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» leur métier. Ils s'évertuent pour m'être utiles, & moi pour les occuper. » & pourvoir à leurs befoins. L'emploi de leur travail dirigé par mon » intelligence, & facilité par mes avances, paie lui-même leur travail à profit pour eux & pour moi. Tout s'améliore, tout fe fortifie, tout fe multiplie, loin de fe dépeupler. Et moi auffi je me marierai, je l'efpe,, re; j'aurai une compagne qui m'aidera par fon activité, par fon écono,, mie, par les reffources de fon efprit : & ma femme perpétuera, aug,, mentera la race des fermiers. Et comme notre' peuplade eft au milieu d'un défert, mes garçons iront chercher une femme, ils me l'amene,, ront, je leur bâtirai à chacun une ferme, où ils travailleront comme j'ai fait; mais avec plus de commodité, parce que le chemin fera battu. Mes filles ne manqueront pas non plus de marieurs; & même quand je n'aurois pas d'enfans, parmi les fermiers de mon pays, qui viendroient me voir dans les beaux jours d'hiver, il y en auroit beaucoup qui feroient bien aifes de s'établir auprès de moi, & moi auffi de les avoir pour voifins. Car plus on eft de monde, & plus on s'aide, plus on s'ingénie, plus on s'inftruit mutuellement; & plus on trouve de fecours les uns chez les autres, pour faire face avec promptitude aux accidens imprévus; & plus on ajoute à la douceur de fes vieux ans, par des alliances entre les familles, qui rendent nos enfans heureux. "

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C'eft ainfi que fe formera mon village, qui fera peut-être bourg ,, plus tard, peut-être ville enfin. Voilà comme fe forment les Provinces & les Empires. "

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Mais tout cela fuppofe une connoiffance approfondie de toutes les fortes de labours & de leurs effets, beaucoup de lumieres fur les diverfes qualités des fonds, bien de l'intelligence pour varier les engrais, les combiner, ranimer les uns, amortir les autres, en inventer, n'en point laiffer perdre, comme les urines des beftiaux, & même une autre efpece de fumier qu'il eft encore plus facile de fe procurer, qui enrichit la Flandre (& la Chine), & dont des réglemens imbécilles défendent l'ufage aux environs de Paris. Mais ce qui eft plus encore que tout cela, ou pour mieux dire, ce dont la feule privation rendroit tout cela inutile, il faut un impôt régulier, connu, bien affis, point arbitraire, la liberté du commerce, & de très-grandes richeffes pour les dépenfes foncieres, pour les avances primitives & annuelles, pour parer aux ,, grands événemens, maladie de beftiaux, grêle, nielle, ouragans, &c. Ces conditions ne font pas faciles à réunir; mais fans elles nul moyen. de régénérer l'agriculture. Plus elles fe trouveront réunies, & plus elle fera de progrès. Moins il s'en rencontrera enfemble, & plus ces progrès feront lents. Si elles manquoient toutes, il feroit phyfiquement impoffi ble que la culture ne dépérît pas très-promptement; & loin de pouvoir » fonger à défricher des communes, il faudroit s'attendre à voir retomber en friches la plupart des terres actuellement cultivées. Et puis qu'on

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vienne nous dire que les richeffes rurales, & les fermiers qui les pof,, fedent, foient le fléau de la culture & de la population! Je crois le contraire évidemment démontré. Dans le fyftême de l'obfervateur, qui veut mettre les pauvres à la tête de la culture, je ne vois que de la ,, mifere qui enfante & perpétue la mifere. Dans le mien, au contraire je vois la richeffe, la profpérité, une heureuse population, d'autant plus ,, affurée que l'augmentation progreffive des richeffes eft toujours bafée fur le bon emploi des richeffes mêmes, & du bénéfice avec lequel la nature rembourfe & accroît celles qu'on lui confie. J'ai dit : & je pense avoir répondu à la plupart des chapitres de l'Auteur. "

