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CHAPITRE PREMIER.

Tableau du seizième siècle. - Ignace de Loyola. -Sa blessure au siége de Pampelune. Sa conversion. - Il se consacre à Dieu. Sa pénitence. Le livre des Exercices spirituels. - Idée de cet ouvrage.— Ignace va en Palestine. - Il commence ses études. — Ilarrive à Paris. - Il choisit ses premiers compagnons, Lefèvre et François Xavier. - Laynès. Salmeron, Bobadilla et Rodriguez s'en.. gagent avec Loyola. - Leurs vœux à Montmartre. Vision de Loyola. - Les Pères arrivent à Rome. — Situation de la cour de Ro ne et de la catholicité. Ignace s'offre au Pape. Ses premiers compagnons se décident à fonder une société religieuse. -Leurs travaux dans Rome. On les calomnie. Leur justification et leur dévouement. Le cardinal Guiddiccioni opposé à l'Institut. - Le Pape charge les Pères de diverses missions. - La Compagnie de Jésus est établie. - Bulle de fondation. - Ignace de Loyola élu général de la Compagnie. Son portrait.

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J'entreprends une œuvre difficile, impossible peut-être. Je veux raconter l'origine, les développements, les grandeurs, les sacrifices, les études, les mystérieuses combinaisons, les luttes, les vicissitudes de toute sorte, les ambitions, les fautes, les gloires, les persécutions et les martyres de la Compagnie de Jésus. Je dirai la prodigieuse influence que cette Société exerça sur la religion, par ses saints, par ses apôtres, par ses théologiens, par ses orateurs, par ses moralistes; sur les rois, par ses directeurs de conscience et par ses diplomates; sur les peuples, par sa charité et par ses doctes enseignements; sur la littérature, par ses poètes, par ses historiens, par ses savants, et par les écrivains d'un goût et d'un style si purs qu'elle a produits dans toutes les langues.

Je la montrerai à son berceau militant pour l'Église Catholique et pour les monarchies que le Protestantisme naissant se donnait déjà mission de détruire.

Je pénétrerai dans ses colléges, d'où sortirent tant de persounages fameux, la gloire ou le malheur de leur patrie.

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Je la suivrai au delà des mers, sur tous ces océans inconnus où le zèle de la maison du Seigneur entraînait ses Pères qui, après être devenus la lumière des Gentils, élargissaient le cadre de la civilisation et des sciences, et apprenaient aux hommes assis à l'ombre de la mort combien sont beaux les pieds de ceux qui évangélisent la paix.

J'étudierai son Institut si peu connu, et dont on a parlé avec tant d'amour ou tant de haine. J'approfondirai cette politique, si ténébreuse selon ses détracteurs, si à découvert selon ses partisans, mais qui a laissé une ineffaçable empreinte sur les scizième, dix-septième et dix-huitième siècles, l'époque la plus célèbre du monde par la diffusion des idées et par l'importance des événements.

Je fouillerai jusque dans ses abîmes cette Jérusalem céleste pour les uns, infernale pour les autres, qui a touché à tout ce qui s'est fait de bien dans l'univers, qu'on a mêlée à tout ce qui s'y est fait de mal.

Je ne me laisserai gagner ni par les enthousiasmes que la Compagnie de Jésus a suscités autour d'elle, ni par les préjugés ou par les colères que son omnipotence a éternisés.

Les Jésuites ne m'ont point compté parmi leurs élèves. Ils ne me virent jamais au nombre de leurs néophytes. Je n'ai été ni leur ami, ni leur admirateur, ni leur adversaire. Je ne leur dois point de reconnaissance; je n'éprouve pour leur Ordre aucune prévention. Je ne suis ni à eux, ni avec eux, ni pour eux, ni contre eux. Ils sont à mes yeux ce que Vitellius, Othon et Galba étaient pour Tacite. Je ne les connais ni par l'injure, ni par le bienfait.

Historien, je reste dans l'histoire, ne m'attachant qu'à la vérité, ne cherchant, à l'aide de faits incontestés et incontestables, qu'à déduire des conséquences logiques, et ne me formant une opinion que sur l'examen le plus consciencieux. Ce que j'ai commencé pour l'Histoire de la Vendée Militaire et pour celle des Traités de 1815, je vais le continuer.

Le jour des justices doit enfin luire pour tous, même pour les disciples de saint Ignace de Loyola Comme toutes les créations humaines qui portent en elles un principe fécond, les Jésuites se sont trouvés exposés à deux écueils que les faiblesses de

l'humanité ne leur permirent pas toujours d'éviter. Ils ont été trop puissants pour n'avoir pas de flatteurs. On les juge encore trop redoutables : ils excitent donc des inimitiés passionnées.

Au milieu de ces conflits d'opinions qui se croisent, qui se combattent, et qui, depuis trois cents ans, chose merveilleuse ! tiennent le monde attentif à une polémique dont les révolutions les plus retentissantes n'affaiblissent point l'intérêt, la Compagnie de Jésus a fourni plus d'hommes distingués, elle a remporté plus de victoires, essuyé plus de défaites, enfanté ou accompli plus de choses extraordinaires, évoqué plus d'hostilités et d'enthousiasme qu'aucune corporation.

Née pour la lutte, toujours sur la brèche, du fond de la solitude jetant au plus fort de la mêlée ses plus intrépides champions, se servant de toutes les armes qu'un prêtre peut manier, échappant à un danger pour se précipiter dans un autre, tenant tête tout à la fois aux esprits les plus éminents et aux peuplades les plus barbares, bravant les orages, les faisant naître parfois, triomphant ici, succombant là, mais combattant partout et sans cesse, mais vivant au milieu des controverses ou expirant dans les tortures, elle s'est improvisée le porte-drapeau et le bouclier de l'Église catholique, apostolique et romaine.

Cette Compagnie a eu des moments de grandeur tels que peut-être le monarque le plus fortuné n'en vit jamais briller sur son règne; mais, comme toutes les magnificences d'ici-bas, ce splendide soleil a dû avoir ses éclipses. Aux jours de succès ont succédé les années de deuil. Les richesses provoquèrent l'envie. Le pouvoir fit naître des rivaux ou des ennemis pouvoir plein d'une terrible majesté, car il n'ambitionnait point les honneurs, il ne convoitait pas l'éclat. Il se contentait du demi-jour, encore plus souvent de l'ombre, et du pied des trônes les Jésuites descendaient par la confession dans le réduit de l'artisan ou dans la chaumière du laboureur. On les voyait s'asseoir dans le conseil des rois ainsi que dans l'école des petits enfants. De la demeure des grands, de la vieille basilique où se tenaient les conciles, ils passaient sans transition au lit de la pauvreté souffrante, et, afin de se faire tout à tous, ils habitaient avec un égal amour le cachot du prisonnier, le palais des princes de la terre et la hutte du sauvage.

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