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qu'un feul en lui. L'expérience qu'il préféroit, pouvoit toujours décider plufieurs queftions, & fervir à plufieurs ufages. Son travail ne fut jamais fans falaire , parce qu'il n'opéra jamais fans deffem; il eût peutêtre moins fait avec plus de fortune, parce qu'en prodiguant les dépenfes, il auroit plus attendu du hafard, & moins obtenu de fon

talent.

>> Pour fon temps, il n'étoit point à lui; il appartenoit au Maître chez lequel il demeuroit, & M. Schéele étoit incapable de manquer à fes engagemens; mais fon génie n'étoit à perfonne, & fon activité le menoit à tout. A côté de l'appareil néceffaire pour l'opération pharmaceutique qu'il dirigeoit, il en plaçoit un autre, qu'il conduifoit en même temps, & qui fervoit à fes recherches. Quelquefois le même feu, dirigé avec intelligence, les animoit tous deux. D'une part, fidèle à fon devoir, il exécutoit des procédés groffiers, &, pour ainfi dire, mécaniques; de l'autre, entraîné par fon penchant, il analyfoit les corps les plus réfractaires, & il s'élevoit aux plus hautes conceptions. Ici, feulement Imitateur ou Artifan; là, grand Obfervateur, Inventeur-même, & par-tout exact & rigoureux; il donnoit le même temps & le même foin à la potion qu'il préparoit pour un malade, & à la découverte qui devoit l'immortalifer. Mélange fublime de bonheur & d'infortune, de grandeur & de fumpli

cité, de favoir & de modeftie ! Qui pourroit dire s'il falloit plaindre ou envier fon fort «<?

Je ne puis me refuser à rapporter encore le parallèle de Bergman & de Schéele. Il me femble qu'il foutiendroit la comparaison avec plufieurs morceaux de Fontenelle, qui excelloit fur-tout dans ces morceaux.

» Nos regrets s'accroîtront encore, finous comparons leurs diverfes qualités entre elles. L'un, formé par l'étude des Sciences exactes, & févère dans le choix des preuves, appliqua le calcul aux détails, & traita les grands fujets avec autant de méthode que d'élévation; l'autre, abandonné aux feules impulfions de la Nature, entraîna par la conviction des faits qu'il accumula fans défordre, & qu'il rapprocha fans les enchaî ner: le premier vous conduit à la vérité par la voie de la démonftration, & vous la découvrez avec lui; avec le fecond, c'eft elle qui fe montre à vous, & qui femble vous chercher., M. Bergman vivant au sein d'une Académie célèbre, entouré de Difciples, & toujours en commerce avec les Savans, avoit acquis cette étendue de connoiffances & cette fûreté de goût que donnent une Société choifie & des relations nombreuses: M. Schéele travaillant feul, dominé par la vigueur, j'ai prefque dit par la rudeffe de fon talent, n'avoit point appris à fe défier de fes propres forces, qui le portèrent souvent au delà du but. M. Bergman étoit

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peut-être plus loin de l'erreur, & M. Schéele plus près des vérités nouvelles. Divifés, ils auroient peut-être eu chacun quelque fouhait à former; réunis, ils poffédoient tout, génie, favoir, méthode, élégance, & clarté. Que n'en ont-ils joui plus long-temps « !

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Il ne nous eft plus poffible de nous arrêter fur l'Eloge de M. Watelet, qui termine ce Recueil. On fera étonné de trouver cer Eloge avec ceux dont nous venons de par→ ler; aufli l'Auteur commence-t-il par expliquer cette fingularité. Cet Eloge a été trèsbien apprécié dans un autre Journal, où l'on en a détaché avec goût plufieurs morceaux qui prouvent que M. Vicq-d'Azyr eft propre à louer tous les genres de talens. Nous oferons exprimer ici une autre forte de regrets, celui de ne pouvoir mêler aux juftes louanges de M. Vicq-d'Azyr, nos fentimens particuliers pour un homme dont nous avons éprouvé les bontés, comme les qualités aimables que fes talens & fon goût rendoient précieux aux Arts & aux Lettres, & qui a été un modèle de l'honnêteté & de l'urbanité qui devroient toujours diftinguer ceux dont elles font la gloire & le bonheur.

(Cet Article eft de M. de la Cretelle.)

SPECTACLE S.

ACADÉMIE ROYALE DE MUSIQUE.

LE Mardi 16 de ce mois, on a repris l'Opéra de Pénélope avec des changemens. M. Marmontel, éclairé par les confeils du Public, ou plutôt par l'effet théatral, qui lui a fait voir, comme à tout le monde, quelques vices de conftruction qui s'oppofoient à l'intérêt général, eft revena fur fon premier plan, d'une manière très-heureufe. Il a fenti que les Rois, amans de Pénélope, raffemblés autour d'une table, & fe livrant à la joie d'un feftin, n'offroient pas une idée très noble; & il a fupprimé ce banquet. C'eft un Divertiffement chanté & dansé qui le remplace aujourd'hui.

Dans la première édition, Télémaque étoit menacé, pendant tout le premier Acte, d'être la victime d'un complot formé par les pourfuivans; & ce complot ne s'effectuoit pas, quoique ni lui ni fa mère ne cherchafTent à le détourner par aucune précaution. On fe plaignoit aufli de ce que ce jeune Prince, en âge de porter les armes, ne faifoit aucun effort pour délivrer fon pays de l'oppreffion. Ces défauts ont difpary au moyen d'une idée très-dramatique. Au lieu de la Scène de Laërte qui ralentiffoit & re

froidiffoit l'action, la Reine ouvre le fecond Acte en venant confier fon fils aux Pasteurs qui habitent l'un des rivages de fon Ifle. Télémaque les invite à prendre les armes, & le ferment qu'ils lui font de le défendre, de lui obéir, de le fuivre partout, produit une fcène remplie, pour les paroles & pour la mufique, de chaleur & de mouvement. Peut être feroit-il à défirer que l'on fupprimât, ou que l'on raccourcît au moins de beaucoup, l'air que chante Pénélope. C'eft Télémaque, & non pas elle, qui anime la fcène en ce moment : & ce qui semble juftifier l'inutilité de ce morceau, c'eft que le Muficien, moins excité fans doute par la fituation, paroit n'y avoir pas mis autant d'intérêt que dans les autres.

■ M. Marmontel a auffi changé le dénouement. il n'y a plus de pompe fanèbre: Ulyffe demande des armes à fon fils, & dès qu'il des a, il fe découvre à Pénélope, & tombe fur les pourfuivans dont il revient vainqueur. Minerve, environnée des Arts, defcend, & lui annonce la gloire d'Ithaque. Un grand Ballet termine cet Opéra.

On trouve encore trop prolongée la belle fcène entre Ulyffe & Pénélope, où ce Prince met à une douloureufe épreuve tous les fentimens de cette tendre époufe. Il nous femble qu'il feroit très facile d'y remédier. Télémaque eft inutile fur la scène : s'il y eft, les armes qu'Ulyffe attend font prêtés, il n'a donc plus d'intérêt à gagner du temps.

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