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Notre bon Fermier a cependant jetté fur les marges du livre en queftion, beaucoup d'autres remarques fort intéreffantes, dont nous pourrons faire ufage en plufieurs occafions pour la difcuffion de plufieurs points d'économie champêtres intimément liés avec de grands objets d'économie politique. Il eft vrai qu'on ne peut pas compter fur l'extenfion de la culture à moins qu'elle ne foit un bon métier, profitable à ceux qui l'exécutent, & à ceux qui emploient des richeffes pour falarier les travaux qu'elle exige & qui confacrent leur intelligence & leurs peines à les diriger. L'expérience a fait voir que par-tout où le régime des réglemens prohibitifs étoit adopté, & les impofitions indirectes & arbitraires multipliées, la culture alloit perpétuellement en fe dégradant. Mais il fe fera beaucoup de défrichemens & encore plus d'améliorations, lorfque la fageffe du Gouvernement le portera par une légiflation, conforme à l'équité naturelle à affurer aux Cultivateurs & aux Propriétaires une plus libre difpofition des récoltes que leurs foins, leurs avances & leurs travaux tirent des terres qui leur appartiennent. Si une légiflation toute oppofée pouvoit être ftable, il n'y auroit nulle efpérance de tirer aucun produit des communes, & celui des autres terres diminueroit chaque jour. Si au contraire les lumieres de l'adminiftration fe fixent à des inftitutions vraiment fociales; fi la liberté du commerce s'établit; fi l'impôt eft débarraffé des formes onéreusement compliquées qui le rendent fi fouvent exceffif, arbitraire imprévu, incalculable; fi par des arrangemens fimples & clairs la fource des vexations fans nombre fous lefquelles les campagnes gémiffent quelquefois fe trouve tarie; les Cultivateurs au lieu de fuir dans les villes étendront leurs entreprises qui leur deviendront plus avantageuses. Beaucoup de Citadins même verferont des richeffes fur la terre en avances foncieres & primitives; ils repeupleront nos campagnes parce qu'ils ne craindront plus d'y perdre leur aifance & leur liberté. Ils y viendront chercher la fanté, la tranquillité, l'innocence, l'amour véritable, fidele & robufte; la paternité fans inquiétude, n'ayant que des foins paifibles & touchans; le plaifir & l'honneur de traiter directement avec la nature toujours bienfaifante, avec les éléments qui ne font ni fins, ni faux, ni traitres; le bonheur enfin de gouverner à la fois avec indépendance & fans

defpotifme, de régner par la raifon, par des contrats libres, par le droit des bienfaits; d'augmenter perpétuellement leurs richeffes & leur félicité, en les répandant fans ceffe, en les faifant partager à tout ce qui les environne. Alors les terres prendront de la valeur, alors on fe difputera leur poffeffion & leur culture, alors mille particuliers ambitionneront vivement la propriété & l'exploitation des Communes. Alors enfin les Communautés qui en font propriétaires, pourront en tirer un parti très-avantageux par diverfes conventions fur lefquelles il ne faudra qu'éclairer leur intelligence & leur laiffer enfuite la liberté d'agir.

Les Communes font une propriété des Communautés que perfonne n'a le droit de leur ravir non plus qu'aucune autre propriété.

Les Communes ne peuvent être mifes en valeur par les Communautés mêmes, parce qu'aucun de leurs membres ne voudroit y faire ni avances foncières, ni avances primitives, tant que la récolte feroit en

commun.

Le véritable intérêt des Communautés, non plus que celui de la Société & de l'efpece humaine, n'eft pas que les terres communales foient partagées entre tous ceux qui y ont droit. Car ces terres alors ne feroient pas mises en valeur, puifque la plupart de ceux qui y ont droit n'en ont aucunement les moyens. Et d'un autre côté, dans la vue de ne pas porter d'atteinte au droit de la Communauté, la propriété des co-partageants pourroit se trouver foumife à des reftrictions qui nuiroient à la bonne exploitation de chaque part.

Les Communes ne peuvent pas être fimplement affermées au profit des Communautés; car de fimples Fermiers n'auroient pas un affez grand intérêt à y faire des avances foncieres, & faute d'avances foncieres fuffifanla culture en feroit toujours plus difpendieufe & moins productive. Le premier befoin de la terre à mettre en culture, eft d'avoir un Propriétaire.

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Elles ne peuvent pas être affermées; parce que fi le produit du fermage étoit adminiftré par une efpece d'Officiers municipaux, ces Officiers pourroient être expofés à des tentations, ou du moins à des foupçons qui troubleroient ou la propriété, ou la tranquillité publiques; & que fi le produit fe partageoit tous les ans entre chacun des membres de la Communauté, il deviendroit pour eux comme une espece d'aumône gratuite qui les accoutumeroit à l'oifiveté, d'où le pas à la mendicité eft fort court.

Les Communes ne peuvent pas être vendues pour une fomme d'argent, au profit des membres des Communautés, dans le moment actuel, parcequ'elles ont peu ou point de valeur; au futur, parce que les membres de la Communauté n'ont pas le droit d'en dépofféder leurs fucceffeurs, & encore parce que cette fomme inattendue par les pauvres travailleurs de la Communauté feroit pour la plupart d'entre eux l'effet d'un lot à la lo

terie qui amene prefque toujours parmi le peuple, la débauche pour tout fruit.

Que pourra-t-on donc en faire juftement & profitablement lorfque des loix favorables auront donné de la valeur aux terres? Un ufage fort naturel & pour ainfi dire prefcrit par le titre de leur propriété.

