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cette tragédie qui en forment tout le mérite, et qui, sans doute, en ont fait tout le succès.

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On prétend que le véritable auteur de cette pièce est Théophile Viaut; c'est du moins ce qu'assure Desbarreaux, qu'avait connu Théophile. Quoi qu'il en soit, voici ce qu'on trouve dans les écrits du tems: « Ce fut Chapelain qui fut cause que l'on commença de suivre » la règle des vingt-quatre heures dans les pièces de », théâtre. Comme il fallait premièrement le faire agréer » aux comédiens, qui imposaient alors, comme depuis, » la loi aux auteurs; et, sachant que M. le comte de Fiesque, qui avait infiniment d'esprit, avait du crédit auprès d'eux, il le pria de leur en parler. » Il communiqua ensuite ce projet à Mairet, qui fit sa Sophonisbe, première pièce où cette règle soit observée.

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Voltaire prit la peine de refaire cette pièce, et la fit reparaître en 1771. Il a mis plus de décence dans le premier acte, plus de dignité dans les reproches de Syphax, et plus de réserve dans les réponses de Sophonisbe; mais les charmes de son style ne purent rectifier ce premier acte, dont le fond est absolument vicieux. Rien n'est moins tragique que la colère d'un mari contre sa femme, qui écrit à un amant. Il nous semble que Voltaire aurait dû supprimer entièrement ce rôle de Syphax en effet, il ne paraît là que pour s'emporter inutilement contre Sophonisbe, et se faire tuer au second acte. La pièce commencerait alors par des craintes que l'arrivée de Scipion inspire à Massinisse, et l'on pourrait supposer que la conquête de la Numidie est achevée depuis trois mois; que, dans cet intervalle, Massinisse est devenu éperduement épris des charmes de Sophonisbe; ce qui sauverait le ridicule d'un

Sophonisbe. Les deux premières sont des traductions de la tragédie italienne.

SOPHONISBE, tragédie, par Nicolas de Montreux,

1601.

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La seule Sophonisbe qui ait triomphé du tems, est celle de Mairet, dont nous allons parler ci-après, parce qu'il paraît constant que c'est la première tragédie dans laquelle on ait observé les trois unités. Celle de Montreux, qui parut vingt-huit ans auparavant, nombre de ces pièces informes que l'oubli a dévorées. On y trouve néanmoins deux vers qui méritent d'être conservés; les voici. Scipion, apprenant la mort de Sophonisbe, s'écrie:

J'envie à la parjure Afrique

L'honneur d'avoir nourri cet esprit si hautain,
Qui méritait de naître et de mourir romain.

SOPHONISBE, tragédie, par Mairet, 1629.

La Sophonisbe de Mairet nuisit au succès de celle de Corneille. Ce n'est pas qu'elle lui soit supérieure ; mais Mairet a tiré meilleur parti du rôle de Massinisse. Il s'écarte de l'histoire, en ce qu'il fait tuer ce prince à la fin de la pièce sur le corps de Sophonisbe, et qu'il fait périr Syphax au milieu de la bataille qui se livre au second acte. C'était, comme il le dit lui-même, pour éviter la concurrence de deux maris vivans; et, à l'égard de Massinisse, c'était lui faire faire ce qu'il devait avoir fait. Au surplus, les reproches de lubricité que Syphas fait à Sophonisbe, les précautions secrètes qu'elle pren pour le tromper, son mariage impromptu avec nisse, sont autant de fautes contre la décep semblance du sujet, Ce sont les deux

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cette tragédie qui en forment tout le mérite, et qui, sans doute, en ont fait tout le succès.

On prétend que le véritable auteur de cette pièce est Théophile Viaut; c'est du moins ce qu'assure Desbarreaux, qu'avait connu Théophile. Quoi qu'il en soit, voici ce qu'on trouve dans les écrits du tems: « Ce fut Chapelain qui fut cause que l'on commença de suivre la règle des vingt-quatre heures dans les pièces de » théâtre. Comme il fallait premièrement le faire agréer >> aux comédiens, qui imposaient alors, comme depuis, » la loi aux auteurs; et, sachant que M. le comte de Fiesque, qui avait infiniment d'esprit, avait du crédit auprès d'eux, il le pria de leur en parler. » Il communiqua ensuite ce projet à Mairet, qui fit sa Sophonisbe, première pièce où cette règle soit observée.

