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arrivée à fa deftination, & dont les vaiffeaux dif perlés ne pourront fe réunir que tard à Halifax, où ils ne trouveront pas les mâts dont ils ont befoin.

La crainte d'une invafion de la part de la France n'a pas peu contribué a faire rappeller nos forces qui font en Amérique, & les précautions qu'on a prifes ne raffurent pas en attendant leur arrivée. Cette crainte, bien ou mal fondée, a donné lieu à une multitude de farcafmes contre le Gouvernement. »>Les François font trop bons politiques, dit-on, pour penfer à une invafion chez nous. Ils favent qu'une defcente ruineroit immédiatement le crédit public, & qu'une banqueroute nationale en feroit la confé. quence; ils nous haïffent trop pour nous débarrasser tout de fuite d'une dette de 150 millions fterl. que nous devons à nos Miniftres, qui fe conduisent comme s'ils nous avoient été donnés par la France même « Dans d'autres papiers on combat ainfi cette terreur. On dit que le parti Ministériel débite fét rieufement qu'il s'attend à une invafion, & que le Roi lui-même regarde cet évènement comme une chose qui ne peut manquer d'arriver; mais c'est pour cette raison que beaucoup de gens fenfés n'en croyent rien. On doit toujours prendre l'inverfe des difcours de nos Miniftres, pour en trouver le véritable fens. Le Roi croit ce que les Miniftres lui difent ; ceux-ci ne s'attachent qu'à le tromper; c'eft ce qui faute aux yeux de tout le monde, & qui n'échappe qu'aux fiens. En conféquence, tout le monde doit refufer fa confiance aux Miniftres ; tant qu'ils ont gardé le filence, j'ai eu quelque peur d'une invafion; à préfent qu'ils eu parlent, je ceffe de la craindre «.

On parle toujours d'un traité conclu entre la Grande-Bretagne, la Ruffie & la Pruffe, & dont l'effet doit durer dix ans à compter de fa date qu'on n'indique pas. Cependant, felon plufieurs papiers, il ne paroît pas que ce traité exifte, ou du moins que l'on compte beaucoup fur les fecours de la Pruffe.

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» Il fe débite, dit-on, que le Roi de Pruffe, qu'on fait avoir foutenu les Colonies révoltées, renouvelle aujourd'hui contre l'Angleterre une demande, qui en principal & en intérêt pour 16 ans, monte à la fomme de 1,206,000 liv. fterl. qu'il faut payer; fans cela il feroit à craindre que le Duc de Gloucester s'il fe rend à Berlin, n'y reftât plus long-temps qu'il ne fe le propofe «<.

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Plufieurs Américains prifonniers ici le font évadés, ainfi qu'un Capitaine marchand François détenu à bord d'un bâtiment à Plymouth, & qui y étant encore lorfque notre flotte rentra dans cette rade, pourra malheureufement porter ailleurs des nouvelles du véritable état où elle fe trouvoit en ce mo ment. L'histoire de ce dernier eft fingulière, il s'appelle Coufflen: il étoit un de ceux qui ont conduit en Amérique le Marquis de la Fayette, & il fit nauffrage à fon retour fur les côtes de la Virginie: s'étant embarqué sur un bâtiment Américain, il fut pris & conduit ici, où un décret de l'Amirauté lui rendit la liberté au mois de Septembre dernier. Arrivé à Bordeaux, il en partit en Mars, fur le vaiffeau la PetiteAdélaïde, deftiné pour Boston à 150 lieues de terre, un corfaire de Jersey se rendit maître de fon navire & le mena dans fon Ifle, où, s'étant emparé d'un bateau, il s'échappa & gagna les côtes de Normandie. Retourré une feconde fois à Bordeaux, on lui donna le commandement du vaiffeau le Confut de Cadix, destiné pour la Virginie; il fut pris à so lieues dans l'Oueft de Cordouan & conduit à Plymouth, d'où il s'eft enfui le 5 de ce mois, au moyen du canot d'un des vaiffeaux du port. On prétend qu'à mi-canal il fut rencontré & pris une troisième fois par un corfaire, qui embarrassé du grand nombre de fes prifonniers, & craignant de les renvoyer ici, de peur que les matelots qui les conduiroient n'y fuffent preffés, les mit à bord d'une galiote Hollandoife qu'un heureux hafard avoit envoyée au fieur Coufflen & à fes compagnons pour les délivrer.

ÉTATS-UNIS DE L'AMÉRIQUE - SEPTENT.

par

Yorck-Town du 22 Juin. L'armée Royale est fortie le 17 de ce mois de Philadelphie, partie s'eft embarqué pour New-Yorck, partie a pris fa route terre à travers les Jerfeys. Elle consiste en 16,700 hommes; elle a été fuivie par environ 3000 habitans le défaut de chariots de bagages l'a obligée de laiffer derrière elle environ 100 mille boiffeaux de fel, & un grand nombre d'autres articles évalués en tout à 140 mille liv. sterl.

Les Commiffaires ont pris la route de New-Yorck par mer; ils fe font embarqués fur le Trident, fort affligés d'avoir vu leurs propofitions rejettées. Ils ont fait tout ce qu'ils ont pu pour nouer une négociation, en écartant le grand article de l'indépendance; ils ont fait ufage pour cela de toutes les lettres de recommandation qu'ils avoient apportées pour divers Membres du Congrès, avec lefquels ils ont voulu ouvrir des correfpondances particulières, fous le prétexte de les confulter; les réponses qu'ils ont reçues leur ont ôté toute efpérance, & ils attendent à préfent de nouvelles inftructions de leur Cour.