Les Communes font un bien public des Communautés, lequel leur eft dans l'état actuel très-peu profitable. Mais les Communautés ont auffi des befoins publics auxquels dans l'état actuel elles ne pourvoient que par des moyens très-onéreux. Ces befoins publics font les chemins, les aqueducs, & les autres ouvrages naturellement communs qui doivent contribuer aux débouchés & à l'amélioration de leur territoire. Si les terres avoient de la valeur, les Communautés pourroient très-bien concéder celles qui leur aptiennent en commun, à condition que l'acquéreur qui en deviendroit pleinement propriétaire, ainfi que fes hoirs, feroient tenus de faire & d'entretenir telle portion d'ouvrages publics à la décharge de la Com

munauté.

De cette maniere la propriété réelle des biens communaux feroit à perpétuité confervée par les membres de la Communauté qui jouiroient des ouvrages publics dont la confection ou l'entretien en feroit le prix.

De cette maniere encore, les terres communales demeurant conftamment & en toute propriété à un Poffeffeur incommutable, pourroient être par lui portées à leur plus grande valeur.

De cette maniere encore, les ouvrages publics feroient toujours bien entretenus, parce que la Communauté n'ayant d'autre travail à faire pour fes chemins, &c. que celui d'infpecter s'ils font en bon état, y mettroit naturellement beaucoup de vigilance, & que l'aliénataire craindroit les grandes réparations, d'autant qu'il feroit toujours dans le cas de voir faific fes revenus pour y fubvenir s'il négligeoit l'entretien.

De cette maniere enfin, les ouvrages publics feroient entretenus avec la plus grande économie poffible, parce que le Propriétaire qui en auroit l'entreprise perpétuelle, s'arrangeroit & prendroit les temps & les moyens les plus convenables pour fe pourvoir de matériaux & d'inftrumens, & en déterminer l'emploi.

Peut-être dans un Royaume riche feroit-il poffible que tous les ouvrages publics fuffent ainfi fieffés à perpétuité & pour des Domaines, de forte que le Gouvernement feroit débarraffé d'une grande & pénible adminiftration, & le fervice public rempli cependant avec une grande exactitude.

Nous devons à un Seigneur très-éclairé, & qui fe trouve à-peu-près dans un cas pareil à celui que nous fuppofons vis-à-vis d'une grande Province, cette idée qui nous a paru lumineufe, que nous croyons conforme aux meilleurs principes d'économie politique, & fur laquelle nous aurons foin de revenir ailleurs pour la développer.

Tome XIII.

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Mais en terminant cet article, nous ne pouvons trop répéter qu'il eft impoffible de rendre les Communes utiles dans un pays où la législation ne feroit pas tellement favorable à la culture, que les propriétés particulieres commenceroient à étre généralement mifes en valeur. Jufqu'alors, & dans tout pays où la culture languira fous le faix des impofitions indirectes & arbitraires, & des prohibitions de commerce, un traité fur les moyens de cultiver les Communes, fût-il fupérieurement bien fait, ne fera jamais qu'un ouvrage prématuré.

COMMUNAUTÉ, f. f. Droit par lequel une chofe appartient également à plufieurs, à l'exclufion de tous les autres.

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N prend auffi ce terme, pour ce droit primitif & indéterminé que tous les hommes ont originairement de fe fervir des biens que la terre leur préfente, tant que perfonne ne s'en eft encore emparé.

Puffendorf, en parlant de la Communauté, prend ce terme fuivant la premiere fignification, pour la Communauté pofitive; & la Communauté négative eft celle qu'on vient d'expliquer en fecond lieu. Les chofes qui appartiennent à la Communauté négative, font cenfées n'être à perfonne dans un fens négatif plutôt que dans un fens pofitif; c'est-à-dire, qu'elles n'ont encore été affignées en propre à qui que ce foit, & non pas qu'elles ne puiffent l'être jamais on dit encore qu'elles font à tout venant, ou au premier occupant : res in medio quibufvis expofita. Mais les choses communes en un fens pofitif ne different des propres, qu'en ce que celles-ci appartiennent à une feule perfonne, au lieu que les premieres appartiennent également à plusieurs.

C'eft de ces différens droits, que vient la diftinction que font les jurifconfultes des chofes qui en font l'objet, en propres communes, & celles qui ne font à perfonne, mais qui peuvent appartenir au premier occupant. Mais la propriété des biens qui a détruit la Communauté primitive eftelle avantageufe au genre humain, n'auroit-il pas mieux valu pour les hommes qu'ils demeuraffent dans la Communauté primitive? Je réponds, que depuis la multiplication du genre humain, l'établiffement de la propriété des biens étoit abfolument néceffaire au bonheur des particuliers, au repos & à la tranquillité publique. Car 1°. une Communauté univerfelle des biens qui auroit pu avoir lieu entre des hommes parfaitement équitables & libres de toute paffion déréglée, ne fauroit être qu'injufte, chimerique & pleine d'inconvéniens entre des hommes faits comme ils le font. 2o. Dans une Communauté de toutes chofes, chacun étant obligé de rapporter à la maffe commune tout le fruit de fon induftrie & de fon travail, il y auroit des difputes fans nombre fur l'égalité du travail, & de ce que

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