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1771.

Allemagne et Europe septentrionale.

I. Les trois princes électeurs ecclésiastiques de l'Empire, quoique leurs prétentions contre Rome eussent été, par les cours de Vienne et de Versailles, rejetées avec un juste mépris, ne se désistaient cependant point de leur audacieuse entreprise, et cherchaient, par des voies secrètes, à faire entrer les autres princes ecclésiastiques d'Allemagne dans leur complot.

La sagesse du pape avait réussi à retirer momentanément de cette voie malheureuse l'électeur de Trèves par le moyen de son frère, l'électeur de Bavière. Clément XIV avait fait faire à ce dernier des représentations très-vives, les 19 janvier et 14 mars 1771, au sujet des innovations projetées par les trois électeurs ecclésiastiques, en rappelant à son souvenir la piété de ses nobles ancètres, dont la plus grande gloire avait toujours été de protéger et défendre en Allemagne, de concert avec la maison d'Autriche, les droits de l'Église et du saint-siége.

C'était l'électeur de Mayence qui, à cette époque, s'était constitué le chef des novateurs, et, en cette qualité, il avait de nouveau adressé à la cour impériale un autre mémoire contre les usurpations prétendues du saint-siége. A peine Clément XIV en

fut-il informé, qu'il chargea le nonce apostolique de Vienne d'exhorter l'impératrice et son fils à fermer entièrement l'oreille aux prétentions de ce prélat : « Leurs Majestés Impériales,» écrivait au nonce de Vienne, à ce sujet, le 20 juillet 1771, le cardinal secrétaire d'État, « sont tellement remplies de religion, d'équité et d'attachement à la personne du saint-père, que nous ne pouvons croire qu'elles prêtent la main aux idées capricieuses de l'électeur de Mayence, idées qui, bien qu'elles puissent maintenant sembler une modification des premières, ne tendent que trop cependant à détruire la subordination due par les évèques au chef de l'Église, pour accaparer ainsi un plus grand pouvoir, qui impose à la cour impériale elle-même non moins qu'aux autres princes de l'Empire; mais ce qui doit nous importer le plus, c'est que, les esprits turbulents et inquiets étant une fois mis en fermentation par des innovations semblables, la religion ainsi que le service de Dieu en auront beaucoup à souffrir. Sa Majesté Impériale, en sa qualité d'avocat et de premier défenseur de l'Église romaine, ne peut ni ne doit se refuser à l'assister dans cette occurrence, et s'il est en même temps protecteur des églises de l'Empire, il ne l'est que pour garantir les droits légitimes dont elles jouissent actuellement, et non pour usurper ceux du saintsiége: tel est l'esprit des articles 1 et 14 de la capitulation jurée par Sa Majesté Impériale lors de son élection. »>

Le pape s'exprime avec une égale vigueur dans la dépêche suivante, écrite, le 10 août suivant, par le même cardinal secrétaire d'État, au nonce apostolique de Cologne : « Les difficultés soulevées par l'électeur de Mayence, » dit-il, « manifestent de plus en plus le but secret de violer le concordat d'Allemagne; but qui ne procurerait ni honneur ni profit à la nation. Point d'honneur, parce que ce sont les faits seuls, et non des plaintes générales, qui peuvent démontrer cette infraction de notre part, que l'on suppose, et que l'on prétend déduire uniquement de réclamations vagues et non précisées. Il faudrait prouver que de tels faits sont effectivement contraires aux dispositions du concordat, et qu'ils en blessent les parties substantielles. Sans une pareille preuve, et sans les sommations légales, il n'est permis à aucune nation qui observe le droit des gens de rompre un solennel contrat.

<< Cette violation ne serait en outre d'aucune utilité à l'Empire, parce qu'il en naìtrait une grave et inextricable controverse entre les évêques et les chapitres même inférieurs, pour savoir le

quel d'entre eux devrait être le collateur ordinaire des bénéfices dans les mois qui sont actuellement réservés au saint-siége la discipline la plus ancienne de l'Église favoriserait les évèques; la récente coutume, et peut-être le concordat lui-même de Nicolas V, militeraient en faveur des chapitres, auxquels je ne pense pas que les évêques soient facilement disposés à céder. »

