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et états de l'Empire, et cette disposition, seule garantie de l'organisation du Corps germanique, avait été l'origine des débats que le congrès de Rastadt n'avait pu terminer. Bonaparte, plus puissant cette fois, ne voulut point, selon sa tranchante politique, livrer les destinées du nouveau traité aux discussions interminables qui avaient fait évanouir celui de Campo-Formio. Il exigea de l'Empereur qu'il s'affranchît des liens de la constitution, et qu'il déclarât, comme base du traité, qu'il stipulait au nom du Corps germanique.

Cette loi fondamentale, principe conservateur des droits des princes et des états de l'Empire, n'avait jamais été violée. Le cabinet de Vienne essaya vainement de se retrancher derrière les anciennes formes ; il fallut céder. Cette foule de princes, si jaloux de leurs votes et de leur influence aux diètes de l'Empire, purent voir, par cette innovation, le peu d'importance que le premier Consul attachait à leur existence politique, et combien, dès ce moment, elle était mena

cée. Cette concession que, dans d'autres circonstances, ils eussent considéré de la part de l'empereur d'Autriche comme un acte de despotisme, ne fut cependant attribuée qu'à l'impérieuse nécessité.

Après un pareil ébranlement donné sans résistance à la constitution germanique, il est aisé de juger de la facilité que les négociateurs français trouvèrent sur les autres points mis en discussion. Le cabinet de Vienne accéda à toutes les bases du traité de Campo - Formio: l'incorporation de la Belgique fut une seconde fois consentie, et la cession des pays de la rive gauche du Rhin fut définitivement consacrée. Tout en déplorant les malheurs d'une guerre qui n'avait d'autre résultat que de ramener les deux peuples au point de départ, on aurait pu applaudir encore à la modération du vainqueur, si les nouvelles stipulations ajoutées à celles de Campo-Formio n'avaient dévoilé sa politique, et fait apercevoir le germe de nouvelles querelles, au lieu de la volonté franche de fonder une paix durable.

)

La cession du grand duché de Toscane fut une des clauses les plus remarquables du traité de Lunéville. Le premier Consul y trouvait un gage du rétablissement de la prépondérance maritime de la France dans la Méditerranée: il ne voulut point d'abord effrayer l'Europe en s'appropriant brusquement cette clef de l'Italie méridionale; il déguisa les vues qu'il avait sur ce duché, il présenta l'érection du nouveau royaume d'Étrurie, comme le prix de la fidélité de l'Espagne et de son opposition constante au système anglais. La couronne offerte à l'infant duc de Parme ne fut qu'une mesure provisoire; ce trône, élevé entre les deux Italies, achevait d'enlever à l'Autriche toute espérance de ressaisir ses anciennes conquêtes, et rendait désormais inutiles les efforts d'une alliance avec le royaume de Naples qui se trouvait lui-même contenų et menacé. Enfin la perte du grand duché dépossédait un frère de l'Empereur, le laissait sans couronne, et livrait aux intrigues et aux jalousies de la diète, le soin de fixer un dé

dommagement ; il était donc permis de considérer dès lors la Toscane comme une nouvelle conquête du premier Consul.

L'indépendance des Républiques Batave, Helvétique, Cisalpine et Ligurienne fut reconnue et garantie par l'article XI du traité; et la fidélité des deux nations à cet engagement solennel eut sans doute été un des plus beaux résultats de ces sanglantes guerres; mais le premier Consul, en signant cette indépendance, ne montrait pas moins de désirs de s'approprier la souveraineté de cette belle conquête, que l'Empereur n'éprouvait de regrets de la voir démembrer de ses posses'sions héréditaires.

Toutes les forteresses étaient occupées par des garnisons françaises; le gouvernement cisalpin avait été créé, organisé par le premier Consul; aucune loi n'y était promulguée qu'il ne l'eût dictée; aucune disposition administrative n'était arrêtée que par lui; il était le véritable chef de cet État indépendant; il transmettait ses ordres du cabinet des Tuileries, comme il les adressait

à ses généraux. La Ligurie, la Hollande et la Suisse restaient passives sous son influence, et il est vrai de dire, que l'Europe dût, dès cette époque, considérer ces pays, ainsi que la Toscane, sans égard à la forme de leurs gouvernemens, comme de véritables conquêtes de la France.

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Le traité de Lunéville, pour ce qui concer nait d'autres états que ceux des deux puissances belligérantes, n'était donc qu'un acte illusoire, et par rapport à ces mêmes puissances, ce n'était qu'une trève illimitée qui mettait dans tous son jour la supériorité des armes françaises.

Toutefois les plaies profondes qu'une longue suite de guerres laissait à cicatriser en Autriche, auraient pu assurer long-temps encore la paix à cette monarchie sur la foi du traité de Lunéville; mais le coup porté à sa suprématie par l'isolement des princes et des états de l'Empire, n'était pas la seule cause qui pût amener un nouvel embrasement général dans le corps germanique. L'article VII du traité y jetait pour long

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