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fions de bénéfices, ou pour quelque autre caufe ou prétexte que ce pût. être (a). Tant que les troubles durerent, on établit en France le moyen dont je viens de parler. Sur la nomination du Roi, les Evêques donnoient des provifions des abbayes qui étoient dans leurs diocefes (b). Il ne paroît pas qu'il y ait eu des inftitutions d'Evêques données par les métropolitains pendant ce différend; mais fi l'on crut que dans ces circonstances le Concordat ne devoit pas avoir lieu pour les provifions des abbayes, il n'y a aucun fujet de douter qu'on n'eût pris le même deffein pour l'inf titution des Evêques, au cas que les Papes euffent continué dans leurs divifions avec la France. Les inconvéniens de la longue vacance d'une abbaye ne font pas comparables à ceux d'une Eglife qui eft fans Evêque, pendant un temps confidérable; mais on avoit comniencé par les provifions des abbayes, dans le deffein de ne porter pas ce changement plus loin, s'il étoit capable de faire ceffer les divifions; & cet ordre eft un témoignage de la modération de nos Rois.

Le remede à la perte que l'Etat fait journellement paroît facile; mais la prudence veut que le Roi ne l'applique qu'avec une grande circonfpection, & dans une conjoncture extrêmement favorable.

Sans mêler des vûes humaines aux intérêts de la religion, & fans parler de la perte des effets temporels, des gens de bien peuvent-ils ne pas gémir du défordre que les annates ont introduit dans l'Eglife!

Les premiers Papes étoient peu riches, & envoyoient des aumônes partout, les Papes modernes font auffi riches que les Princes, & mettent toutes les Eglifes fous contribution. C'est du défir immodéré d'acquérir des richeffes que font nées les annates. Ce ne fut que depuis que les Papes eurent fixé leur féjour à Avignon, qu'ils les leverent. Nos Rois eurent la charité de le permettre à des Papes qui étoient dans le befoin, parce qu'ils avoient été chaffés de l'Italie. Clément V s'appropria pendant deux ou trois ans, tous les revenus des bénéfices qui vaqueroient en Angleterre (c). Jean XXII ordonna qu'on lui payeroit pendant trois ans la premiere année des revenus des bénéfices non électifs (d). Ce qui n'avoit été ordonné que pour un temps & fous prétexte de néceffités extraordinaires, devint bientôt une loi générale. Boniface IX à Rome (e). Clément VII à Avignon, (ƒ)

(4) L'Edit eft du 3 de Septembre 1551, enregistré au Parlement de Paris le 7 du même

mois.

(b) Le Cardinal de Givry, Evêque de Langres, donna une espece de provifion ou commiffion pour le Gouvernement de l'Abbaye de Sept-Fontaines, Ordre de Prémontré. Elle eft du 22 Décembre 1551.

(c) Walfingham, pag. 498.

(d) Extravagant. commun. p. 236. Preuves de Bourgeois.

(e) Paulus Langius, pag. 847.

(Thomaflin, Part. 3, Lib. 3, C. ‹8, No. 6 & 12; Chron. Hift. T. 2, p. 306; Platine, pag. 241.

exigerent l'annate de tous les bénéfices auxquels on nommeroit. Quelques Papes ont même établi par leurs conftitutions la peine de l'excommunication, contre ceux qui ne payeroient pas au bout d'un certain temps (a).

