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combat n'offrait pas de danger, mais M. Cuvillier-Fleury n'est pas moins brave lorsqu'il s'agit de s'engager dans des luttes plus périlleuses, et il y apporte un dévouement digne des temps anciens, un désintéressement que le National a célébré en ces termes :

« Nous aimons à citer tous les actes de courage, et lorsque la grandeur d'ame se montre dans un écrivain appartenant à la presse quotidienne, nous ne regardons pas à la couleur de son drapeau; nous sommes fiers de sa gloire et de l'honneur qui en revient au nom français. Hier, le Constitutionnel attribuait à M. Cuviller-Fleury les articles du Journal des Débats relatifs à l'affaire Lecomte. La réponse ne s'est pas fait attendre, et cette réponse atteste autant d'audace que de noble orgueil :

« Si le Constitutionnel a voulu faire une dénoncia» tion ou une menace, M. Cuvillier-Fleury s'empresse ⚫ de revendiquer la part sérieuse qu'il a prise, dès le » début, à notre polémique sur l'attentat du 16 avril, » et il ne craint pas de l'avouer hautement. »

« On est forcé d'admirer une intrépidité si rare; mais, malgré soi, l'on tremble des périls auxquels s'expose ce hardi et généreux écrivain, périls d'autant plus graves, qu'il sait bien à quoi l'on s'expose en assumant une si terrible responsabilité. S'il ne s'agissait que d'offrir sa tête, ce serait peu; M. Cuvillier-Fleury risque de plus grands sacrifices, et il le sait bien. Il sait qu'avant lui une plume spirituelle et mordante avait jeté tous les poisons de la colomnie contre M. Thiers. La plume est devenue consul-général en Perse. Deux autres journalistes, l'un gentilhomme en ac, l'autre gentilhomme en ide, s'étaient donné aussi carrière sur le

même sujet, et nous nous rappelons avec quelle véhémence ils lançaient l'injure. Le premier acte de M. Thiers, ministre, fut de leur donner de l'argent et une mission selon leurs goûts, et il a dû en décorer au moins un. Ce Scévola de Cuvillier-Fleury connaît ces détails, et il ne craint pas d'avouer hautement la part sérieuse. Il a vu le gouffre ouvert, et il s'y précipite.

<< Que la France jette sur cet héroïsme son noble et mélancolique regard (1)!»

Nous nous arrêtons ici, et s'en est trop déjà. Tous les hommes que la presse vient de nommer et de peindre avec de telles couleurs, ont plus ou moins accusé les Jésuites, ne voyant chez eux qu'intrigue perpétuelle, ambition sans repos, doctrines perverses. Or maintenant, qu'on prenne la peine de voir ce que le journalisme français révèle de temps à autre sur le profond désintéressement, l'innocence politique de ces bruyants Catons, et l'on nous dira ce qu'il faut penser des jugements pro. noncés par de tels censeurs. Il nous eût été facile d'augmenter la série des noms, d'accroître la somme des récriminations de la presse française; mais peut-être que ceux-là même qui nous ont fourni des pages si ardentes et si accusatrices, se repentiront de trouver leurs colères dans ce volume, et s'irriteront contre l'auteur. On dira tout ce qu'on voudra: il est résigné à tout, et il se lave les mains de cette longue censure; car ce n'est pas lui qui l'a écrite. Après lui on continuera ce qu'on a fait tant de fois contre les adversaires des Jésuites: on

(1) National, 28 avril 1846.

les représentera comme des intrigants qui s'élèvent par leur souplesse (1), qui se maintiennent par leurs serviles complaisances pour tous les pouvoirs, et se créent un riche patrimoine par le grand nombre de places sur-lesquelles ils se ruent avec une ardeur éhontée. Ce n'est pas ce qui empêchera ces grands citoyens de parler bien haut le langage de la vertu, et d'appeler la proscription sur l'Ordre religieux dont nous avons pris la défense; non! mais, du moins, que les hommes qui aiment et respectent assez l'Eglise, pour être bien persuadés qu'elle ne va pas se complaire à maintenir dans son sein la corruption et l'infamie, apprennent désormais à connaître ces roués de la politique, ces beaux esprits corrompus, ces ambitieux que rien n'arrête quand ils courent à la fortune, toute cette foule inquiète et tumultueuse qui ne peut voir dans des prêtres que la lèpre dont elle-même est rongée.

(1) Journal des Débats, 3 mai 1846. C'est à M. Thiers qu'il parle.

HISTOIRE

DE LA SUPPRESSION

DES JÉSUITES.

CHAPITRE PREMIER.

PORTUGAL.

Etat de la Société de Jésus en Portugal et dans les domaines de la même couronne.- Missions d'Amérique.-Carvalho, marquis de Pombal. -Son portrait, par M. de Saint-Priest.-Ce qu'il était au roi Joseph Ier.- Haine de Pombal contre les Grands et les Jésuites. Affaire des Réductions du Paraguay.-Les Jésuites injustement accusés d'avoir poussé à la rébellion des Indiens. Jugement de l'historien Scholl sur cette affaire. - Jugement de M. d'Orbigny sur les missions des Jésuites.-Réformes de Pombal.-Bref obtenu de Benoit XIV.-Attentat sur la personne de Joseph Ier.-Pombal enveJoppant dans une même catastrophe les d'Aveiro et les Tavora.-Exécution à Lisbonne.-Procès intenté aux Jésuites.-Ils sont bannis du royaume.-Edit de bannissement. Le nonce Acciaĵoli renvoyé de Lisbonne. - Déclaration des rois de Portugal et de Joseph Ier lui-même en faveur des Jésuites.

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