صور الصفحة
PDF
النشر الإلكتروني

Un héritier du célèbre imprimeur Roville s'était plu à enrichir la bibliothèque des Jésuites de Lyon, et les livres qui restent de son legs, attestent en ces termes la bienveillante libéralité du donateur :

[blocks in formation]

L'avocat Marc Perachon, venu du Protestantisme au Catholicisme, laissait en mourant un souvenir de son affection pour la Compagnie de Jésus. Les livres achetés avec les fonds provenant de lui, portent les lignes sui

vantes :

MEMORIE SEMPITERNE

VIRI CL. MARCI PERACHON

in Supremo Senatu Causidici, qui post eju-
ratam sincere hæresim in qua natus fuerat, de
religione ac literis bene meritus dum vive-
ret, moriens Bibliothecam Lugd. Coll. SS.
Trin. Soc. JESU annuo censu locupletavit.

Voyez si l'Université, avec tous les moyens dont elle

dispose, a fondé quelque part et maintenu de ses deniers un collége, un observatoire, une bibliothèque, un médailler. Elle ne peut rien de semblable: ce n'est ni dans sa constitution, ni dans ses mœurs, Le professeur qui arrive, qu'a-t-il de commun avec celui qui part? il prend sa place, voilà tout. Mais il ne grossira jamais d'un seul volume une bibliothèque qui n'existe pas et ne saurait exister. C'est l'Arabe au désert, qui dresse sa tente pour quelques jours, et emporte tout avec lui, dès qu'il va plus loin. Ne demandez donc pas à une corporation laïque ces riches et utiles dépôts qui s'accroissaient chaque jour sous la main des Ordres religieux, et servaient merveilleusement au progrès de la science. La ville où j'écris possède un vaste collége, une belle bibliothèque, un observatoire : c'est des Jésuites qu'est venu le collége, l'observatoire; ce sont leurs livres qui forment le fonds de la bibliothèque, avec les volumes apportés des autres maisons religieuses de Lyon, à une époque où nos régénérateurs se souciaient fort peu des livres.

Et pourtant deux écrivains qui occupent un rang dans la littérature, ont mis en commun leur esprit, leur talent pour prouver, entre autres choses, à la France du XIXe siècle, la stérilité des Jésuites. C'est M. Michelet qui s'est chargé de soutenir une thèse si neuve. Après tout ce que nous venons de dire dans ce

chapitre, qui aurait pu devenir bien plus riche, n'estil pas curieux de voir comment un Ordre qui a produit tant d'illustres saints, canonisés par l'Eglise, tant de profonds érudits, tant d'historiens, de poètes, d'orateurs, d'écrivains ascétiques, de missionnaires, est néanmoins un Ordre stérile ? Quel est donc le caractère de la fécondité ?

M. Michelet se donne des libertés de poète. Que fait cet ingénieux écrivain? il appelle à lui l'univers entier, tout le monde chrétien, et c'est là qu'il puise ses richesses. Il lui faut le monde entier pour prouver la stérilité des Jésuites. Voyez-vous bien? voilà un Ordre seul, une fraction de la chrétienté, qui n'aurait pas été aussi féconde que la chrétienté tout entière ! Donc stérilité des Jésuites. « J.es siècles, dit-il, sont responsables comme les hommes. Nous viendrons, nous autres modernes, avec ceux du moyen-âge, portant nos œuvres dans les mains (y compris le pamphlet actuel), et présentant nos grands ouvriers. Nous montrerons Leibnitz et Kant, et lui saint Thomas; nous Ampère ou Lavoisier, lui Roger Bacon; lui, l'auteur du Dies iræ, du Stabat mater, nous Bethoven et Mozart.

« Oui, ce vieux temps aura de quoi répondre; saint Benoît, saint François, saint Dominique arriveront chargés de grandes œuvres qui, toutes scholastiques

qu'elles peuvent paraître, n'en furent pas moins des œuvres de vie. Les Jésuites qu'apporteront-ils (1)? »

Ainsi, l'Université montrera à Dieu, juge suprême, tout ce qu'il plaît à M. Michelet d'énumérer, même saint François, père des Capucins qui font peur à l'Université avec leurs sandales et leur tête rasée; même saint Dominique, père des Dominicains, ces terribles inquisiteurs que M. Michelet a maudits de toute son ame. Et Dieu acceptera l'inquisition avec ce bûcher de Bruno, ce bûcher qui épouvante le docte professeur. Et ceux qui parlent du bûcher de Giordano Bruno, mettent Lavoisier dans leur inventaire; mais par qui a-t-il été tué, l'infortuné et célèbre chimiste, si ce n'est par une Révolution devant laquelle on ne cesse de brûler de l'encens ? et qu'a-t-il de commun avec l'Université, pour qu'elle l'inscrive au rôle de ses avoirs? où sont les liens de parenté qui la rattachent à Leibnitz? On nous parle du célèbre Ampère; mais Ampère avait la simplicité chrétienne d'un enfant; c'était un protestant (2) qui, à la dernière tournée académique de M. Ampère, était chargé de porter le livre de messe du génie distrait; mais pendant les dernières années de sa vie, M. Ampère se confessa (oui, se confessa) aux

(1) Des Jésuites, page 67.

(2) M. Matter.

Jésuites de Paris, et pour aller à la messe et pour se confesser, M. Ampère n'en avait pas moins de génie.

Et puisque, docile enfant de l'Eglise, on préconise saint François, fondateur d'Ordre, canonisé par elle; saint Dominique, fondateur d'Ordre, canonisé par elle encore, pourquoi ne rien dire de saint Ignace, fondateur d'Ordre, canonisé par elle aussi?

M. Michelet ne goûte nullement la peinture des Jésuites, et il dit que N. Poussin ne l'aimait pas non plus; qu'il n'aimait pas davantage les Jésuites. Il se peut que tels fussent en effet les goûts de N. Poussin, et assurément, s'il est une chose dont on se puisse consoler en ce monde, c'est de n'avoir pas l'affection de tous les hommes, car c'est impossible, et les peintres ont eu maintes fois des amitiés très-excentriques.

Voyez-vous, sous l'influence des Jésuites, dit M. Michelet, cette peinture fardée, vieille coquette et minaudière, qui, à partir de Mignard (1), s'en va toujours pâlissant?

[ocr errors]

(1) Mignard aimait, en effet, les Jésuites, et ils peuvent s'honorer de cette amitié, comme de tant d'autres.

« Le P. de Vallois, jésuite, célèbre Directeur, mort confesseur de M. le duc de Bourgogne, était intime ami de Mignard. Il y avait déjà long-temps qu'il souhaitait avec passion de voir la Chapelle intérieure du noviciat, ornée de quelques tableaux de cette main, dont il ne partait, disait-il, que des miracles de l'art. Mignard, au milieu de toutes les occupations dont il était accablé par l'at

« السابقةمتابعة »