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1815. De grands et immortels événements s'étaient accomplis depuis la publication des quatre volumes de 1790, et étaient devenus l'origine de nombreux traités, transactions, et autres actes politiques de tous les genres qui devaient trouver leur place dans le Recueil de GEO. FRED. DE MARTENS.

La monarchie française avait disparu; une république s'était établie dont les armes avaient conquis de nombreux pays; à son exemple, d'autres républiques s'étaient formées en Italie, qui devinrent bientôt des royaumes ou des duchés souverains, quand la France, relevant le trône écroulé pendant la tourmente révolutionnaire, plaça la couronne impériale sur le front du plus illustre de ses capitaines. Napoléon, ce géant de la gloire, apparut au monde comme l'élu de la Providence, chargé par elle de réparer le mal qu'avait fait à la France l'exagération des idées politiques, d'opposer une digue à l'invasion des doctrines perturbatrices de l'ordre établi en Europe, lesquelles menaçaient de miner toutes les monarchies et d'abattre tous les trônes, et de remanier, en quelque sorte, l'état social et politique de l'Europe. Mais l'immortel successeur de Charlemagne, en étendant chaque jour ses conquêtes, en froissant les intérêts d'un grand nombre de souverains au profit des princes de sa famille, rois éphémères, satellites du grand astre qui brillait à l'horizon de la société européenne, avait, en dépassant le but, détruit l'équilibre politique auquel son génie semblait si bien fait pour présider; ses frères montèrent sur des trônes anciens, ou furent appelés à gouverner des royaumes nouveaux ; des souverains, successeurs d'une longue suite de rois, furent renversés de leur trône; des états furent morcelés ; des lambeaux d'états furent réunis pour créer les royaumes nouveaux; la France joignit à son territoire des provinces, des états entiers, par la seule volonté de l'homme puissant dans la main duquel elle avait placé le sceptre impérial, et elle vit les princes de la dynastie qu'elle avait élevée à la souveraine puissance, s'asseoir sur les trônes d'Espagne, de Naples, de Hollande, de Westphalie. Une réaction terrible devait surgir de tous ces faits: une coalition formidable se forme entre les princes de l'Europe contre le prince qui s'était fait l'arbitre

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des souverains. Malgré des efforts inouïs de génie et de tactique militaire ; malgré les talents remarquables que Napoléon développa pendant la campagne de 1844 (que tous les hommes de guerre de l'Europe reconnaissent comme l'une des plus remarquables de la glorieuse carrière de Napoléon), malgré les prodiges de courage, et les brillants faits d'armes d'une armée qu'une longue guerre avait épuisée, et qui avait à résister seule aux armées combinées de l'Europe entière, le grand capitaine, le grand Tégislateur, l'illustre souverain d'un empire colossal dont le temps n'avait point encore soudé les parties nouvellement agglomérées, Napoléon succomba dans la lutte. Napoléon fut renversé par les mêmes souverains qui l'avaient traité de frère, et dont il avait trop fréquemment blessé l'amour-propre et froissé les intérêts sept ans plus tard, retenu captif sur un rocher au milieu des mers, il rendit sa grande âme à Dieu. — Sa chute fut le signal de nombreuses représailles et de nombreux changements en Europe: les princes des vieilles dynasties reprirent, les uns leur trône, les autres les pays qui leur avaient été enlevés; les états des Deux-Siciles, les états romains, ceux de Sardaigne, de Toscane, de Modène, l'Espagne, le Portugal, le Hanovre, la Hesse, etc., revirent leurs anciens souverains; - les monarques que l'empereur Napoléon avait créés dans sa famille perdirent leur couronne; les princes d'anciennes dynasties qu'il avait faits rois conservèrent la dignité royale; - quelques pays, autrefois souverains, tels que Trèves, Cologne, Gênes, Venisc, Malte, etc., furent rayés définitivement de la liste des états indépendants; -de petits princes qui espéraient reprendre leur ancienne position souveraine, furent déclarés vassaux et sujets, et de grands potentats virent accroître leurs possessions territoriales. La Prusse reçut les provinces du Rhin; la Russie obtint tout ce qui restait de la Pologne après ses démembrements successifs; l'Autriche vit passer plusieurs états sous son sceptre, qui dirigeait déjà trois vastes royaumes; la France seule, la France, qui vit revenir de l'exil ses anciens princes, perdit nonseulement les nombreux territoires réunis, par décret impérial, à son vaste territoire, mais aussi les conquêtes que ses armes lui

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avaient si glorieusement acquises depuis vingt ans déjà, notamment la Belgique, que sa langue, la religion professée par ses habitants, et des intérêts communs d'industrie et de commerce, semblaient avoir faite à jamais française, et qui fut réunie à la Hollande pour former le nouveau royaume des Pays-Bas. Toutes ces choses, -tous ces partages, ces distributions de territoire, ces chutes de rois, ces restaurations d'états anciens et d'anciennes dynasties, furent l'ouvrage gigantesque du Congrès tenu à Vienne en 1844 et 1845.

Depuis cette époque, l'ordre de choses établi, réglé, maintenu formellement ou tacitement par le Congrès de Vienne, a subi quelques altérations ou modifications.

D'une part, - en Europe, deux royaumes nouveaux se sont formés, la Belgique, la Grèce; -et la Pologne a perdu

son gouvernement représentatif et sa constitution.

D'autre part, - en Amérique,

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(où l'on comptait déjà une grande république, les États-Unis), l'empire du Brésil s'est rendu indépendant du Portugal; et plusieurs républiques se sont formées; - les républiques du Mexique,

du Pérou, du Chili, de Venezuela,

de l'Équateur,

d'Haïti, etc., etc.

