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cercle de Leutmeritz; les deux armées Pruffiennes, placées l'une & l'autre par ce moyen, à la droite de I'Elbe, devoient avoir plus de facilité pour agir de concert, & pour se joindre, en cas de néceflité. Pour l'exécuter, il fe mit en marche le 27 avec la plus grande partie de l'armée combinée de Prufle & de Saxe; le 28, il paffa l'Elbe près de Pirna, & marchant par Stolpen & Neustadt jufqu'en Bohême, il s'avança par Rombourg jufqu'à Gorgenthal. La difficulté des chemins, qu'on avoit jugés impraticables & qu'en effet aucune armée n'avoit encore franchis, avoit empêché de foupçonner qu'il pût prendre la route qu'il s'eft ouverte. Le Général Laudon, incertain des projets du Prince Henri, avoit envoyé le Prince de Lichtenstein avec 20,000 hommes à Auffig, & le Général Giulay, avec dix mille vers Gabel. C'est une partie de ces derniers que le Lieutenant-Général Belling attaqua la nuit du 31 Juiller au premier de ce mois, & qu'il repouffa. Le 3, le Général Mollendorff, qui avoit fuivi le Prince Henri le 29, & dont les mauvais chemins retarderent la marche, campa à Kemnitz; les Saxons s'établirent à Gabel, & le Général-Major Podjurski occupa le Château de Krottau. Le 4, l'armée prit le camp de Schwoika, & fes patrouilles découvrirent que l'armée du Maréchal de Laudon s'étoit retirée jufqu'au-delà de l'Ifer. Les relations de cette expédition, publiées à Berlin, portent qu'elle a coûté peu de monde à l'armée Pruffienne, qui a fait prifonniers 30 Officiers & 1500 hommes, & a pris 3 canons 3 drapeaux, la plupart des régimens de Geifruck & de Caprara.

Selon les derniers avis de Bohême, le Prince Henri avoit, le 7 de ce mois, fon quartier-général à Schwoika; le Général Mollendorf étoit près de Langenau, le Lieutenant-Général de Belling à Wartemberg, & le Colonel d'Ufedom, près de Grobern. L'ennemi, qui reculoit à mesure que l'armée

l'ar

s'avançoit, avoit déja abandonné Tetschen, Toplitz, Auffig & Leutmeritz, dont les Pruffiens ont d'abord pris poffeffion, ainfi dau, Leipa, Reichstadt, Mimes, Olchwitz, Krotdes mines de Sanque tau. Le Prince Henri, lit-on dans des lettres de Leipfick, a écrit à l'Electeur de Saxe, doit fon entrée en Bohême comme équivalente au qu'il regargain d'une bataille. Les progrès qu'il a faits, le mettent en effet en état de joindre par une marche de 2 à 3 jours à travers le cercle de Buntzlau, mée du Roi fon' frere, près d'Arnau. La proximité des quatre grandes armées & leur pofition délicate ne peuvent pas manquer d'amener bientôt de grands évènemens. » Le Feld-Maréchal de Laudon, écrit-on des frontières de la Bohême, a été obligé d'abandonner fa pofition avantageuse à Leutmeritz, qui le rendoit maître des deux rives de l'Elbe, & où il avoit établi un de ses principaux magasins. Il s'eft retiré du côté de Jung-Buntzlau pour le conserver sa communication avec l'armée de l'Empereur, tandis que le Prince de Lichtenstein, posté à Melnik, au confluent de la Moldau & de l'Elbe, affure celle de Prague. Le Prince Henri paroît, de son côté, ne point vouloir fe borner à agir de concert avec l'armée du Roi fur la droite de l'Elbe; on lui fuppofe le deffein de mettre celle de M. de Laudon entre deux feux, en faisant avancer des forces fur la gauche du fleuve, vers la Capitale. Pour cet effet, un corps de 24,000 hommes, fous les ordres du Général Pruffien, de Platen, & du Général Saxon, Comte d'Anhalt, s'eft mis en marche pour entrer par Gishubel en Bohême. Un détachement, envoyé le 6 à la découverte, en deux divifions, l'une fur Toplitz, & l'autre fur Auffig, ayant rapporté que les deux rives de l'Elbe étoient abandonnées par les Impériaux, on fit partir le 7 au foir deux régimens de cavalerie Saxone & un de carabiniers, faifant l'avantgarde d'un corps qui les fuivit le 9 à 4 heures du

matin. On affure que ce corps a déja garni Toplitz, Dun & Auffig. Si ce corps continue la marche par Billin, Lowofitz, Budyn & Welwarn, la ville de Prague feroit bientôt menacée. Si le Maréchal de Laudon ne peut parvenir à arrêter l'armée de Pruffe & de Saxe, l'Empereur fera forcé d'abandonner fon camp fortifié & avantageux de Konigsgratz ; & les mouvemens que le Prince Henri a fauts, paroiffent avoir eu principalement ce but, parce que le Roi de Pruffe voyoit l'impoffibilité de l'y attaquer avec fuccès. Un avantage certain que le premier retirera du moins de fes progrès, c'eft qu'étant maître de l'Elbe depuis Leutmeritz jufqu'à Tetschen, il pourra tirer aisément ses vivres par eau de la Saxe & du pays de Magdebourg.

