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contre l'Angleterre qui, à l'époque de la révolution du consulat, était l'écueil le plus dangereux pour le nouveau gouvernement, était devenue, par la force des circonstances, une diversion très-utile pour fixer l'esprit inquiet de l'armée, et le voile le plus commode pour cacher les vues ambitieuses du premier Consul; il s'appliquait à épaissir, par diverses publications, ce voile que les écrivains de l'ancienne coalition s'efforçaient de déchirer. On peut lire dans les feuilles officielles françaises de cette époque, des notes apologétiques sur l'exécution religieuse des traités de Lunéville et de Tolentino; on y trouve aussi des observations très intéressantes sur la situation de la France, et ses rapports avec ses alliés et les autres puissances. Cette espèce de manifeste dirigé contre la politique du ministère anglais, était cependant rempli d'assurances pacifiques, et semblait indiquer des moyens de rapprochement. On s'accordait à en attribuer la rédaction à M. de Talleyrand.

L'Angleterre voyait de toute part s'élever

de nouveaux orages. Pendant que ses nombreuses escadres bloquaient tous les ports depuis le Texel jusqu'au fond du golfe de Venise, et poursuivaient sur les mers les débris de la marine française, les puissances du nord ressentaient les outrages faits à leur pavillon; et le premier Consul, profitant de ces dispositions hostiles, n'avait rien négligé pour préparer et concentrer les élémens d'une ligue maritime.

CHAPITRE IX.

Ligue maritime du Nord. - Introduction.— Nouveaux griefs des puissances contre l'Angleterre.-Anciennes discussions sur la liberté des mers. - Neutralité armée de 1780.-Déclaration de l'empereur Paul Ier. - Accession de la Suède, du Danemarck et de la Prusse. - Déclaration de l'Angleterre. Négociations à Berlin.

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DANS les tableaux si mobiles que nous avons tracés jusqu'ici, des efforts unis ou séparés des diverses puissances contre la France, on a dû reconnaître que le désir sincère de la pacification de l'Europe n'était pas le but de leurs entreprises: plus d'une fois le vœu des peuples avait été trompé par les vues secrètes des différens cabinets; et toutes les combinaisons politiques, loin de tendre vers une paix durable, n'avaient eu d'autre objet que de perpétuer la guerre. On

se flattait que la France finirait par succom ber dans une lutte que l'instabilité de son existence politique avait souvent rendue inégale; et cette opinion, soigneusement entretenue, avait entraîné les puissances continentales au-delà de leurs véritables intérêts. Nous avons fait voir que la victoire de Marengo et les succès de l'armée française du Rhin n'avaient pas dissipé cette illusion, et l'Angleterre ne voyait dans le rétablissement de l'ordre public en France, par l'élévation de Bonaparte, qu'une usurpation de plus et les semences de nouveaux troubles. Nous avons dit aussi comment elle était parvenue, par des négociations évasives, à rompre les premiers rapprochemens entre les cabinets de Paris et de Vienne; et tels furent envers l'Autriche les effets de ses insinuations, qu'il ne fallut rien moins que l'affaiblissement de ses armées et l'épuisement de son trésor, pour lui faire sentir que l'Angleterre seule pouvait, sans danger, continuer la guerre ; que, même avec des succès balancés, l'Autriche se consumant

comme force auxiliaire, tandis que de grandes puissances rivales profitaient à ses dépens de tous les avantages de la neutralité, il était temps de rompre une alliance nuisible, et de revenir aux principes de sa politique continentale.

Après la victoire d'Hohenlinden, les sentimens de défiance envers le nouveau gouvernement français, les regrets et l'animosité s'affaiblissaient de jour en jour; la Russie et la Prusse, qui recueillaient les fruits d'une prudente neutralité, n'aspiraient qu'à de plus solides garanties de leur sécurité; la malheureuse Italie attendait avec inquiétude et soumission que les négociations fixassent ses destinées, et l'Espagne s'applaudissait d'avoir la première donné l'exemple de la confiance. Le ministère anglais, comme nous le verrous plus tard, ne pouvait plus fermer les yeux à l'évidence de cette situation nouvelle, ni se dissimuler, au milieu des voeux ardens pour la paix dont retentissait toute l'Europe, que l'Angleterre ellemême en éprouvait le besoin.

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