Que de voix fe font élevées contre les annates! Plufieurs écrivains (6) ont entrepris de faire voir qu'elles ne font pas légitimes, & que le Pape, prenant de l'argent pour une chofe fpirituelle, étoit fimoniaque. Les François marquerent à Conftance un défir empreffé de l'abolition des annates; ils firent voir qu'elles étoient injuftes & contraires au défintéreffement ordonné par Jesus-Chrift aux Miniftres de la religion, & dirent que ce feroit peut-être une héréfie de foutenir opiniâtrement qu'on peut lever les annates (c). Le concile de Bafle les abolit, déclara fimoniaque quiconque en promettroit ou en exigeroit, & ordonna que le Pape qui tranfgrefferoit ce réglement, feroit déféré au concile général (d); l'affemblée de Bourges reçut ce décret & le modifia, en permettant au Pape Eugene de tirer la cinquieme partie des annates (e). C'étoit une grace qu'on accordoit perfonnellement à Eugene & non à fes fucceffeurs. Beaucoup d'auteurs eftiment que la levée des annates eft une vraie fimonie (f). Les Cardinaux & les Evêques qui compoferent un excellent avis (g) pour Paul III, y établiffent des principes qui condamnent les annates (h). Ce que vous avez reçu gratuitement, donnez-le gratuitement, dit Jesus-Chrift. Lorsqu'une Eglife fe trouve réduite à une grande néceffité, les autres Eglifes doivent fe porter à lui communiquer fes biens temporels, rien n'eft fi conforme à l'efprit de la religion que cet acte volontaire de charité. Mais que l’Eglife de Rome dépouille les autres Eglifes & les dépouille par force, c'est une vexation inconnue dans l'innocence des premiers fiecles de l'Eglife. Les Etats de Tours avoient fupplié le Roi de ne pas permettre qu'on introduisit les annates en France (i), & ceux d'Orléans le fupplierent de les abolir (k). C'eft le vœu de tous les gens de bien en qui l'amour de la religion eft éclairé.

(a) Bullaire, T. 1, p. 801.

(b) C'eft le deffein de l'Auteur d'un ancien Livre qui a pour titre Aureum fæculum Papa fafciculus temporum, p. 80, 82, 83, 84 & 89. Voyez auffi Martenne, Anecdot. T. 2, P. 1423.

(c) Preuves de Bourgeois, pag. 415, 454 & 463.

(a) Concil. T. 12, P. 552.

(e) Pragmat. Sanct. p. 466 & 474.

(f) Duarum de Sacr. Ecclef. min. p. 132; Jacques Capel. Voyez fon fentiment dans le Livre des Libertés de l'Eglife Gallicane; Guy Coquille, T., p. 29.

(g) Il a pour titre: Concilium de lect. Cardinalium.

(h) Diximus non licere aliquo pacto in ufu clavium aliquid lucri utenti comparari. Eft in hac re firmum verbum Chrifti. Grátis accepiftis, gratis date, Richer, Hift. Concil. génér. Part. 2, L. 4, pag. 149.

(i) Preuves des Libertés de l'Eglife Gallicane,

(k) Mémoires pour le Concile de Trente.

CONCORDAT GERMANIQUE.

AVANT le fecond fiecle de l'Ere chrétienne, les Empereurs avoient joui

fans contradiction du droit de conférer les Evêchés. Les Evêques de Germanie & d'Italie ne pouvoient exercer leurs fonctions épifcopales, ni percevoir les fruits de leur temporel, s'ils n'avoient été agréés & confirmés par l'Empereur : ce qui s'appelloit Inveftir.

Les Églifes prioient ordinairement l'Empereur de leur accorder un tel pour Evêque, & il dépendoit du Monarque de l'accorder ou de le refuser. Mais fouvent l'Empereur nommoit d'autorité aux Evêchés vacans. Aucun Métropolitain n'auroit ofé confacrer un Evêque, ou un Abbé élevé à cette dignité contre le confentement de l'Empereur, & avant qu'il eût reçu l'inveftiture de ce Monarque.

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Cette inveftiture étoit de deux fortes; l'une fe faifoit par le bâton & l'anneau, l'autre par le fceptre. Par le bâton & l'anneau l'Elu recevoit le pouvoir d'exercer les fonctions fpirituelles de fa dignité; & par le sceptre, celui de percevoir les fruits du temporel.

