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une couronne de laurier sur ses longs cheveux només d'un cordon d'or, et le bruit de ses flèches agitées dans son carquois, retentit sur ses épaules. La démarche d'Enée n'est pas moins noble que celle d'Apollon, tant on voit briller de graces et de dignité dans toute sa personne.

Dès qu'on fut arrivé sur les hauteurs, et qu'on eut pénétré dans les inaccessibles retraites des bêtes sauvages, aussitôt les chevreuils délogés de leurs forts, se précipitent du haut des roches dans les vallées. D'autre part, des cerfs traversent les campagnes découvertes, et s'attroupant dans leur fuite, ils exgitent des tourbillons de poussière, et abandonnent les montagnes. Le jeune Ascagne se plaît à montrer dans les vallons la vitesse de son cheval; et courant à toute bride, il devance tantôt les uns et tantôt les autres. Il voudrait qu'un sanglier furieux vint s'offrir parmi ces faibles animaux, ou qu'un lion rugissant descendît de la montagne.

Cependant un grand bruit qui commence à gronder dans les airs, est bientôt suivi d'un orage et d'une pluie mêlée de grêle. Les Tyriens qui suivent la Reine, se dispersent; la jeunesse Troyenne et le petit-fils de Vénus courent, pleins de frayeur, chercher dans les champs divers asiles. Des torrens se précipitent du haut des montagnes. Didon et le Chef des Troyens se retirent dans une même grotte. Aussitôt la Terre, et Junon qui préside au mariage, donnent le signal; le Ciel, témoin de leur hymen, l'éclaire de ses feux terribles, et les Nymphes font rètentir de leurs hurlemens le sommet de la montagne. Ce jour fatal fut la source et la première cause des malheurs et de la mort de Didon. En effet, elle n'est plus touchée des bienséances ni du soin de son honneur: ce n'est plus un amour secret qu'elle se propose de cacher; c'est pour elle un véritable hymen, et ce beau nom sert de prétexte à sa faiblesse.

(2) Primusque malorum causa.... Homère appelle de même les vaisseaux de Pâris α. να ας ἀρχεκάκους, Ili.. 63.

Extemplo Libyæ magnas it Fama per urbes; Fama, malum quo non aliud velocius ullum: 175 Mobilitate viget, viresque acquirit eundo;

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(1) Parva metu primò; mox sese attollit in auras
Ingrediturque solo, et caput inter nubila condit.
Illam Terra parens, (2) irâ irritata Deorum,
Extremam (ut perhibent) Cao Enceladoque so-

rorem

180 Progenuit, pedibus celerem et pernicibus alis : Monstrum horrendum, ingens; cui quot sunt cor pore plume,

Tot vigiles oculi subter (mirabile dictu),

Tot linguæ, totidem ora sonant, tot subrigit

aures..

Nocte volat cœli medio terræque per umbram 185 Stridens, nec dulci declinat lumina somno:

Luce sedet custos, aut summi culmine tecti, Turribus aut altis, et magnas territat urbes:. Tam ficti pravique tenax, quàm nuntia veri. Hæc tum multiplici populos sermone replebat 190 Gaudens, et pariter facta atque infecta canebat:: Venisse Enean Trojano à sanguine cretum, Cui se pulchra viro dignetur jungere Dido : Nunc hiemem inter se luxu, quàm longa, fœ

vére,

Regnorum immemores, turpique cupidine captos. 195 Hæc passim Dea (3) foeda virum diffundit in ora.. Protinus ad regem cursus detorquet Iarbam,

(1) Parva metu primò. Ce que Virgile dit ici de la Renommée, Homère le dit de la Discorde, Ili. . 442. (a) Irâ irritata Deorum. Les Dieuxavaient foudroyé

A l'instant la Renommée va porter cette nouvelle dans les grandes villes de la Libye. La Renommée est de tous les monstres le plus léger. Elle s'accroît dans l'agitation même, et acquiert dans sa course de nouvelles forces. D'abord elle est faible et timide mais bientôt elle s'élève dans les airs; et tandis que ses pieds marchent sur la terre, elle cache sa tête dans les nues. C'est, dit-on, la dernière sœur des géans Cée et Encelade. La Terre, irritée de la vengeance des Dieux sur ses fils, l'enfanta dans sa cofère, et lui donna la légéreté des pieds et la rapidité du vol. Ce monstre horrible, d'une grandeur énorme, par un prodige étonnant, cache scus chacune des plumes dont son corps est couvert, autant d'yeux roujours ouverts, autant de bouches et de langues toujours en mouvement, autant d'oreilles toujours attentives. La nuit elle vole en sifflant dans les ombres à une égale distance du ciel et de la terre, sans jamais goûter les douceurs du sommeil. Le jour elle est en sentinelle sur la cime d'un toit élevé, ou au haut d'une tour, et de-là elle effraie les plus grandes villes; aussi attentive à semer le faux et le mal, qu'à publier le vrai. Elle se plaisait donc alors à répandre cent bruits divers chez les peuples, et leur annonçait également ce qui était et ce qui n'était pas qu'Enée, issu du sang Troyen, était arrivé à Carthage; que la belle Didon avait daigné le choisir pour époux, et que tous deux passaient l'hiver entrer dans les plaisirs oubliant le soin de leur Empire, et se livrant sans réserve à une passion hon

teuse.

