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des femmes comme s'ils eussent été séculiers et à faire leur testament en faveur des enfants nés de ce commerce sacrilége. Il y eut même quelques évêques tellement éhontés qu'ils gardèrent leurs femmes dans leur propre maison. Ce fut surtout à Rome que cet exécrable et scandaleux usage s'enracina. Ainsi, après que quelquesuns eurent seulement de nom occupé le siége pontifical, Benoit lui aussi, tel par son nom et non point par ses euvres (1), Benoit donc, fils d'un certain Alberic, sénateur, marchant sur les traces de Simon le magicien plutôt que de Simon Pierre, parvint au sacerdoce suprême au moyen de sommes considérables que son père fit distribuer parmi le peuple. L'horreur qu'elle m'inspire ne me permet pas de raconter quelle fut sa conduite déshonorante lorsqu'il se fut ainsi emparé de la papauté. »

Ce n'est point une allusion que nous faisons aux Cardinaux électeurs et à l'élu de 1769, c'est un témoignage que nous invoquons pour soutenir nos forces et pour prouver que l'Église n'a jamais reculé devant la vérité.

(4) C'est de Benoît IX dont il s'agit dans ce texte de Victor III.

CHAPITRE IV.

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d'Alem

Fortrait de Ganganelli. — Son éloge des Jésuites. Laurent Ricci, Général de la Compagnie, le fait nommer cardinal.-Les Philosophes et les Jansénistes espèrent en lui. L'enthousiasme des Romains. Il court après la popularité. bert et Frédéric II jugent son avénement. La correspondance des ministres espagnols avec M. Azpuru et le chevalier d'Azara, tous deux plénipotentiaires d'Espagne à Rome. Le dernier mot de la diplomatie du dix-huitième siècle..— Le cardinal de Bernis, ambassadeur de France près le Saint-Siége. ----- Pour complaire au Pape, il atermoie avec la question des Jésuites. -Le comte de Kaunitz et le Pape. Défense faite au Général de la Société de Jésus de se présenter devant lui. Clément XIV et les puissances. Sa lettre à Louis XV. Ses motifs d'équité en faveur des Jésuites. - Dépêche de Choiseul au cardinal de Bernis. Bernis, poussé à bout, engage le Pape à promettre par écrit au roi d'Espagne qu'il abolira, dans un temps donné, la Compagnie de Jésus. →→ Ganganelli cherche à éluder ce second engagement. - Roda presse Azara d'agir. Politique des cabinets vis-à-vis du Saint-Siége. — Clément perd à Rome toute popularité. - Les Franciscains Buontempi et Francesco. La chute de Choiseul rend quelque espoir aux Jésuites. Le duc d'Aiguillon et madame du Barry se tournent contre eux. Mort d'Azpuru. — Monino, comte de Florida Blanca, envoyé ambassadeur à Rome. Il intimide, il domine Clément XIV. Leurs entrevues. Marie-Thérèse s'oppose à la destruction de la Compagnie avec tous les électeurs catholiques d'Allemagne. Joseph II la décide à condition qu'on lui laissera la propriété des biens de l'Institut.-Marie-Thérèse se joint à la maison de Bourbon. Procès intentés aux Jésuites de Rome. - Monsignor Alfani, leur juge. succession des Pizani. Le Jésuite et le chevalier de Malte. Le Collége romain condamné. Le séminaire romain mis en suspicion. - Trois cardinaux visiteurs. -Les Jésuites chassés de leurs Colléges. Le cardinal d'York demande au Pape leur Maison de Frascati. Le P. Lecchi et la commission des eaux. - Le pamphlet espagnol et la réponse. Benvenuti exilé de Rome. Le cardinal Malvezzi à Bologne. La correspondance secrète avec le Pape de ce visiteur apostolique des maisons de la Compagnie. — Précautions prises pour tromper le peuple. Aveux de l'archevêque de Bologne. — Le ne fiat tumultus in populo.

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Laurent Ganganelli, né à San-Arcangelo le 31 octobre 1705, était fils d'un médecin de campagne, et fut reçu jeune dans l'Ordre des Conventuels de saint François, connu sous le nom de Cordeliers. Il y passa de longues années dans l'étude et dans l'exercice des vertus sacerdotales. Sa figure n'avait rien de remarquable; elle portait seulement l'empreinte d'une rusticité étran– gère aux belles formes italiennes. Néanmoins il était

