait pas un mot de la démission de Dumouriez, mais l'observation est faite, elle frappe; la discussion s'engage, l'enthousiasme tombe : c'était tout ce que demandait Guadet.

Au bout d'une demi-heure, un revirement étrange s'était opéré. La Gironde est redevenue la majorité, et, sous l'influence de la Gironde, la majorité vote que la lettre sera renvoyée à la commission des Douze, et, sur la question de l'envoi aux départements, décide qu'il n'y a pas lieu à délibérer.

L'orage n'a duré qu'une heure, l'éclair n'a duré qu'une seconde; mais, à la lueur de cet éclair, la Gironde a vu l'abîme.

Si elle n'y veut pas tomber, il faut qu'elle y pousse la royauté.

Le 20 juin est décidé.

En même temps qu'à l'Assemblée, la Fayette écrivait au roi.

Nous citerons cette lettre en entier. C'est le pendant de la lettre de Roland.

Les deux hommes ne sont que les secrétaires des deux principes.

La Révolution a dicté l'une; la réaction a dicté l'autre.

<< Sire,

» J'ai l'honneur d'envoyer à Votre Majesté la copie d'une lettre à l'Assemblée nationale, où elle retrouvera l'expres

sion des sentiments qui ont animé ma vie entière. Le roi sait avec quelle ardeur, avec quelle constance, j'ai de tout temps été dévoué à la cause de la liberté, aux principes sacrés de l'humanité, de l'égalité, de la justice. Il sait que toujours je fus l'adversaire des factions, l'ennemi de la licence, et que jamais aucune puissance, que je pensais être illégitime, ne fut reconnue par moi; il connaît mon dévouement à son autorité constitutionnelle et mon atta chement à sa personne. Voilà, sire, quelles ont été les bases de ma lettre à l'Assemblée nationale, voilà quelles seront celles de ma conduite envers ma patrie et Votre Majesté, au milieu des orages que tant de combinaisons hostiles ou factieuses attirent à l'envi sur nous.

>> Il ne m'appartient pas, sire, de donner à mes opinions, à mes démarches, une plus haute importance que ne doivent avoir les actes isolés d'un simple citoyen; mais l'expression de mes pensées fut toujours un droit, et, dans cette occasion, elle devient un devoir; et, quoique je l'eusse rempli plus tôt, si ma voix, au lieu de se faire entendre au milieu d'un camp, avait dû partir du fond de la retraite à laquelle les dangers de ma patrie m'ont arraché, je ne pense point qu'aucune fonction publique, aucune considération personnelle me dispense d'exercer ce devoir d'un citoyen, ce droit d'un homme libre.

» Persistez,sire, fort de l'autorité que la volonté nationale vous a déléguée, dans la généreuse résolution de défendre les principes constitutionnels contre tous les ennemis; que cette résolution soutenue par tous les actes de votre vie privée, comme par un exercice ferme et complet du pou

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