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Selon les lettres de Maroc, les troubles continuent dans ce Royaume; le troisième fils du Roi, MuleyGuiazgud, Prince d'un caractère inquiet, qui eft né de la fille d'un renégat Anglois, s'eft échappé avec 300 hommes de fon naturel, & difpofés à suivre sa fortune. Il s'eft réfugié dans les montagnes voifines de Fez & de Mequinez, dont les habitans, qui fe font révoltés plufieurs fois, paroiffent difpofés à le fou tenir. Le Secrétaire d'Etat, Samuel Sumbel, a été condamné à une amende de 15,000 piaftres fortes; on doit l'appliquer aux ouvrages de Mogador, auxquels le Roi veut le faire travailler lui-même. On attribue fa difgrace à la partialité qu'il a témoignée pour les Hollandois, & au confeil qu'il a donné qu Roi, de faire la paix avec eux moyennant une fomme d'argent. On écrit cependant que cette disgrace ne fera pas de durée; on dit déja que l'amende a été modérée à 10,000 piaftres, & on ne feroit pas éronné de le voir rentrer en faveur.

ANGLETERRE.

De LONDRES, le 21 Août.

ON commence à penfer ici comme à Paris de la dernière expédition de l'Amiral Keppel, la Cour a jugé à propos d'appeller cela du nom de victoire, & pour le perfuader, elle a fait faire des illuminations. à Kew; le Capitaine Faulkener, qui en a apporté la nouvelle, a reçu un préfent de 300 guinées, & cette dépenfe & ces réjouiflances n'ont pas convaincu la Nation On ne peut le refuser à cette observation, lit-on dans un de nos papiers, c'est que dans la plupart des victoires complettes que nous avons rem◄ portées fur mer pendant la dernière guerre, nous avons pris, détruit ou coulé à foud un bon nombre de vaiffeaux ennemis ; au lieu que dans l'affaire du 27 Juillet dernier, affaire dont nous nous fommes

fi follement enorgueillis, nous n'avons pas pris, détruit ou coulé à fond une feule barque Françoife, & que nos vaiffeaux, d'après l'état de leurs mâts, de leurs vergues & de leurs voiles, n'ont pas pû pourfuivre l'efcadre Françoife, qui, au rapport de notre Amiral, avoit été fi bien battue. » Nos Miniftres, dit-on dans un autre, on montré tant de joie à l'arrivée du Capitaine Faulkener, qu'avant de fe donner le temps d'examiner la nature des dépêches de l'Amiral, ils ont envoyé des Exprès dans les différentes parties du Royaume, avec une relation de la victoire complette remportée fur les François. Un de ces Exprès fut expédié au Général Keppel, frere de l'Amiral, au camp de Coxheath, & tout auffi-tôt on y fit les plus grandes réjouiffances; mais ces tranfports, cette ivreffe, ne durèrent qu'un moment. Le public fut bien déconcerté en voyant dans la Gazette de la Cour, la perte confidérable que nous avions faite, & quand il fut que toute l'efcadre Françoise étoit rentrée à Brest fans en excepter un feul vaiffeau, & que probablement cette efcadre n'avoit pas été plus battue que la nôtre. En effet, tout homme qui a des yeux voit dans cette affaire tout autant de fujet de s'attrifter que de fe réjouir «.

L'efpérance de la Nation eft actuellement que l'Amiral Keppel prendra fa revanche; on affure que s'il y parvient par un fuccès marqué, il fera fait Pair du Royaume, & nommé à une des places de Lord de l'Amirauté; on dit qu'il eft bien résolu de mériter au plutôt ces diftinctions; tous nos papiers ne parlent depuis quelque temps que des foins qu'il le donne pour réparer fa flotte; ils avoient même annoncé qu'elle mettroit à la voile le 14 de ce mois; mais vraisemblablement ils n'étoient pas inftruits du véritable état de fes vaiffeaux, dont la plupart ayant perdu leurs mâts de hune, & fouffert beaucoup dans leurs agrêts & dans leurs voiles, ont exigé des réparations confidérables, des remplacemens à neuf, qui

ont demandé plus de temps. Ce qu'il y a de sûr, c'eft que cette flotte étoit encore en rade hier dans la baye de Cauzan, devant le port de Portsmouth. On fait feulement que quelques vaiffeaux font partis fucceffivement pour croifer dans différens endroits, ou épier les mouvemens de la flotte Françoise, & nos fpéculatifs fe font empreffés d'imaginer & de publier que la flotte mettroit en mer en détail pour en impofer aux ennemis, & les farprendre s'il eft poflible.