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Voltaire prit la peine de refaire cette pièce, et la fit reparaître en 1771. Il a mis plus de décence dans le premier acte, plus de dignité dans les reproches de Syphax, et plus de réserve dans les réponses de Sophonisbe; mais les charmes de son style ne purent rectifier ce premier acte, dont le fond est absolument vicieux. Rien n'est moins tragique que la colère d'un mari contre sa femme, qui écrit à un amant. Il nous semble que Voltaire aurait dû supprimer entièrement ce rôle de Syphax en effet, il ne paraît là que pour s'emporter inutilement contre Sophonisbe, et se faire tuer au second acte. La pièce commencerait alors par des craintes que l'arrivée de Scipion inspire à Massinisse, et l'on pourrait supposer achevée depuis Massinisse es

conquête de la Numidie est 3; que, dans cet intervalle, erduement épris des charmes ai auverait le ridicule d'un

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Sophonisbe. Les deux premières sont des traductions de la tragédie italienne.

SOPHONISBE, tragédie, par Nicolas de Montreux,

1601.

La seule Sophonisbe qui ait triomphé du tems, est celle de Mairet, dont nous allons parler ci-après, parce qu'il paraît constant que c'est la première tragédie dans laquelle on ait observé les trois unités. Celle de Montreux, qui parut vingt-huit ans auparavant, est au nombre de ces pièces informes que l'oubli a dévorées. On y trouve néanmoins deux vers qui méritent d'être conservés; les voici. Scipion, apprenant la mort de Sophonisbe, s'écrie :

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J'envie à la parjure Afrique

L'honneur d'avoir nourri cet esprit si hautain,
Qui méritait de naître et de mourir romain.

SOPHONISBE, tragédie, par Mairet, 1629.

La Sophonisbe de Mairet nuisit au succès de celle de Corneille. Ce n'est pas qu'elle lui soit supérieure ; mais Mairet a tiré meilleur parti du rôle de Massinisse. Il s'écarte de l'histoire, en ce qu'il fait tuer ce prince à la fin de la pièce sur le corps de Sophonisbe, et qu'il fait périr Syphax au milieu de la bataille qui se livre au second acte. C'était, comme il le dit lui-même, pour éviter la concurrence de deux maris vivans; et, à l'égard de Massinisse, c'était lui faire faire ce qu'il devait avoir fait. Au surplus, les reproches de lubricité que Syphax fait à Sophonisbe, les précautions secrètes qu'elle prend pour le tromper, son mariage impromptu avec Massinisse, sont autant de fautes contre la décence et la vraisemblance du sujet. Ce sont les deux derniers

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eette tragédie qui en forment tout le mérite, et qui, sans doute, en ont fait tout le succès.

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On prétend que le véritable auteur de cette pièce est Théophile Viaut; c'est du moins ce qu'assure Desbarreaux, qu'avait connu Théophile. Quoi qu'il en soit, voici ce qu'on trouve dans les écrits du tems: « Ce fut Chapelain qui fut cause que l'on commença de suivre » la règle des vingt-quatre heures dans les pièces de » théâtre. Comme il fallait premièrement le faire agréer aux comédiens, qui imposaient alors, comme depuis, » la loi aux auteurs; et, sachant que M. le comte de Fiesque, qui avait infiniment d'esprit, avait du crédit auprès d'eux, il le pria de leur en parler. >> Il communiqua ensuite ce projet à Mairet, qui fit sa Sophonisbe, première pièce où cette règle soit observée.

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Voltaire prit la peine de refaire cette pièce, et la fit reparaître en 1771. Il a mis plus de décence dans le premier acte, plus de dignité dans les reproches de Syphax, et plus de réserve dans les réponses de Sophonisbe; mais les charmes de son style ne purent rectifier ce premier acte, dont le fond est absolument vicieux. Rien n'est moins tragique que la colère d'un mari contre sa femme, qui écrit à un amant. Il nous semble que Voltaire aurait dû supprimer entièrement ce rôle de Syphax en effet, il ne paraît là que pour s'emporter inutilement contre Sophonisbe, et se faire tuer au second acte. La pièce commencerait alors par des craintes que l'arrivée de Scipion inspire à Massinisse, et l'on pourrait supposer achevée depuis Massinisse est

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