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Des Emeutes.

Au surplus, on était tellement étonné que les émeutes même à Paris ne fussent pas réprimées, qu'en les annonçant on disait toujours dans les journaux que M. le maire était arrivé à chaque fois au moment que le peuple venait de se disperser.

Madame de Staël prétendait que M. le maire était comme l'arc-en-ciel qui ne se montre qu'après l'orage.

On criait hautement dans les rues :

« Récit de la justice du peuple faite sur un mouchard de M. de La Fayette par les braves citoyens du faubourg Saint-Antoine. Le mouchard n'a pas été tout-à-fait pendu, mais consolez-vous, citoyens, il n'en reviendra pas. » En effet, il mourut le lendemain.

Sur les Émigrés.

On plaisantait aussi les émigrés qui avaient fui le royaume. On avait fait une caricature représentant le duc de Luxembourg dans un paquebot, avec cette devise:

<< Dieu aide au premier baron chrétien... à passer l'eau. »

Condorcet gardait des notes de ce genre. En voici quelques-unes:

<«< Un Gascon disait à Coblentz : « Cadedis, je vais remettre le roi sur son trône, mais qu'il s'y tienne bien; car, sandis, je ne me rémigre plus.

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» On prétend qu'il y eut dans les rues de Londres un chameau qui était conduit par un vieillard, un singe mené par un jeune garçon et avec eux une jeune fille, qui faisaient des sauts périlleux sur un tapis. Un émigré regardant avec émotion cette troupe :

«Voilà, » dit-il à un Anglais, « voilà pourtant une des meilleures maisons de Bretagne. >>

» A Hambourg, un jour, le spectacle fut changé. On devait donner les Chasseurs et la Laitière; mais le directeur parut sur le théâtre, et dit au public:

<< Messieurs, il nous est impossible de vous donner la pièce annoncée; le jeune gentilhomme qui devait faire l'ours est parti subitement pour la Vendée. »

Arrivée de M. de La Fayette.

Condorcet n'approuva pas la démarche faite par M. de La Fayette lorsqu'il vint à Paris, au mois de juin.

« Une demi-mesure, » écrivait-il, « est toujours fatale à ceux qui l'emploient. Le fils aîné de la liberté devait continuer à la défendre aux frontières contre les rois coalisés. S'il voulait venir en réprimer les excès dans l'intérieur, il était nécessaire qu'il en reçût la mission légale; car il n'est rien de plus fâcheux au commencement d'un gouvernement libre que d'y donner l'exemple d'une usurpation de pouvoir.

» Si plus de cent députés ont passé de l'ancienne majorité à la minorité pour lui accorder les honneurs de la séance, c'est par souvenir des anciens services du fils aîné de la liberté; mais s'il se déshérite lui-même en se joignant à la cour, il peut être assuré de trouver contre lui une majorité bien plus considérable. >>

C'était M. Ramond qui avait défendu vivement M. de La Fayette, et lui avait donné le premier ce titre de fils aîné de la liberté.

Espoir des Républicains.

Quand la guerre fut malheureuse, Condorcet écrivait :

<< Franklin était à Paris lorsque les Anglais remportaient des victoires en Amérique, et il n'en était pas effrayé. Lorsqu'on s'étonnait de son sang-froid, il répondait :

<< Les Anglais nous forment; ils seront chassés de chez nous de victoire en victoire.

» Je crois que les Autrichiens et les Prussiens nous forment aussi, et que nous le leur verons plus tard.

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<< Au demeurant, » écrivait-il dans une autre lettre, « si la contre-révolution réussit, nous avons planté des jalons qu'elle n'osera pas renverser; et nous avons détruit des monumens welches qu'elle n'osera jamais rétablir, par exemple, l'inscription d'intolérance: Ludovico decimo quarto suppresso edicto nannetensi. »

On sait que la veille du 10 août le ministre de la justice, M. Dejoli, mandait à l'assemblée législative qu'il avait déjà écrit huit lettres à cette assemblée pour demander qu'on lui fournît les moyens de réprimer les attroupemens.

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« N'est-il pas plaisant, mon ami, «< écrivait Condorcet, « d'entendre, ce matin, le pouvoir exécutif demander au pouvoir législatif de l'aider à remplir ses fonctions?

Non, sans doute, ce n'était pas plaisant, mais c'était absurde en politique, et le résultat de l'absurde a été tel qu'il devait être et qu'il est toujours.

Il paraissait alors qu'une génération avait adopté les principes du républicanisme, car les jeunes gens de vingt à vingt-cinq ans en étaient

enthousiasmés; les scènes sanglantes ont de truit cet enthousiasme.

«Quand d'Opter, D..... et autres déposèrent leurs croix de Saint-Louis sur le bureau de l'assemblée, la peur dominait; ils avaient demandé à se rendre à l'armée, qui leur semblait le seul asile de l'honneur national, et on le leur avait refusé; ce qui fit que d'Averhoult s'échappa, et bientôt après émigra.»

« Mais quand Rulh, Hainselin, et autres dépu. tés lisaient des adresses d'adhésion au 10 août, ou à la suspension du roi, c'était bien le républicanisme qui excitait les citoyens à écrire lorsqu'ils pouvaient se taire. >>

Du 10 août.

Après le 10 août, on trouva dans les papiers du roi une lettre des princes, ses frères, qui lui mandaient :

<< Soyez tranquille sur votre sûreté; tout va bien. »

C'est ainsi que les plus sages ne concevaient pas même le danger auquel les jours du roi étaient exposés, parce qu'on ne pouvait se faire l'idée d'un crime qui n'avait jamais été commis en France.

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