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Centurion, qui, n'ayant pu la féduire, ofa lui faire violence. Sa brutalité affouvie, il lui offrit la liberté, moyennant une fomme dont ils convinrent; deux Princes Galates, parens de la Reine, apportèrent la fomme, & le Centurion conduilit lui-même Chiomar au lieu où il devoit la remettre aux Galates. Pendant que l'on compte & que l'on pèse l'argent, la Reine raconte à fes parens, dans la Langue de fon pays, pour n'être pas entendue du Centurion, l'outrage qu'elle a reçu de lui, leur en demande vengeance, & les prie de faifar cette occafion; ils fondent à l'inftant fur le Centurion, & lui abattent la tête, elle l'emporte, & en paroiffant devant fon mari, elle la jeute à fes pieds:

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Voilà, lai dit-elle, la tête de l'infame → adultère qui a ravi mon honneur & le » vôtre........ Je reviens vous rendre mon » cœur & ma fidélité venée dans le fang du criminel. Que Rome célèbre fa Lucrèce, ajoute M. l'Abbé André, les Boiens feront encore plus en droit de vanter leur Chiomare «<,

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Contentons-nous d'exalrer Chiomare fans rabaiffer Lucrèce, fans prenoncer fur le parallèle, & fans donner de préférence. Ces deux femmes ont Pune & lautre de grands droits à nos refpects. Les objections qu'on a voulu faire après, comp contre Lucrèce fuppofent, à ce qu'il nous femble, des principes qui n'étoient n de fon temps ni de fon pays,& fur lefquels il feroit injufte

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de la juger; le fameux dilemme: Si adultera, cur laudata? fi pudica, cur occifa? malgré l'autorité fi refpectable de fon Auteur, n'eft peut-être pas fans réplique. Pour bien juger d'un fait, il faut le prendre avec toutes fes circonstances, & n'en mettre aucune à l'écart. Le jeune Tarquin avoit menacé Lucrèce de déshonorer à jamais la mémoire, en la malfacrant, & en malfacrant à fes côtés un efclave qu'on auroit cru avoir été fur-pris en adultère avec elle. Dans les Répu bliques vertueufes, on tient à la renommée & à l'eftime de la Poftérité, & ce fentiment même eft une fource de vertus. D'ailleurs il falloit prévenir tant de crimes. Elle fut donc, fi l'on veut, de fait adultera; & ce pendant, c'est à bon droit qu'elle eft laudata. Elle fut pudica, & il ne faut pourtant point demander cur occifa? car il appartenoit à ces mêmes mœurs vertueuses & Romaines de ne pouvoir plus fupporter la vie après une pareille injure, de ne pouvoir plus foutenir les regards d'un mari outrage, ni continuer de vivre dans un hymen fouillé. Il étoit réfervé à des principes plus purs, à une morale plus parfaite, inconnue alors, de profcrite, même en ce cas, le fuicide & d'infpirer le courage de vivre. Mais s'il falloit abfolument comparer les deux fem<mes & les deux actions dont il s'agit, celle qui, fans s'immoler elle-même, tue ou fair tuer le coupable, en violant la foi d'un traité, & continue d'habiter avec fon mari, ne me paroît pas la plus admirable.

L'Auteur cite encore un autre traiz à peu près du même genre, & où les deux actions précédentes femblent réunies; c'est celui de Camma, qui s'empoisonne pour empoisonner en même temps le meurtrier de fon mari. On fait que cette Hiftoire a fourni à Thomas Corneille le fujet d'une de fes Tragédies, qui eut dans le temps quelque fuecès. Ces Héroïnes Idolâtres, ajoute "M. l'Abbé André, ne pourroient-elles pas » fervir de modèles à beaucoup de femmes » Chrétiennes "<?

SPECTACLES.

DEPUIS

EPUIS environ fix femaines, les nouveautés qui ont été représentées aux Théatres François & Italien ont eu, pour la plupart, un très-malheureux fort. Nous avons déjà prévenu plufieurs fois nos Lecteurs que nous garderions le filence fur les Ouvrages que leur peu d'importance & la foibleffe de leur fuccès rendroient indignes de l'attention publique. Quelques repréfentations que certains Particuliers nous aient faites à cet égard, nous ne renoncerons pas au parti que nous Vavons pris. Il est très-décidément inutile d'occuper par l'analyse des Productions qui

ne valent pas la peine d'être critiquées, des pages qui peuvent être employées d'une manière plus intéreffante: d'ailleurs le réfumé que nous donnons à la fin de chaque année dramatique, préfente une notice fuf fifante de chacune des Pièces dont on a cru ne pas devoir parler particulièrement, & par ce moyen tous nos engagemens se trouvent remplis. Cette réfolution a été approuvée par un affez grand nombre d'Abonnés, pour que nous nous perfuadions qu'elle eft raifonnable, & pour que nous y tenions irrévocablement.

COMÉDIE FRANÇOISE.

LE Prix Académique, Comédie en un Acte & en vers, repréfentée avec fuccès à ce Théatre à la fin d'Août dernier, n'eft pas un Ouvrage que nous voulions confon dre avec ceux qu'il faut rejeter dans la foule; mais comme il a quelque reflemblance avec le Concours Académique, Comédie en cinq Actes & en vers, par M. le Chevalier de Cubieres, nous nous propofons de faire inceffamment le rapproche ment de ces deux Quvrages fous les yeux de nos Lecteurs: ce rapprochement pourra faire connoitre jufqu'à quel point font fondées les réclamations que M. de Cubieres a confignées dans le Journal de Paris, fur le Prix Académique.

Le Lundi 8 Octobre, on a repréfenté pour la première fois Augufta, Tragédie en cinq Actes, par M. F. d Egl...

Augufta, avant d'être admife au nombre des Veftales, a contracté un mariage clandeftin, dont elle a eu un fils nommé Agathocle, qui a été envoyé en Grèce à l'école de Socrate. Après la mort du Philofophe Grec, le jeune homme revient dans fa ville natale, où il a des entretiens fecrets avec fa mère dans le temple de Vefta. Le Conful Domitius, amoureux d'Augufta, croit voir un rival dans Agathocle, & l'accufe de profanation. C'eft avec une grande joie qu'il apprend par quels nœuds il appartient à Augufta; & il espère que pour fauver la vie d'Agathocle, fa mère confentira enfin à l'époufer. Il fe trompe; la mère & le fils s'indignent également des projets de Domitius. L'amour de celui-ci, le tourne en rage; & comme Agathocle, imba des principes de Socrate, éclate contre les Dieux & contre quelquesuns de leurs Miniftres, le Conful parvient aifément à le faire condamner à être précipité du haut de la roche Tarpéenne. Heureufement une Confidente d'Augufta & Veftale auffi, fe préfente au moment où le jeune homme va être précipité; elle ofe du privilége accordé à ces Prêtreffes, elle jure qu'elle fe trouve là par hafard, & elle fauve les jours d'Agathocle. Ce n'eft pas tout, les excès que Domitius s'eft permis,

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