Fin du Manifefte du Roi de Pruffe.

» C'est donc S. M. I., comme co-Régent, qui a notoirement entrepris, qui dirige & foutient tout le démembrement de la Bavière-, mais elle ne fait rien comme Empereur pour ramener cette affaire importante aux voies légales. Selon l'article 3 § 3 & l'article 11 § 21 de la capitulation, l'Empereur a promis, que dans toute affaire importante concernant l'Empire & pouvant être de grand préjudice, ou avoir de grandes fuites il fe ferviroit du Confeil des Electeurs, & felon l'occafion, de celui des Princes & des Etats de l'Empire, & qu'il n'entreprendroit rien fans eux. Or, fi jamais il y a eu dans l'Empire une affaire importante, & d'une conféquence étendue, c'est bien assûrément la fucceffion de Bavière. Il ne s'agit pas de moins que de la confer vation ou du démembrement d'un Electorat, & de deux Duchés confidérables de l'Empire, & par les fuites néceffaires, même du maintien ou de la deftruction de toute la conftitution de l'Empire. Qn auroit ainfi dû s'attendre que S. M. I. n'entreprendroit DS

rien dans cette importante affaire, fans la concur rence de l'Empire, mais qu'au contraire elle l'auroit porté à la Diète, cependant rien de tel ne s'eft fait . depuis la mort de l'Electeur de Bavière, & les cinq mois qui fe font écoulés depuis.

» La paix de Weftphalie ayant affuré à la maifon Palatine la fucceffion de Bavière, & nommément la réverfion du Haut-Palatinat ; le démembrement qu'on fait de ces deux pays, eft une contravention manifefte de ce traité & de l'article 4 §. 13 de la capitulation, par lequel S. M. I. a promis de maintenir la paix de Weftphalie, & de n'y pas contrevenir elle

même.

La manière dont ce démembrement a été exécuté, eft encore directement contraire à l'article 21, §. 6, 7, 8, de la capitulation, par lefquels S. M. I. a promis de ne faire valoir fes prétentions que par la voie de la juftice ordinaire, fans jamais recourir à la violence en aucune façon.

» Il n'eft auffi guère à concilier avec les conftitu tions de l'Empire & la capitulation Impériale, nommément avec l'article 11, §. 10, 11, que S. M. l'Empereur, dans fes lettres-patentes du 16 Janvier ait de fa propre autorité déclaré pour fiefs mafculins. dévolus à l'Empire, le Landgraviat de Leuchtenberg, les Comtés de Wolffftein, Haag, Schwabeck, Hals & autres diftricts faisant partie de la fucceffion de Bavière, & que ce Prince les ayant fait occuper par les troupes de fa maifon, s'y foit déja fait rendre hommage. Comme il n'eft encore nullement décidé que ces diftricts foient vraiment des fiefs mafculins ouverts à l'Empire, & qu'il eft plutôt très-probable qu'ils appartiennent ou à la totalité du fief mafculin Bavarois, ou à la fucceffion allodiale, on auroit dû s'attendre que S. M. I. eût laiffé l'Electeur Palatin, comme héritier univerfel, en poffeffion de ces pays, & qu'elle cût enfuite fair examiner & décider d'une manière conforme aux conftitutions de l'Empire,

fi les districts en question appartiennent, ou au fief mafculin Bavarois ou à l'allodial, ou sils font en effet dévolus à l'Empire comme fief ouvert. Le dernier point conftaté, il auroit été feulement queftion d'agiter, s'il falloit faire de ces fiefs un domaine de l'Empire, ou s'ils devoient être conférés à d'autres. Ce dernier arrangement ne peut avoir lieu felon l'article 11 §. 21 de la capitulation Impériale, que du confentement des Electeurs & des Princes de l'Empire.

» Il eft donc fuffisamment conftaté, par tout ce qui a été expofé & prouvé, que la Cour de Vienne démembre la Bavière d'une manière arbitraire & inouie dans l'hiftoire d'Allemagne ; qu'elle ne le fait qu'à l'ombre d'une prétention nullement valable; qu'elle fait valoir cette prétention d'une manière illégale & la plus contraire à la conftitution Germanique; qu'elle a ôté à la maifon Palatine la jufte poffeffion de fon patrimoiné par la menace & par l'envahiffement de la Bavière; qu'elle prive par-là la maifon Palatine & celle de Saxe d'une fucceffion inconteftable, & que S. M. l'Empereur autorife & foutient toutes ces ufurpations.

Si cette acquifition réuffiffoit à la Cour de Vienne, le refte de la Bavière fuivroit bientôt, comme elle s'en eft déja ménagé l'occafion, en fe réfervant l'échange de la totalité de la Bavière dans la convention du 3 Janvier conclue avec l'Electeur Palatin & dans le projet de convention propofé au Roi. Quel accroiffement immenfe de Puiffance ne feroit pas l'acquifition illégale du plus important Duché de l'Allemagne, ou feulement de fa moitié, avec la poffeffion des trois grandes rivières du Danube, de I'Ifer & de l'Inn? quelle perfpective pour la confervation de l'équilibre, pour la sûreté & la liberté de l'Empire, après la réuffite d'une acquifition pareille, & après qu'on a déja folemnellement annoncé à la maifon de Brandebourg l'oppofition qu'on veut faire

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