Parmi les étranges propofitions qu'ils ont faites au Congrès, celle qui a été reçue avec le plus de mépris, eft l'offre de la part de la Grande-Bretagne de fe charger de la dette de l'Amérique. L'on n'a pas cru devoir y répondre férieufement. Quelques Membres fe font contentés d'obferver que l'hypothèque des terres en Amérique étoit plus folide que celle qui porteroit fur le papier d'Angleterre.

Charles-Town du 30 Juin. Nos troupes font dans Philadelphie depuis la retraite de l'armée Royale; les habitans, qui y font reftés s'empreffent à réparer les dommages & les dégats qu'y ont fait leurs hôtes incommodes; ce ne fera pas fans des dépenses confidérables, & fur-tout du temps qu'on rétablira tout

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te qu'ils ont détruit, & fur-tout les belles plantations. qui étoient dans les environs & qui indépendamment de leur utilité & du profit qu'on en retiroit, servoient à les embellir.

Quelques jours avant l'évacuation de cette ville, un Officier du régiment des gardes avoit écrit la lettre fuivante en Angleterre, qui y parviendra plus sûrement par la voie de nos papiers publics. » Rien n'a tranfpiré jufqu'au 13 de ce mois; finon que le Lord Howe a évité d'agir en qualité de Commiflaire, regardant ces fonctions comme une tâche très défagréable. On m'a affuré que les Commiffaires étoient fort dégoûtés de leur miffion, & qu'ils fouhaiteroient être par-tout ailleurs qu'en Amérique. Il y a toute apparence que cette commiffion, fi tant eft qu'on Fait établie dans des vues férieuses, finira par devenir un fujet de rifée «.

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C'eft ainfi que ceux même qu'on envoie ici pour nous faire la guerre, jugent des mesures de ceux qui leur donnent leurs commiffions; & l'idée qu'ils en ont n'eft pas propre à leur infpirer beaucoup de confiance pour le fuccès. Dans toutes les parties foumifes encore à la Grande Bretagne, on commence a se plaindre de la conduite; elle devoit y mettre plus de fagefle & de circonspection; nous lui avons donné du moins une leçon que nous regretterions qut fût perdue pour elle, & pour les peuples qui font fous fa domination. » Il n'eft plus poffible, écrit-on de Saint-Vincent, de fe procurer ici des lettres-dechange; & notre Gouvernement qui avoit coutume de tirer librement fur la trésorerie, a ceffé de le faire, parce que la trésorerie laiffoir renvoyer ici les lettresde-change avec protêt, ce qui entraînera des fuites fatales pour plufieurs de nos concitoyens, & ruinera le crédit public. Toutes ces lettres-de-change étoient faites pour le payement des travaux de forts & de fortifications, & tout le monde efpéroit qu'il y feroit fait honneur. Tout eft tranquille à la Martini5 Septembre 1778.

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que ; il y vient peu de prifes ; le bâtiment la Louife; Capitaine Payne, venant de Madère, & destiné pour les Ifies, a été pris par un corfaire Américain, & envoyé fur le continent. Son Capitaine a été débarqué à la Martinique «.

Prince-Town du 30 Juin, Le moment approche ou l'Amérique fe flatte de voir fes ennemis forcés de renoncer à leurs projets de conquêtes, retourner en Europe, & reconnoître notre indépendance & netre fiberté. On ne doute pas que le Général Clinton, s'il parvient jufqu'à New-Yorck, n'y foit bientôt enfermé & contraint de mettre bas les armes ou de fuir fur les vaiffeaux qui fe trouveront à portée de le recevoir. Par-tout le peuple fe difpofe à fervir avec une nouvelle ardeur, perfuadé que ce fera le dernier effort qu'exigera d'eux la défenfe de la patrie. Nos ennemis ne laifferont après eux que le fouvenir de leur injuftice & de leurs cruautés. Dans ce moment où ils fentent notre force & leur foibleffe, ils ne paroiffent pas abandonner leurs principes inhumains. Nos prifon niers nous font pafler trop fréquemment des détails qui excitent à la fois l'indignation & l'horreur. Les peuples les plus barbares n'ont jamais eu cette féroce cruauté de nos ennemis, qu'ils exerçent fur-tout contre ceux de nos gens de mer qui leur tombent entre les mains. » Détenus à bord des vaiffeaux la Judith & le Prince de Galles qui font à New-Yorck, ces prisonniers malheureux font entaffés pêle-mêle ne recevant pour toute nourriture qu'une petite portion de bifcuit gâté & d'eau corrompue il règne d'ailleurs dans leur prison malfaine une maladie contagieufe, dont on n'a nullement cherché à arrêter les progrès, & qui enlève chaque jour quelques-uns de ces infortunés. Dans la plus affreufe misère, expofés à des outrages, aux plus odieux traitemens, aux horreurs cruelles de la faim, ils implorent la mort ; quelques-uns fe la font donné à eux-mêmes pour fe dérober à leur infortune; l'un s'eft coupé la gorge,

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