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temps une pomme de discorde, en laissant à l'Empire le soin de déterminer les indemnités auxquelles auraient droit les princes qui se trouvaient dépossédés. Les plénipotentiaires français, satisfaits d'avoir obtenu cette clause vague, dûrent prévoir à quelles discussions elle entraînerait la diète. Le projet d'exciter une grande querelle qui, en appelant tôt ou tard sa médiation, pourrait le rendre l'arbitre des destinées de ces princes, et mettre dans sa main des appâts pour ceux qui avaient servi ou qui pouvaient servir sa cause entra sans doute dans la politique du premier Consul.

L'un des premiers actes de l'empereur d'Autriche, après la signature du traité, fut donc la convocation des états appelés à donner leur adhésion au traité, et à statuer sur les indemnités dues aux princes dépossédés. L'adhésion des états au traité de Lunéville, fut aussi prompte que les circonstances l'exigeaient; ils surent apprécier les intentions du monarque contraint, à regret, de s'écarter de la constitution, et s'empressèrent de don+

ner un consentement qui seul pouvait débarrasser l'Allemagne du fardeau des armées étrangères : ils ratifièrent le traité, en motivant leur adhésion, et en attribuant à la situation extraordinaire de l'Autriche, la conduite que l'Empereur avait été forcé de tenir; mais la question des indemnités fut long-temps et vainement agitée : les débats orageux qu'elle occasionna, se prolongèrent jusqu'au 25 février 1803. Quoique l'issue de cet important procès dépasse de beaucoup l'époque que nous embrassons dans ce volume, nous le ferons connaître ici très-sommairement, afin d'en dégager la suite de notre narration.

On convint, comme base principale des indemnités à accorder aux princes dont les pays avaient été sacrifiés au besoin de la paix, d'un projet de sécularisation des biens du clergé. Il est remarquable que cette me sure violente ait été frapper jusqu'au fond de l'Allemagne cette même classe d'hommes que la première assemblée nationale avait dépouillée. Ce premier exemple devait trouver

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des imitateurs; ce projet de sécularisation n'était en résultat qu'une véritable confiscation des pensions et des secours alimentaires devaient pourvoir aux besoins du clergé qu'on sacrifiait aux intérêts particu liers des princes; il l'avait été en France aux intérêts de l'État.

On voyait figurer à la fin, dans cette con> testation, le roi de Prusse, la république de Hollande, le roi d'Angleterre comme élec teur de Hanovre, la Bavière, la Saxe, la Bohême, plusieurs électeurs, et un grand nombre d'autres princes. Les prétentions s'élevaient de plus en plus par la discussion; elles se prolongèrent pendant scize mois à Ratisbonne, sans conduire à aucun résultat. Les réclamations des parties intéressées arrivaient en foule, et directement aux cours de France et de Russie. Soit en effet qu'elles menaçassent de causer des troubles plus séfieux en Allemagne; soit, comme nous l'avons dit, que le premier Consul voulût se pré senter comme arbitre de ces différens, il se concerta avec l'empereur de Russie pour les

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faire cesser, et donner un grand éclat à sa médiation. M. de Talleyrand, ministre des relations extérieures, exposa au Sénat le plan d'indemnités arrêté entre les plénipotentiaires français et russes. Il démontra qu'on s'était appliqué à diminuer les chances de la guerre, en évitant tout contact de territoire entre les puissances qui avaient le plus souvent ensanglanté l'Europe par leurs querelles. Ce même principe adopté, non dans toute sa rigueur, mais autant que les circonstances avaient pu le permettre, avait décidé à placer les indemnités de la Prusse hors de contact avec la France et la Hollande. L'Autriche, disait le ministre, devait retirer de cet arrangement l'immense avantage de voir toutes ses possessions concentrées; la maison Palatine, aurait pareillement reçu une organisation plus forte et plus avantageuse pour la défense; la Prusse continuerait à former, dans le système germanique, la base essentielle d'un contrepoids nécessaire, La répartition des indemnités secondaires ajoutait-il, avait été réglée d'après des conve

nances générales et particulières: il ne dissimulait point que la maison de Bade y avait été avantagée; mais outre qu'il avait paru nécessaire de fortifier le cercle de Souabe qui se trouve intermédiaire entre la France et les grands états germaniques, le gouvernement français avait vu avec plaisir une augmentation de puissance accordée à un prince, dont la conduite, pendant toute la guerre, avait mérité particulièrement la bienveillance de la République. Enfin, le ministre s'applaudissait de ce que la France et la Russie, obligées de prendre la sécularisation pour base des dédommagemens, avaient reconnu la possibilité de conserver à l'empire un électeur ecclésiastique, en lui laissant le titre et les fonctions d'archi-chancelier.

C'est ainsi que, s'immisçant aux affaires intérieures de l'Allemagne, le premier Consul altérait, déplaçait à son gré les élémens du Corps germanique, fortifiait les uns en affaiblissant les autres, et qu'il se ménageait une influence progressive, des moyens de s'agrandir, et de continuer à conquérir

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