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Contenus dans ce Volume

DISCOURS fur l'Harmonie. DISCOURS à l'Académie Françoise. EDOUARD III. Tragedie, SIDNEI, Comédie.

LE MÉCHANT, Comédie.

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DISCOURS

SUR

L'HARMONIE.

P

REVENU de tout tems, Meffieurs, contre le ftile du Panégyrique, je ne prêterois point aujourd'hui ma voix à des louanges, fi ce n'etoit en faveur d'un art au-deffus des louanges mêmes: art brillant, art confacré dans tous les âges par l'amour de tous les peuples, art fublime, par qui la terre s'entretint toujours avec les Cieux, & paye encore aux im. mortels le tribut de fes hommages. A ces traits de lumiére, qui peut méconnoître l'Harmonie? Vos goûts réunis pour elle, feront plus ici que ne pourTom. II A

roient faire tous ces menfonges brillans qu'on décore du nom d'éloquence. La réfléxion fuit volontiers la pente où le fentiment l'améne, & toujours l'efprit foufcrît rapidement au mérite de ce que les cœur adore. Je ne viens point prouver que la Mufique doit plaire; c'est une de ces vérités de la nature, dont chacun porte la preuve écrite dans fon ame: je ne viens point expliquer comme elle plaît; c'eft un de ces plaifirs intimes, dont il faut jouir avec tranfport, fans analyfer froidement fes caufes; je veux feulement développer d'abord la dignité de l'Harmonie aux yeux de ceux qui la chériffent par instinct fans avoir réfléchi fur fon prix je veux enfuite démontrer les nombreux avantages de cette Science à ceux qui ne la croyent que riante & frivole, fortifier le goût de fes amateurs, lui réconcilier fes adverfaires, s'il en peut être voilà mon projet. La nobleffe de l'Harmonie, l'utilité de l'Harmonie ; c'eft fous ces deux idées que je vais réunir & ranger tous fes attributs & toutes fes graces. Déclamations emphatiques, mêtaphores empoulées, faftueufes hiperboles difparoiffez, foyez les beautés & les Dieux du Pédan- tifme; la vérité fera ma feule éloquence. Heureux un art dont l'Hiftoire eft l'éloge.

PREMIERE PARTIE.

LA nobleffe des Arts, comme celle de la naissance

me paroît fondée fur trois illuftres prérogatives, l'antiquité de fon origine, fa puiffance marquée, la vénération des Peuples: triple avantage qu'on ne peut contefter à la Musique ; fuivons-en les preuves.

Il régne chés les Hiftoriens des Sciences & des Arts, un défaut qui leur eft commun avec les Hiftoriens des Peuples & des Empires; les uns & les autres, plus épris du merveilleux que du vrai, ont fouvent placé dans la Fable l'origine de ce qu'ils célébroient: tantôt ils ont choifi à la Nation, ou à l'Art qu'ils vantoient, des Dieux pour ayeux ou pour inventeurs: tantôt, dans des ténébres auguftes, ils en ont voilé l'origine; la plútpart n'ont pû souffrir des commencemens fimples & obfcurs, oubliant que les fleuves les plus majestueux dans leurs cours n'ont été d'abord que de foibles ruiffeaux, partis fouvent d'une fource ignorée. Autorifé par ces exemples, je pourrois ou tirer un voile mystérieux fur le berceau de l'Harmonie naiffante, ou lui prêter une defcendence fabuleufe, la faire naître des Dieux dans un Parnaffe chimérique ou dans un Olympe imaginaire: que dis-je ? La Mufique exiftoit beaucoup long-tems avant que ces Dieux, l'ouvrage des hommes, fuffent nés dans la Fable. A ces pompeuses

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fictions, je pourrois joindre les fonges brillans de Pithagore, vanter la magnifique Harmonie des aftres, leur marche mélodieufe, leurs révolutions cadencées, & ce concert fublime que forment tous les Corps céleftes & les Cieux divers; mais des rêveries ne font point mes preuves. Confultons les archives du monde, ces vastes vainqueurs de l'oubli, témoins de tous les tems & contemporains de tous les Arts: Que nous diront-ils ? Que la Mufique compte autant de fiécles de durée que l'Univers même ; ils nous apprendront que l'aimable compagne du premier mortel fut l'inventrice des premiers fons méfurés ; que dés qu'elle eut entendu les gracieux accens des oifeaux, devenue leur rivale, elle effaya fon gofier; que bien-tôt elle y trouva une fléxibilité qu'elle ignoroit, & des graces plus touchantes que celles des oifeaux mêmes; qu'enfin s'appliquant chaque jour à chercher dans fa voix des mouvemens plus légers & des cadences plus tendres, inftruite par les Amours déja nés avec elle, bien-tôt elle fe fit un Art du chant, préfent des Cieux, par lequel après fa difgrace, elle fçut fouvent adoucir & charmer les peines de fon époux exilé du divin Elifée.

Si ce trait peut ne point fuffire, ouvrons les fastes facrés; dès l'entrée des Annales faintes * nous verrons que Jubal, fils de Lamech, fut le pere ou ře * Gen. C. 4. 27.

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