Les Papes même n'étoient pas tout-à-fait exempts de cette fujettion, puifqu'après leur élection, ils étoient tenus de demander la confirmation de l'Empereur qui quelquefois la refufoit, & exigeoit qu'on procédât à l'élection d'un Pape qui lui fût agréable. Ainfi Henri III, fils de Conradle-Salique, fit élire Suidger, fous le nom de Clément II, à la place de Grégoire VI (a). Ce Pape étant mort, le même Empereur recommanda Brunon, Evêque de Toul, qui fut élû Pape (b). Après la mort de Brunon qui avoit pris le nom de Léon IX, les Romains envoyerent une députation à Henri, pour le prier de leur donner un Pape. L'Empereur leur envoya Gebhard, Evêque d'Aichftedt, qui fut reconnu Pape fous le nom de Victor II. Pour ne pas en rapporter d'autres exemples, en voici un d'une grande confidération. Hildebrand, Archidiacre de l'Eglife de Rome, ayant été élû Pape, après le décès d'Alexandre II, envoya (c) des Députés à l'Empereur Henri IV, avec des lettres fort foumifes, pour lui demander fa confirmation & fon agrément, l'affurant qu'il avoit été élû malgré lui, & que s'il plaifoit à l'Empereur, il fe démettroit de fa dignité en faveur d'un autre. C'eft que véritablement les Empereurs étoient alors en poffeffion de donner des Évêques au Siege de Rome. Il n'en faut point d'autre preuve

(a) Glaber Rodolph. Lib. 4. p. 5.

(b) Leo Oft. Chron. Caffinat, Cap. 79. (c) En 1073.

que la lettre des Romains au même Empereur fur l'élection de Nicolas II (a), & le Décret confiftorial du même Pape (b).

Lorfque Hildebrand envoya demander la confirmation de fon élection, plufieurs Prélats qui étoient auprès de l'Empereur, lui confeillerent de la refufer & de faire élire un autre Pape, prévoyant que de l'humeur dont étoit Hildebrand, il donneroit bientôt fujet à Henri de fe repentir de fa complaifance. Mais le Monarque, charmé du ftile foumis dont le nouveau Pape lui avoit écrit, s'empreffa de confirmer le choix du peuple & du Clergé Romain. Il ne fut pas long-temps à s'appercevoir de la faute qu'il avoit faite.

Hildebrand commença fon Pontificat par défendre aux autres Evêques de fe qualifier Papes. Ce titre, auparavant affez commun parmi les Prélats, fut dès-lors affecté à celui de Rome. Enfuite Grégoire VII (c'est le nom que Hildebrand avoit pris d'abord après fon élection) publia un bref, pour obliger tous les Eccléfiaftiques mariés à renvoyer leurs femmes, fous peine d'excommunication. Réfolu de fe rendre abfolument maître de tous les biens Eccléfiaftiques, il déclara excommuniés tous les Eccléfiaftiques qui recevroient l'inveftiture des Laïques, & les Laïques qui la donneroient aux Eccléfiaftiques.

Quelques Papes avant Grégoire avoient tenté de dépouiller les Empereurs du droit d'inveftir par la croffe & l'anneau; mais les difficultés les avoient rebutés. Grégoire, d'une humeur plus propre à fe roidir par les obftacles, qu'à plier, ne ménagea rien, & fans produire d'autre titre que fa volonté, prétendit qu'on lui cédât une prérogative dont les Empereurs étoient fort jaloux.

Le premier Décret de Grégoire VII fur les inveftitures, fut dreffé dans un Concile tenu à Rome (c). Léon d'Oftie qui étoit préfent, dit pofitivement que tant celui qui donne que celui qui reçoit l'inveftiture y font condamnés à la même peine d'excommunication (d).

(a) Lambert & le Moine de Herfeld rapportent la fubftance de cette Lettre : » Satis» factionem ad Regem mittunt, fe fcilicet fidem quam patri dixiffent, filio quoad poffent, fer » vaturos, coque animo, vocanti Romana Ecclefiæ Pontificem, ufque ad id tempus non fubro» gale. Ejus magis fuper hoc expectare fententiam, orantque fedulò ut quem ipfe velit, tranf

nmittat. "

(b) Ce Décret fe trouve au long dans les Annales de Baronius, Tom. XI, à l'an 1059, pag. 257. On y lit ces paroles remarquables: » Eligatur (Pontifex) de ipfius Ecclefia ngremio, fi reperitur idoneus, vel fi de ipfâ non invenitur, ex aliâ affumatur, falvo debito » honore & reverentiâ dilecti filii noftri Henrici, qui in præfentiarum Rex habetur, & futurus » Imperator, Deo concedente, fperatur, &c. « Le Pape n'appelle ici Henri que Rex, Roi. C'est que dans ce temps-là les Empereurs étoient appellés Rois d'Allemagne, jusqu'à ce qu'ils euffent été couronnés à Rome avec les cérémonies accoutumées.