ingénieux et aimable, littérateur et artiste; il cachait sous son froc une de ces âmes candides dont on pouvait facilement abuser en lui faisant entrevoir au bout de ses concessions l'avantage de l'Église et le bonheur du monde. Mais un de ces pressentiments qui s'emparent avec tant de vivacité des imaginations romaines l'avait plus d'une fois, dans la solitude du couvent des DouzeApôtres, bercé de l'idée qu'il serait appelé à recommencer l'histoire de Sixte-Quint. Pauvre comme lui, Cordelier comme lui, il s'était imaginé que la tiare devait reposer sur son front. Cette pensée secrète l'avait dirigé dans les principaux actes de sa vie : il essayait de se la dérober à lui-même, et chaque démarche qu'il tentait le ramenait presque à son insu vers ce dernier mobile de ses aspirations. Au temps de la puissance des Jésuites il s'était fait leur ami. En 1743, lorsqu'il professait au collége de Saint-Bonaventure des Franciscains de Rome, on l'entendit, dans une solennité théologique qu'il prési– dait, et qui était dédiée à saint Ignace de Loyola, s'écrier en s'adressant aux Jésuites: « Si j'avais pu croire ou même soupçonner qu'il me fût possible de prendre pour sujet de cette dissertation une branche de la science sacrée qui vous fût inconnue, aussitôt se seraient levés devant moi les hommes illustres de votre Compagnie, dont le nombre et le mérite auraient dissipé tous mes doutes. S'agirait-il en effet de l'interprétation de l'Écriture, ici apparaîtraient les travaux préparatoires de Salmeron, là les commentaires de Cornélius, de Tirinus et des autres. S'agirait-il de l'histoire, je trouverais Bini (1), Labbe, Hardouin, Cossart et le célèbre Sirmond avec leurs doctes enseignements. S'occuperait-on de controverse, ce serait Grégoire de Valentia avec la maturité de ses jugements, Suarez avec l'étendue de son génie, Vasquez

(1) Bini n'a jamais appartenu à la Société de Jésus. Il était chanoine.

avec l'âpre pénétration de son esprit, et cent autres. Enfin qu'il s'agisse de lutter corps à corps avec les ennemis de la Foi et de venger les droits de l'Église, pourrais-je négliger la vigoureuse argumentation de Bellarmin? Si je veux aller au combat muni d'armes de toute espèce et me promettre une victoire assurée, oublierai-je les livres d'or de Denis Petau, glorieux rempart élevé pour la défense des dogmes catholiques? De quelque côté que je tourne les yeux, quelque genre de connaissance que je parcoure, je vois des Pères de votre Compagnie qui s'y sont rendus célèbres. »

Tel était le jugement que Ganganelli portait des Jésuites. En 1759, Clément XIII, à la recommandation de Laurent Ricci, Général de la Compagnie, songea à le décorer de la pourpre romaine. Ce fut le P. Andréucci qu'on chargea des informations d'usage. Ce Jésuite les fit si favorables que le Pape n'hésita plus, et que le Cordelier se vit cardinal par le crédit de l'Institut. A Lisbonne, les enfants de Loyola avaient fait nommer Pombal ministre; à Madrid, ils furent les protecteurs de don Manuel de Roda et du cardinal de Solis; à Rome, ils mettaient Ganganelli sur le chemin de la papauté. Dans un autre temps et avec des esprits moins ardents pour les nouveautés sociales dont personne ne prévoyait les douloureuses conséquences, Ganganelli eût fait bénir son nom; il aurait passé sur le trône pontifical en honorant l'humanité et en faisant aimer l'autorité apostolique. Mais ce caractère, dont la franchise expansive savait avec tant d'art se servir de la dissimulation comme d'un bouclier impénétrable, n'était pas de trempe à défier les passions. Arrivé au faîte des grandeurs, Ganganelli prétendait régner pour la satisfaction de ses songes intimes. Si l'orage qu'il avait cru calmer en temporisant ne l'eût pas poussé au-delà de ses vœux et de ses prévisions, il n'aurait laissé dans les annales de l'Église qu'une mé

moire dont les partis opposés ne se seraient jamais disputé la glorification ou le blâme. Il n'en fut pas ainsi. Clément XIV avait consenti à faire tout ce que l'opinion dominante et les colères des princes de la maison de Bourbon exigeaient pour rendre à l'Église une paix alors impossible. Il entra dans cette voie, que son élection ouvrait; il la parcourut jusqu'au bout plutôt en victime qu'en sacrificateur.

Les premiers jours de son exaltation furent consacrés aux fêtes et aux embrassements. Le peuple, qui se passionne toujours pour un nouveau Pape, se prit à célébrer celui que le Conclave venait d'élire. Les conditions débattues et acceptées restaient un mystère. Quelques esprits prévoyants pressentaient bien que tout n'avait pas dû se passer selon les règles; mais contenus par le respect et par la crainte d'alarmer sans preuves irrécusables la conscience publique, ils se taisaient. Dans ce Pontife, enfant du peuple comme eux, les Romains aimaient à retrouver leur enjouement et leur finesse (1). Ils le saluaient de leurs cris de bonheur. Partout où il apparaissait dans son carrosse d'or et de velours, sa bénédiction ne tombait que sur des têtes pieusement inclinées. L'affection remplaçait le respect. On le croyait clément de fait comme de nom; chacun se fatigua à le présenter comme l'idéal de ses rêves. On lui fit subir la tyrannie de la popularité; les ambassadeurs se plaisaient à organiser, à soudoyer les applaudissements de la foule pour lui per

(4) On cite encore de lui un jeu de mots qui fit rire tous les Romains, bons appréciateurs de ce genre d'esprit. En allant en grande pompe prendre possession de la basilique de Saint-Jean-de-Latran, Clément XIV tomba de la mule qu'il montait, et il tomba en descendant une rue, voisine du Capitole. C'était de fâcheux augure pour l'avenir du pontificat. Les cardinaux et les princes qui l'entouraient s'approchent pour le rassurer et pour savoir s'il ne s'est point blessé. Le Pape répondit en souriant: Non abbiamo contusione, ma confusione, »

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