L'archevêque électeur de Cologne s'était aussi en quelque sorte rapproché du saint-siége, parce que plusieurs décisions du conseil impérial aulique lui semblaient un peu dures et de nature à entraver sa propre juridiction, notamment au sujet des immunités ecclésiastiques et du placet royal, auquel le même conseil, à l'insu du souverain, avait commencé à soumettre toutes les décisions pontificales. Clément XIV chargea le nonce de Cologne d'encourager l'électeur à persévérer dans cette lutte contre les empiétements ecclésiastiques du pouvoir civil, de prendre des renseignements exacts sur l'origine et la nature de ce placet impérial, et de protester solennellement contre cette prétention audacieuse : « Je vois dans cette entreprise, » écrivait Pallavicini le 6 avril 1771, « directement et indirectement attaqués les principes de l'immunité ecclésiastique dans l'acte lui-même par lequel on veut faire croire que l'on garantit ainsi la liberté de l'Église d'Allemagne. Par cette distinction, qui de nos jours est devenue si à la mode, de trouver des sujets de juridiction séculière dans des choses qui de leur nature sont ecclésiastiques, on en viendra à renverser de fond en comble toute juridiction ecclésiastique. Son Éminence l'électeur de Cologne a déjà plusieurs fois montré son zèle, en soutenant les droits de sa cour contre les tribunaux laïques, et je suis certain que dans l'occasion présente il en donnera de nouvelles preuves encore. Que Votre Éminence, cependant, fasse comprendre à ce prince et à son ministre avec quelle énergie ils doivent s'opposer aux nouveaux principes que le conseiller aulique prétend établir, et combien de conséquences funestes pourraient en découler, soit pour les autres églises d'Allemagne, soit même pour la sienne, si on laissait librement agir le susdit conseiller, sans qu'il vint à rencontrer de la part des personnes ecclésiastiques de justes et légitimes oppositions.

« J'ai encore noté cette autre insinuation particulière que l'on fait à l'électeur dans le même décret au sujet du vidimus des bulles pontificales. Il n'est pas venu à ma connaissance que les empereurs se soient jamais arrogé, par le passé, la faculté d'ap

poser leur placet sur les bulles et les brefs qu'il peut arriver au saint-siége de publier dans les divers États de l'Empire; et je puis croire, ce me semble, que les princes respectifs, qui sont très-jaloux de leurs libertés (et dont quelques-uns même paraissent vouloir s'arroger aussi ce droit de placet), ne seront pas soumis à l'obligation de dépendre du bon plaisir de l'empereur, chaque fois qu'ils trouveront convenable ou utile la promulgation ou la mise à exécution de quelque bulle pontificale.

« Si pourtant la clause annexée au susdit décret avait été une ancienne coutume introduite, et du style de ce tribunal, nous aurions moins de difficultés à la dissimuler et à la laisser passer; mais si ce n'est qu'une invention moderne et une tentative du conseil, ayant pour but de dilater l'exercice de l'autorité du prince, et de restreindre la liberté du saint-siége, ainsi que des églises d'Allemagne, il sera nécessaire, dans ce cas, de prendre les plus exactes informations pour vérifier si et depuis combien de temps ces prétentions ont commencé, comment elles ont été accueillies par les princes, et en particulier par les princes ecclésiastiques de l'Empire, et de quel œil ils les voient présentement s'introduire. »

II. — Clément XIV s'opposa également de la manière la plus énergique à un autre et affreux désordre qui existait alors en Allemagne, et portait à l'Église le plus grand préjudice. Nous voulons parler de la faculté usurpée par plusieurs évêques de posséder à la fois plusieurs diocèses qu'ils faisaient administrer par des vicaires généraux et dont ils percevaient les bénéfices.

L'archevêque de Trèves, pendant le temps de sa résipiscence, pria instamment le pape de donner à l'évêque de Ratisbonne ce qu'on appelait alors un bref d'éligibilité pour la coadjutorerie de Cologne. Clément XIV le refusa nettement, quoique cet évêque fût un des plus dignes prélats de l'Allemagne, et même personnellement aimé et vénéré du pape. Il répondit à la supplique qui lui avait été adressée à ce sujet, qu'il donnerait volontiers à l'évêque de Spire le siége de Cologne, ou tout autre siége vacant; mais jamais deux épiscopats à la fois : « Vous comprendrez aisément, » écrivait le cardinal secrétaire d'État au nonce de Cologne, le 10 août 1771, « par ce que je vous ai dit de la souveraine délicatesse avec laquelle Sa Sainteté considère la matière de la pluralité des évêchés conférés à un seul sujet, qu'elle ne consentira pas aisément ni promptement au projet que lui a soumis monseigneur

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