Enfin, en Afrique, l'Algérie est devenue une colonie française. La réunion des actes innombrables auxquels ont donné nais sance tant et d'aussi grands événements que ceux qui ont signalé la fin du 18° siècle, et que ceux qui se sont développés au commencement du siècle actuel jusqu'au moment où la mort a frappé l'illustre GEO. FRED. DE MARTENS, était un fait trop difficile à accomplir pour que les actes recueillis vinssent se classer dans le recueil, depuis 1760 jusqu'à l'année 1820, sans que l'ordre chronologique fût jamais interverti, sans que diverses lacunes se fissent remarquer. M. CHARLES DE MARTENS, neveu du célèbre publiciste, s'est efforcé de faire disparaître, autant que possible, ces lacunes, lorsqu'il publia (de 1826 à 1831), la continuation de la seconde édition du Recueil, de 1824 à 1829, ainsi que deux volumes faisant suite au Nouveau Recueil (de 4809 à 1819 inclusivement), qui donnèrent encore des documents antérieurs à 4844. Depuis lors, M. SAALFELD, jusqu'en

1833. et après lui, M. MURHARD, ont continué de former des suppléments, lesquels ont porté la collection générale des traités connue sous le nom de Recueil de GEO. FRED. DE MARTENS, à trente volumes.

La Table générale (chronologique et alphabétique) qui en 1837 fut publiée par M. CH. DE MARTENS, sur la seconde édition de l'ouvrage primitif en huit volumes (de 4761 à 1807), et sur les six premiers volumes du Nouveau Recueil (de 1801 à 1826), ainsi que celle qui accompagne chacun des volumes suivants, n'ont pu faire disparaître l'inconvénient majeur que présente aujourd'hui une collection dans laquelle l'ordre des temps est trop fréquemment interverti, les traités et conventions n'ayant pu y prendre place qu'au fur et à mesure que MM. DE MARTENS et leurs continuateurs ont pu se les procurer. Cette difficulté dans les recherches à faire, a dû s'accroître encore par suite du développement prodigieux qu'a pris le Recueil DE MARTENS, depuis 1828, par l'insertion d'une foule innombrable d'actes, mémoires, extraits de conférences, etc., etc., qui sortent tout à fait de la spécialité d'un recueil de traités et conventions diplomatiqes.

Telle qu'elle est cependant, c'est-à-dire malgré la confusion réelle produite, dans la publication des volumes primitifs et des volumes supplémentaires, par l'insertion d'actes de deux siècles différents dans un même volume; telle qu'elle est, disons-nous, la collection formée par GEO. FRED DE MARTENS, est, et restera un monument précieux de curieuses archives pour l'homme d'état, pour l'historien, et, en principe, pour la science elle-même du droit des gens. Mais, dans la pratique quotidienne des affaires, elle est trop étendue, d'un usage confus et difficile pour les recherches, d'un transport incommode pour les diplomates, et, nous dirons même, d'un prix trop élevé pour ne pas en arrêter l'acquisition de la part d'un grand nombre de personnes dont les fonctions, ou les recherches auxquelles elles ont besoin de se livrer, ne réclament pas un recueil aussi vaste d'actes et de documents diplomatiques.

Le désir de voir la collection de GEO. FRED. DE MARTENS réduite à des proportions moins étendues, et en quelque sorte aux seuls actes politiques dont l'application peut encore se présenter

de nos jours, a été généralement exprimé par les hommes d'état. appelés au maniement des affaires publiques, et à la surveillance, à l'étranger, des intérêts de leurs nationaux : c'est la tâche que se sont chargés de remplir les auteurs du RECUEIL MANUEL ET

PRATIQUE.

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et aux conventions

L'Acte du Congrès de Vienne, en 1815, étant, pour l'époque contemporaine, ce qu'a été longtemps en Europe le traité de Westphalie, signé en 1648, nous pourrions peut-être, dira-t-on, borner notre Recueil aux traités conclus à Paris en 1844, l'acte du Congrès de Vienne en 1845, diplomatiques qui ont été signées depuis par les diverses puissances; mais on comprendra qu'au nombre des traités diplomatiques conclus par les divers cabinets, depuis le milieu du siècle dernier, époque à laquelle GEO. FRED. DE MARTENS a fait remonter son recueil, il en est plusieurs qui sont encore en vigueur, et beaucoup d'autres auxquels les conventions diplomatiques contemporaines se rattachent ou se réfèrent; nous nous verrons donc obligés de faire, dans le grand recueil, un choix attentif et raisonné des documents et instruments diplomatiques qui appartiennent à la classe de ceux que nous venons d'indiquer. Nous écarterons, d'ailleurs, tous les traités, toutes les conventions, tous les documents, - mémoires, etc., qui n'ont plus aujourd'hui qu'un intérêt purement historique:

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traités d'al

liance, de subsides, de trêve, de neutralité; conventions d'armistice, de capitulations des places de guerre,

d'étapes militaires; décrets de réunion à la France, des pays divers que le traité de paix de 1844, et le Congrès de Vienne lui ont enlevés; règlements d'étiquette entre les agents diplomatiques (puisque ce point a été déterminé d'une manière générale et précise par l'acte du Congrès de Vienne); conventions préliminaires suivies de conventions définitives; traités provi

soires;

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traités non ratifiés; règlement de limites entre pays dont les événements n'ont plus fait, avec le temps, qu'un seul et même état, etc., etc.

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Lorsqu'une ordonnance spéciale, une loi d'aministration intérieure, — un règlement quelconque nous paraîtront de nature à

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