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Après avoir conduit, depuis la rupture du congrès de Rastadt jusqu'à l'époque du traité de Lunéville, le récit des nombreux et inutiles combats livrés pendant trois campagnes par les plus puissans souverains de l'Europe, contre les principes de la révolution de France et la nation armée pour leur défense, nous aurions mal rempli notre tâche et l'attente de nos lecteurs, si nous passions subitement à la narration de nouveaux événemens militaires, sans en avoir recherché et développé les causes: elles se trouvent dans les transactions mêmes par lesquelles les souverains, forcés de céder à la tendance générale vers une entière pacification, semaient les germes de nouvelles et plus terribles guerres. On avait déposé les armes; les victoires et les défaites ne servaient plus de base et de régulateur à la politique. On ne parlait que de modération, de sincérité, de conciliation, des intérêts des peuples; l'activité des négociateurs avait remplacé celle des hommes de guerre; leurs

rivalités n'étaient pas moins vives que celle

de ceux-ci, et n'exerçait pas une moindre influence sur le sort des nations: c'était

un autre genre de guerre. Les historiens trouveront aussi dans l'agitation des cabinets, des scènes dramatiques, et des sujets propres à piquer la curiosité; en nous bornant à les indiquer, et en quittant pour quelque temps l'arène sanglante où nous ne serons que trop tôt ramenés par les écarts de l'ambition et le mépris des plus saints traités, nous ne nous départirons pas de l'impartialité dont nous avons fait notre loi et notre guide.

Il était trop vraisemblable que la rupture desarmistices en Allemagne et en Italie, ne servirait qu'à faire éclater aux yeux de l'Europe la supériorité des armes françaises : le premier Consul mit à profit la persévérance impolitique de la cour de Vienne; ses nouveaux avantages lui servirent surtout à la détacher de la Russie. Il s'était appliqué pendant cette courte et brillante campagne, à miner sourdement dans les cours du Nord, l'influence de l'Angleterre; il avait déjà réussi

à

provoquer une vive résistance aux prétentions de cette puissance, à cette espèce de souveraineté des mers qu'elle avait proclamée comme un droit exclusif; mais pour la faire fléchir, c'était trop peu que de lui susciter quelques embarras, des querelles partielles, de vaines menaces; et ce qu'il restait de forces navales à la France et à l'Espagne, ne pouvait agir ensemble et reprendre l'offensive même dans la Méditer ranée, qu'à la faveur d'une puissante diversion. Il fallait décider la Russie à se mettre comme autrefois à la tête de la neutralité armée, pour réclamer l'entière indépen-dance de la navigation européenne; il fallait déterminer le Danemarck et la Suède à employer sans rivalité dans la cause commune de l'indépendance de la navigation européenne, tous leurs moyens pour faire respecter leur pavillon; enfin amener la Prusse à défendre les droits de la neutralité.

Ce vaste plan d'une ligue maritime, le principe juste de la liberté des mers sur le

quel il s'appuyait, rappelaient aux peuples l'exercice du plus important de leurs droits, Il n'était pas une puissance maritime qui n'eût à se plaindre d'insultes graves, de pertes sans dédommagemens. La cour de l'amirauté de Londres jugeait et condamnait les neutres; l'injustice de ses décisions arbitraires aigrissaient de plus en plus les esprits. Bonaparte nourrissait les ressentimens de l'empereur Paul, par les regrets de la perte de l'île de Malte, dont la conquête et la possession était l'objet favori de son ambition,

Un projet si funeste à la prépondérance de l'Angleterre, ne pouvait échapper à l'inquiétude d'une puissance jalouse, avec raison, de sa domination maritime. Elle manifesta ses premières craintes par quelques procédés plus modérés envers les neutres. La convention du 29 août 1800, dont nous avons rendu compte, ne fut de la part du cabinet de Saint-James, qu'une concession propre à éloigner le rapprochement que le premier

Consul cherchait déjà à opérer entre les intérêts des puissances du Nord.

Peu de temps après la conclusion de cette convention, une nouvelle insulte faite au pavillon suédois, fournit à Bonaparte l'occasion de reproduire la question du droit des neutres, d'exciter plus vivement la haine de l'empereur Paul contre les Anglais..

Le 4 septembre 1800, le commandant d'une frégate appartenant à l'escadre qui formait le blocus de Barcelonne, conçut le dessein de s'emparer de deux frégates que le roi d'Espagne faisait équiper dans le port, pour le service du gouvernement batave : le brigantin suédois, le Hoffnung, venant à passer sous le vent de la frégate anglaise, fut arrêté par elle, et contraint de protéger de son pavillon neutre l'agression que méditait le commandant anglais : celui-ci mit à bord du brigantin, des officiers et un grand nombre de matelots, et, couvrant son attaque par le bâtiment suédois et plusieurs chaloupes, l'obligea de s'avancer dans la rade même de Barcelonne jusque sous le canon

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