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sur mer une lutte inégale, elle épuiserait ses forces en station et en blocus inutiles; que les succès qui se fondent sur les arme mens maritimes, ne sauraient être durables; que de tous temps les peuples naviga teurs avaient fini par succomber devant les nations belliqueuses; et que les destinées d'Alexandrie, de Tyr, de Rhodes, de Ve nise, de Génes, du Portugal, de l'Espagne, présageaient celle de l'Angleterre, et prou vaient assez que le sol et les habitans consti tuaient la véritable source des richesses et de la prospérité des états.

La question de la liberté des mers devint donc le sujet d'une controverse générale, comme vers le commencement du seizième siècle, et les écrivains polémiques ne négli→ gèrent pas les rapprochemens que leur offrait l'histoire des conquêtes, des découvertes et de l'ancienne domination maritime des Espa gnols et des Portugais. Ils comparaient la poli, tique de l'Espagne au temps des Philippes, avec celle de l'Angleterre; la révolution amé

ricaine avec le soulèvement des ProvincesUnies; l'invasion du Portugal avec celle de la presqu'île de l'Inde. Si l'or du Mexique et du Pérou avait, disaient-ils, fomenté la guerre de la Ligue et les troubles de la Fronde, les richesses accumulées par les Anglais, à la fin du dix-huitième siècle, n'avaient-elles pas servi à soudoyer toutes les forces militaires de l'Europe contre la France? Enfin, le despotisme maritime de l'Espagne n'avait-il pas soulevé contre elle toutes les puissances?

Comme l'ont fait de nos jours les Améri cains, les Bataves élevèrent cette insoluble question de la liberté des mers, peu de temps après qu'ils eurent secoué le joug de l'Espagne. On lit le fameux écrit de Grotius, intitulé Mare liberum, avec autant d'intérêt que s'il eût été composé récemment et pour les circonstances que nous avons vu se rẹproduire; le manifeste éloquent et plein de dignité que l'auteur adressait aux princes et aux peuples, en faveur de la liberté des mers, serait encore aujourd'hui la plus

juste expression de l'opinion et de la volonté générale.

Grotius, l'un des plus beaux génies des temps modernes, s'attache dans cet écrit à prouver que, suivant le droit des gens, le commerce et la navigation doivent être libres. pour tout le monde; il combat victorieusement la doctrine de primo occupanti, les prétendus titres résultant du droit de découverte et de prescription. Après avoir posé en principe que la mer ne peut être la propriété exclusive de personne, et que, différente en cela des fleuves, elle n'appartient à aucun territoire particulier, l'auteur prouve, par une foule d'autorités, que les diverses parties de la mer des Indes ont été connues des anciens, et conséquemment qu'aucun peuple ne peut en réclamer la dé

couverte.

L'ouvrage de Grotius, basé sur les principes du droit naturel et du droit des nations, également remarquable par la puissance du raisonnement et l'étendue de l'érudition, jeta l'alarme bien plus encore dans

le cabinet de Londres que dans celui de Madrid; déjà les Anglais aspiraient à l'empire des mers, et s'ils ne cherchaient point à faire valoir leurs prétentions, c'est

que la puissance maritime de l'Espagne les retenait encore. L'ouvrage de Grotius les inquiéta ; et Jacques Ier, peu de temps avant sa mort, ordonna au fameux Jean Selden de rassembler toutes les preuves propres à démontrer que l'empire de la mer appartenait à l'Angleterre. Selden opposa son livre intitulé Mare clausum à celui de Grotius; mais ce fut plutôt le plaidoyer d'un habile avocat que l'ouvrage d'un publiciste.

Pour combattre le principe incontestable de la liberté des mers et d'une navigation indépendante, les Anglais ont long-temps. opposé à la conviction des peuples la prescription, les lois communes de l'Angleterre, d'anciens titres, des traités particuliers, de la possession et d'une disjonction continuelles; mais l'opinion, demeurée inébranlable, a triomphé de l'injustice de ces prétentions. Les défenseurs de cette violation se retran

chèrent sur le principe de major vis, qu'ils prétendirent pouvoir appliquer, comme aux conquêtes de territoire. Ils s'étonnèrent de voir les publicistes persévérer à envisager la question de la liberté des mers sous le rapport moral; ils ne dissimulaient plus qu'elle devait être jugée selon les intérêts de la Grande-Bretagne. Sur terre, disaient-ils, l'usurpation se légitime par le temps; l'occupation entraîne la propriété : vainement on objecte que l'Océan n'est point partagé par des barrières, coupé, comme le continent, par des limites naturelles, et qu'il appartient à tous, ainsi que l'air que nous respirons; du moment qu'il peut, comme certaines portions du territoire, être défendu et occupé, il peut aussi devenir la propriété du plus fort.

De pareilles doctrines dûrent nécessairement donner naissance à un code maritime particulier. En effet, le code maritime anglais, dont les principes sont puisés dans les seuls. intérêts de l'Angleterre, soumet, en temps de guerre, le commerce des neutres à une juri

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