Au milieu de tout ces préparatifs de guerre, on ne ceffe pas cependant de parler de paix ; on continue d'affurer que le Marquis d'Almodovar y travaille avec beaucoup d'ardeur; mais il ne tranfpire rien du réfultat de fes négociations; on remarque qu'il ne fe preffe pas de faire mettre fon hôtel dans un état qui pourroit indiquer qu'il fera un long séjour ici; on connoît l'état de la marine de l'Espagne; elle a déja 29 vaisseaux de ligne, & dans peu de femaines elle en aura 40; on ne peut pas fe flatter qu'elle employe ces forces à notre fervice; & on ne doute point, fi les négociations échouent, que S. M. C., croyant avoir affez fait pour l'amour de la paix, ne diffère plus à remplir les engagemens qu'elle a pris par le pacte de famille. » Quoique la flotte du Mexique foit arrivée, difent nos Politiques, celle qu'on appelle proprement la flotte des gallions ne l'eft pas encore, & fa cargaifon monte à environ 11 ou 12 millions de piaftres fortes. Cette circonftance peut donner la clef du langage pacifique qu'a tenu jufqu'à préfent l'Ambaffadeur d'Espagne. Il eft poffible que l'arrivée de ces gallions faffe changer de ton à ce Miniftre. C'est au moins une chofe qui mérite toute l'attention du Gouvernement, d'autant mieux qu'à en juger par les difcours de les Gazetiers, il ne fait pas un mot de cette feconde flotte qu'attendent les Ef pagnols ".,

Plufieurs papiers répètent les mêmes observations & y ajoutent: felon quelques-uns, la Cour a réfolu

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de rappeller le Comte de Grantham, & le Marquis d'Almodovar eft de fon côté fur fon départ. Selon d'autres, le Comte d'Aranda a reçu à Paris un Courier de Madrid, chargé de la copie d'un traité de commerce entre l'Espagne & l'Amérique, & nouvelle de l'arrivée heureufe à leur deftination des 4 millions que fa Cour a envoyés aux Etat-Unis. Si ces papiers femblent ôter toute efpérance de paix, il y en a d'autres qui font des efforts pour en donner; mais la manière dont ils s'y prennent n'eft pas propre à infpirer beaucoup de confiance. » Le 25 du mois dernier, lit-on dans un, il eft arrivé ici de Paris un François de diftinction. Il loge dans Suffolck-Street Charing Croff; il s'eft promené quelquefois avec Mylord North, & Mylord Sandwich; il paffe en général pour un chargé des affaires à la mode du temps, qui a apporté quelques réponses officielles, à quelques propofitions officielles, faites par notre Miniftère à celui de France «<.

Du côté de l'Amérique, ce que l'on avoit prévu eft arrivé; on n'a plus aucune espérance de la voir rentrer dans la dépendance, & on fe voit dans l'impoffibilité de l'y forcer ; il s'agit à présent de reconnoître les Etats-Unis pour des Etats libres; & on prétend que dans trois semaines le Parlement fera affemblé pour autorifer le Roi à donner à fes Commiffaires les inftructions néceffaires en conféquence. Cette démarche, dont on fent la néceffité, n'est pas vue de bon œil. Elle prouve, difent nos Politiques, l'aveuglement de nos Miniftres, qui n'ont jamais voulu voir jufqu'à préfent qu'ils y feroient réduits. Le Duc de Richemond l'avoit prévu & dit, dans la Chambre-Haute, il y a 6 mois. Lorsqu'il propofa un bill comme le feul moyen de rétablir l'honneur de Ja patrie & de la fauver, on lui répondit par un éclat de rire général, & le Lord Lyttleton, à la tête des partifans du Miniftère, avança que ce projet étoit chimérique & deshonorant pour l'Angleterre.

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Aujourd'hui l'on eft obligé de l'adopter, dans des circonftances où nous avons été devancés par nos ennemis naturels, & après avoir dépensé quelques millions de plus. On a refufé de traiter avec l'Amérique, parce que la dignité de la Métropole ne lui permettoit pas de traiter avec des rebelles; où eft à préfent cette dignité qui eft forcée de reconnoître f'indépendance de ces rebelles? Cette guerre n'a été occafionnée que par nos fottifes, & nous l'avons foutenue avec auffi peu de fageffe que nous l'avons commencée. En 1776, quelques Membres du Parlement prévirent que la France profiteroit infailliblement de nos querelles avec l'Amérique. Le Lord North déclara qu'une pareille idée étoit extravagante, & que nous ne devions point entrer en guerre avec nos amis fans motifs, fi nous ne voulions pas avoir route l'Europe fur les bras. Le Lord North avoit raifon; nous avons fait la guerre à l'Amérique fans fujet, & elle s'est déja fait tant d'amis, fans ceux qu'elle attirera encore à son parti, que fi nous voulons nous battre avec tous les alliés, nous aurons pour ennemis à peu près tous les peuples de la

terre«.

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On débite comme une chofe sûre, que le dernier vaiffeau parti pour l'Amérique, a porté au Général Clinton l'ordre d'évacuer New-Yorck; on eflayera de garder, fi l'on peut, Rhode-Ifland & Halifax, qui feront les deux feules places d'armes que nous aurons en Amérique, & que nous ne pouvons pas nous flatter de conferver. Le Général Clinton embarquera toutes les troupes qui reviendront en Angleterre, où elles font devenues néceffaires. On ne manque pas de donner dans les papiers Royaliftes un état exagéré de nos forces en Amérique. S'il faut les en croire', elles montent à 559 bâtimens armés de toute grandeur, ayant à bord 6541 marins, & à 36,000 hommes de troupes de terre. Mais dans ces états, on compte l'efcadre de l'Amiral Byron, qui n'est pas

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