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INDÉPENDANTE,

Ou les différentes CONSTITUTIONS des
treize provinces qui fe font érigées en républiques,
fous le nom d'ÉTATS-UNIS DE L'AMÉRIQUE.

Avec un précis de l'hiftoire de chaque province, &
des remarques fur les CONSTITUTIONS, la
population, les finances & l'état dans lequel les
provinces fe trouvent actuellement.

Par Mr. DÉMEUNIER, avocat & cenfeur royal, auteur
de la partie économie politique de l'Encyclopédie méthodique.

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Chez P. F. DE GOESIN, Imprimeur-Libraire, rue Hauteporte.

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CX

INDÉPENDANTE.

Es treize provinces qui viennent de fecouet le joug de l'Angleterre & de former en Amerique des états libres & indépendans, ont pris le nom d'ETATS-UNIS.

Cet ouvrage eft divifé en fections, favoir:

1o. Un précis de l'hiftoire politique des Etats-Unis jufqu'à l'époque de la révolution. Nous parlerons de la fituation où fe trouvoient les colonies angloifes avant la révolution & de la forme de leurs gouvernemens.

2. Nous indiquerons les caufes & nous ferons l'hiftoire de la révolution.

3°. Nous rapporterons l'acte d'indépendance.

4°. Nous nous permettrons des remarques généra les fur les conftitutions des treize Etats-Unis, & des remarques particulières fur les provinces qui doivent changer leurs conftitutions, ou les revétir de formes plus légales & plus folemnelles.

5o. Nous tranfcrirons l'acte de confédération, fur lequel nous nous permettrons auffi des remarques, & nous dirons tout ce qui a rapport au congrès & aux nouveaux pouvoirs qu'il eft à propos de lui confier.

6. Nous traiterons de la dette & des finances des Etats-Unis.

7. Nous expoferons dans quel état fe trouvent aujourd'hui les nouvelles républiques américaines.

8°. Nous parlerons des abus qu'elles doivent éviter dans la rédaction de leurs codes.

9. De l'affociation des Cincinnati & des dangers de cette inftitution.

10o. De la population des Etats-Unis.

A

11°. Du commerce, de la marine, de l'armée.

12. Des nouveaux états qui fe formeront dans le territoire de l'oueft, & des diftricts qui demandent déjà à être admis à la confédération américaine, ou qui ne tarderont pas à y étre admis.

139. Enfin des traités qu'ont formés les américains avec quelques puiffances de l'Europe, & nous terminerons l'ouvrage par des obfervations politiques & des détails fur les fauvages qui fe trouvent dans le voifinage ou dans l'enceinte des Etats-Unis. Nous avons fait un article particulier fur chacune des treize provinces, & on doit y chercher les détails propres à chacune de ces provinces. Nous avons mis du foin dans la compofition de ces morceaux, & nous avons tâché de fatisfaire à la fois la curiofité des lecteurs indifférens, & de montrer du zèle pour la profpérité de ces intéreffantes républiques.

SECTION PREMIERE.

Precis de l'hiftoire politique des colonies angloifes de l'Amérique feptentrionale, jusqu'à l'époque de la révolution.

Nous rappellons à l'article de chacune des colonies l'époque de fa fondation; nous parlerons des travaux des premiers colons & des obftacles qu'ils eurent à vaincre, des fecours que leur donna la métropole, & enfin de tout ce qui s'eft paffé dans leur gouvernement; nous nous contenterons d'ajouter ici quelques remarques générales.

Les anglois, perfécutés dans leur ifle pour leurs opinions civiles & religieufes, fe refugièrent fur les côtes de l'Amérique feptentrionale. On a obfervé avec jufteffe que cette première émigration ne pouvoit former des colonies bien floriffantes. Les habitans de la Grande-Bretagne aiment à voyager; mais ils font tellement attachés au fol qui les a vu naître, que des guerres civiles ou des révolutions déterminent feules à changer de climat & de patrie ceux d'entr'eux qui ont une propriété, des mœurs ou de l'induftrie; les

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émigrans dont nous parlons ici, étoient accoutumés à un vie douce, à quelque aifance, à beaucoup de commodités; ils auroient eu befoin de l'enthousiasme religieux ou politique pour les foutenir dans les travaux, les mifères, les privations & les calamités inféparables des nouvelles plantations, & le rétabliffement de la tranquillité publique dans la métropole mit des obftacles infurmontables au progrès des cultures en Amérique.

Le gouvernement de la Grande-Bretagne ne cherchoit point alors à fonder des colonies qui lui auroient enlevé un trop grand nombre de citoyens. Il s'occupoit vivement des progrès du commerce; il auroit defiré fans doute d'établir des colonies, & de s'enrichir de leurs productions; mais la population de l'Angleterre, de l'Ecoffe & de l'Irlande n'étoit pas nombreufe, & il renonçoit à ces avantages qu'il falloit acheter par le facrifice d'une multitude de fujets. Il prenoit poffeffion des côtes & de l'intérieur de l'Amérique feptentrionale; il employoit la force pour obtenir cet inutile droit parce que tous les peuples aiment à regner même fur des déferts, parce que la nation angloife fait faire depuis long-temps des calculs profonds fur l'avenir; & qu'enfin les puiffances modernes n'ont fouvent d'autre but, dans leurs opérations politiques, que d'arrêter l'industrie & l'effor de leurs rivales.

Il paroit qu'alors on connoiffoit peu les reffources fans nombre qu'offroit la culture de l'Amérique feptentrionale. Les voyageurs n'avoient pas pénétré fort avant dans l'intérieur des terres; & les Peuples qui avoient les idées les plus faines fur la véritable richeffe des nations, examinoient d'abord fi les contrées nouvelles offroient des mines d'or ou d'argent, & ils les dédaignoient fi elles ne préfentoient pas des indices de ces ftériles métaux. On avoit défriché la plupart des Antilles; mais c'étoit avec les bras des nègres, & on fentoit bien que, pour garder & contenir de malheureux efclaves, il falloit les enfermer dans des ifles. Le continent du nouveau-Monde, dont les hautes forêts annonçoient un fol. fi fertile & une végétation si vigoureufe, ne tentoit point la cupidité:

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