(c) En 1078.

(d) In eadem Synodo conftituit, ut fi quis à Laico, Ecclefiæ inveftituram acciperet, dans & accipiens, anathemate plederentur, Leo Oftien, Chron, Caffin. Lib. 3. Cap. 42,

L'Empereur continua d'ufer de fon droit, & à donner diverfes inveftitures d'Evêchés & d'autres Bénéfices. Le Pape lui écrivit diverses lettres peu mefurées, & enfin il tint un nouveau Concile (a), où non-feulement il renouvella le Décret précédent, mais en ajouta de nouveaux (b).

Le prétexte dont il coloroit fes entreprises, étoit d'empêcher la fimonie, prétendant que les Rois & les Empereurs ne nommoient aux Bénéfices que leurs créatures ou ceux qui leur donnoient de l'argent, fans avoir égard à la piété ni au mérite. Les Décrets de Grégoire VII furent le fignal de la difcorde & de la divifion. On vit alors le Sacerdoce aux prifes avec l'Empire, & cette lutte cruelle dura plus de trois cents ans, avec des intervalles plus ou moins longs, felon que les Empereurs furent plus ou moins jaloux de leurs droits, hardis à les revendiquer & à méprifer des armes peu à craindre, lorfqu'elles font employées fans caufe légitime, mais que les conjonctures rendoient formidables.

Ce fut de ce célébre démêlé que nâquirent dans la fuite les deux fameuses factions des Guelphes & des Gibelins, qui défolerent fi long-temps l'Italie, & en firent un objet d'horreur & de compaffion, & peut-être eftce à la mémoire de ces faits que le Luthéranisme fut redevable des progrès rapides qu'il fit en Allemagne.

Henri réfolut de faire dépofer Grégoire. I affembla un Concile à Il Worms, qui déclara ce Pape indigne d'être affis fur le Siege de Rome, le qualifia de loup raviffant qui déchiroit le troupeau du Seigneur. Grégoire, de fon côté, excommunia & dépofa l'Empereur. On vit alors deux Empereurs & deux Papes.

Grégoire pouffa les chofes à une extrémité qui lui auroit été funefte fi les autres Souverains avoient été auffi éclairés fur leurs intérêts que Henri. Le Pape ne fe contenta pas d'écrire & de publier que le Pontife Romain étoit maître de la dignité Impériale & de l'Empire. Il ajouta, fans aucun ménagement, que tous les Royaumes & Principautés lui appartenoient; qu'il en étoit le Seigneur direct & le difpenfateur; & qu'il pouvoit délier les fujets du ferment de fidélité fait au Souverain, en vertu du pouvoir que Saint Pierre lui avoit tranfmis.

(a) En 1080.

(b) Sequentes Statuta S. S. Patrum ficut in prioribus Conciliis, quæ, Deo miferante, celebravimus, de Ordinatione Ecclefiafticorum dignitatem, ftatuimus, ita & nunc; Apoftolica autoritate decernimus & confirmamus; ut fi quis deinceps Epifcopatum vel Abbatiam, de manu alicujus Laicæ perfonæ fufceperit, nullatenus inter Epifcopos vel Abbates habeatur; nec nulla ei, ut Epifcopo, feu Abbati, audientia concedatur. Infuper etiam ei gratiam S. Petri, & introitum Ecclefia, interdicimus, quo ufque locum, quem fub crimine tam ambitionis quam inobedientia, quod eft fcelus idololatria, cepit, refipifcendo non deferit. Similiter etiam de inferioribus Ecclefiafticis dignitatibus conftituimus. Item fi quis Imperatorum, Regum, Ducum, Marchionum, Comitum, vel quilibet fecularium poteftatum, aut perfonarum, inveftituram Epifcopatuum, vel alicujus Ecclefiæ dignitatis, dare prafumpferit, ejufdem fententia vinculo fe obfiridum effe fciat, &c, Vid. Epift. Greg. Pap. poft Ep. XIV, Baron, ad ann, 1080.

L'Empereur

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