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d'autres gens de cette étoffe, fermèrent la bouche à des hommes probes et timides; ce qui sera toujours dans ces grandes réunions, et causera bien des maux, quand les intérêts agités auront plus d'importance.

Le comité des recherches de la commune se mit en quête de témoignages contre moi. Son acharnement ne se démentit pas; et si je n'ai pas été

» nocence, que le rapport (fait au comité des recherches par » M. Garan-de-Coulon ) n'a pas eu l'influence qu'il devait natu>> rellement avoir.

» Les préventions populaires, au contraire, se sont apaisées. >> Le baron de Besenval n'est plus accusé par l'opinion.

» Tous les citoyens aujourd'hui s'honorent de prendre sa dé>> fense.

» Les libelles même semblent gémir de n'avoir plus de mal à >> lui faire.

>> Mais à quoi faut-il attribuer ce retour presque subit de l'opi»nion à la vérité?

>> Ne nous le dissimulons pas, à la publicité de la procédure. » Le public a entendu la déposition de tous les témoins.

>> Toutes les pièces lui ont été lues.

>> Tous les interrogatoires du baron de Besenval ont été subis >> devant lui.

>> Il connaît maintenant ce procès comme la justice.

» Il est bien impossible qu'il croie le baron de Besenval cou»pable, lorsqu'il est témoin lui-même qu'il est innocent.

>> Ah! rendons bien grâces à l'Assemblée nationale de ce beau >> présent qu'elle a fait à la législation française !

>> Que de reconnaissance lui est due pour ce seul bienfait !

>> Que d'innocens elle a sauvés d'avance par ce magnifique » décret !

» Si la procédure du baron de Besenval eût été secrète, n'en >> doutons pas, ce malheureux accusé serait encore sous le joug >> des inculpations les plus atroces, malgré son innocence même

pendu, je lui dois la justice de dire que les quatre ου cinq avocats qui le composaient, s'en occupèrent avec émulation : c'étaient (si ma mémoire n'a pas rejeté ces noms ) les sieurs Oudart, Agier, Brissot, Garan-de-Coulon, etc., etc. Ils produisirent cent cinquante témoins dont il fallut recueillir les dépositions avant que le tribunal pût siéger.

Enfin les débats commencèrent. Je parus, escorté de la noble clientèle de mes amis qui se placèrent à mes côtés, et qui ne manquèrent pas une seule des séances.

On entendit les témoins. Tout ce qu'ils dirent d'insensé fit pitié. Projets de siége, de massacre, boulets rouges, etc., etc. Toutes ces pauvretés reparurent; et Bourdon lui-même, que j'avais

» démontrée, et les magistrats auraient besoin de courage pour >> être justes envers lui.

>> Mais heureusement ce courage n'est plus nécessaire.

» La loi nouvelle a rendu le ministère des magistrats bien facile. » Elle le leur a rendu même bien glorieux. ·

» L'opinion vient de toutes parts à leur aide.

» Ils n'ont presque qu'à proclamer le jugement qu'elle a déjà » proclamé elle-même. »

Le Mémoire publié par M. Desèze, et dont ce passage est extrait, se lie essentiellement aux souvenirs de la vie et de la justification du baron de Besenval. Nos lecteurs nous sauront gré de leur conserver ce morceau d'un orateur auquel les fonctions de son ministère ont acquis depuis une si noble célébrité. Une cause bien autrement solennelle, bien autrement touchante, devait réclamer bientôt son courage et son éloquence.

(Note des nouv. édit.)

obligé de convenir que ces contes étaient misérables, fut assez vil pour les répéter à l'audience.

Toutes ces comparutions m'importunaient, m'excédaient. Il ne faut qu'un courage ordinaire pour braver d'honorables périls; mais celui qui nous fait supporter de plates adversités, d'abjects ennemis, de fangeux dénonciateurs, des Bourdon, celui-là, sans doute, est plus difficile et plus rare.

C'est en sortant d'une audition de témoins appelés à ma décharge, que j'eus la première attaque d'un mal qui me tuera (1).

Le premier mars 1790, M. Desèze plaida ma cause avec beaucoup d'éloquence, et, le même jour, le tribunal me déchargea d'accusation. Je rentrai dans ma maison où mes amis étaient rassemblés; et comme tout est pour le mieux, je ressentis en ce moment une émotion qu'aucune autre circonstance de ma vie ne m'a fait éprouver.

(1) Voyez, dans la Notice, comment cette prédiction s'est vérifiée. (Note des nouv. édit.)

FIN DU SECOND VOLUME.

ET PIÈCES OFFICIELLES.

Note (A), page 367.

A Paris, le 5 juillet 1789.

Je vous envoie, Monsieur, M. Berthier, officier de l'état-major, pour prendre des renseignemens sur la Bastille, et voir avec vous les précautions qu'il y a à prendre, tant pour le local que pour l'espèce de garnison dont vous pouvez avoir besoin ; ainsi je vous prie de lui donner toutes les connaissances relatives à cet objet. J'ai été tranquille sur les premières inquiétudes que vous m'avez données, parce que j'étais sûr de mon fait ; et vous voyez qu'il ne vous est rien arrivé. L'avenir est différent, et c'est pour cela que je cherche à être instruit du poste.

Réponse.

Le baron DE BESENVAL.

J'AI reçu la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire, et que M. Berthier m'a remise. En conséquence, je lui ai fait voir la place dans le plus grand détail : il est actuellement en état de vous en rendre le compte que vous désirez. J'ai cru, Monsieur le baron, devoir vous faire part mercredi dernier de l'avertissement que j'avais eu la veille, et des précautions que j'avais déjà prises en cas que l'attaque qui m'était annoncée eût eu son effet.

Je suis avec respect,

Monsieur le baron,

A la Bastille, le 6 juillet 1789.

Monsieur le baron de Besenval.

V.....

ÉCLAIRCISSEM. HISTOR. ET PIÈCES OFFIC. 383

OBSERVATIONS

POUR LE BARON DE BESENVAL,

Sur le rapport fait au comité des recherches des représentans de la commune, par M. GARAN-DE-COULON.

UNE grande accusation a été élevée contre le baron de Besenval. La commune de Paris l'a dénoncé aux tribunaux et à l'Europe comme coupable d'être entré dans une conspiration formée contre la liberté du peuple français, celle de l'Assemblée nationale, et contre la ville de Paris en particulier (1).

Le baron de Besenval serait bien coupable, en effet, s'il était entré dans une telle conspiration.

Étranger à la France, mais dévoué à sa défense; dès ses premières années, comblé des bontés du monarque qui la gouverne; appelé par son choix à commander les provinces qui environnent la capitale, il n'y aurait aucune excuse pour lui, s'il eût été capa→ ble de tourner contre la liberté de cette nation généreuse des armes qui ne lui avaient été confiées que pour la garantir de tous les périls.

Mais le moment de discuter cette étonnante accusation comme elle doit l'être n'est pas encore arrivé pour le baron de Besenval. La procédure qui se dirige contre lui continue encore à s'instruire, et l'information est à peine close (2).

Il ne lui convient pas de précipiter la manifestation de son inno

cence.

Ce sera d'ailleurs en présence du tribunal que l'Assemblée na

(1) Page première du rapport.

(2) Au moment où nous écrivions ceci (31 décembre), nous pensions qu'en effet l'information était close, parce qu'on avait annoncé qu'elle devait l'être, et qu'après soixante-huit témoins d'entendus, dont aucun n'avait déposé à la charge du baron de Besenval, il était permis de le croire; mais nous venons d'apprendre que le comité des recherches en annonce encore.....

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