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Dès que cette cruelle Déesse eut versé ces bruits dans la bouche des peuples, elle dirige son vol chez le Roi larbas, et par ses discours elle allume la ja

Cée, Encelade, et les autres Titans, enfans de la Terre. La Terre, pour se venger, fit paraître la Renommée, qui publia les crimes des Dieux.

(3) Foda. Cruelle. Voyez En. II,

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Incenditque animum dictis, atque aggerat iràs.
Hic(1) Ammone satus, raptâ Garamantide Nymphá,
Templa Jovi centum latis immania regnis,

200 Centum aras posuit; vigilemque sacraverat ignem,
Excubias Divam æternas, pecudumque cruore
Pingue solum, et variis florentia limina sertis.
Isque amens animi, et rumore accensus amaro,
Dicitur ante aras, media inter numina Divům,
205 Multa Jovem manibus supplex orasse supinis :
Jupiter omnipotens, cui nunc (2) Maurusia pictís
Gens epulata toris Lenæum libat honorem,

Adspicis hæc an te, genitor, cùm fulmina torques,
Nequidquam horremus? cacique in nubibus ignes
210 Terrificant animos, et inania murmura miscent!
Femina, quæ nostris errans in finibus urbem
Exiguam pretio posuit, cui littus arandum,
Cuique loci leges dedimus, connubia nostra
Repulit, ac dominum Ænean in regna recepit.
215 Et nunc ille Paris cum semiviro comitatu,

(3) Mæoniâ mentum mitrâ, crinemque madentem

(1) Ammone. Il y avait dans les déserts de la Lib qui sont à l'occident de l'Egypte, un fameux temple de Jupiter surnommé Ammon, parce qu'on n'arrivait qu'à travers des sables arides dans le lieu frais et planté de palmiers, où le temple était bâti. Ce Dieu y était représenté sous la forme d'un belier, ou seulement avec ne tête et des cornes de belier. La Nymphe Garamantis s'appelait ainsi, ou parce qu'elle était du pays des Garamantes, peuples qui habitaient l'intérieur de la Libye, ou parce qu'elle descendait de Garamante, fils d'Apollon.

(2) Maurusia.... gens. Les Maures ou Maurusiens occupaient la pointe occidentale de l'Afrique, qui

lousie de ce Prince, et met le comble à ses ressentimens. Iarbas, fils de Jupiter Ammon et de la Nymphe Garamantis, avait dans ses vastes Royaumes bâti cent temples superbes, et dressé cent autels à son père. Le feu sacré brûlait jour et nuit dans ces temples en l'honneur des Dieux. La terre était inondée du sang des victimes, et les portes ornées de guirlandes et de festons. Ce Roi, furieux et transporté d'une nouvelle qui aigrit sa douleur, alla, dit-on, au pied des autels, et là, en présence de ses Dieux, les mains levées vers le ciel, il adressa ces plaintes amères à Jupiter: << Dieu tout-puissant, dont le culte est maintenant » établi parmi les Maures, et à qui cette nation, pla-. » cée à table sur des lits brodés, fait des libations de

vin dans ses banquets, voyez-vous ce qui se passe >>ici-bas? Ou bien, mon père, est-ce sans raison que >nous tremblons lorsque vous lancez la foudre ? et >>ces feux qui, renfermés dans les rues, effraient les > mortels, ne produisent-ils qu'un vain bruit? Une » femme errante sur les frontières de mes Etats, y >> achète un terrain, où elle bâtit une petite ville: elle >>tient de moi la partie du rivage qui fait son territoire, et le possède aux conditions que je lui prescris. Cependant, rejetant avec mépris la main que »je lui offre, elle reçoit Enée dans son Royaume >pour maître et pour époux: et maintenant Go out

veau Pâris, avec sa suite efféminée, la tête ceinte » d'une mitre, et les cheveux parfumés d'essence,

s'étend depuis la Numidie jusqu'à l'Océan, où sont aujourd'hui les royaumes de Fez et de Maroc. Adspicis hæc Voyez Ili. n. 446.

(3) Mooniâ...mitrâ. La Méonie ou Lydie touchait a la Phrygie. La mitre Méonienne ou Phrygienne était un bonnet fort élevé et aboutissant en cone, d'où pendaient des rubans qui se nouaient sous le menton. Et habent redimicula mitræ En. IX, 619. On sait que les Anciens parfumaient leurs cheveux avec des essences. Voyez la peinture qu'Homère fait de Pâris, Ili. y. 390.

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