J. B. Rousseau a composé sur le plan de Virgile une Eglogue intitulée Palémon et Daphnis, où l'on trouve une heureuse imitation de ce passage. Gessner en a également profité dans Milon. * L. Quid, quæ te purâ solum sub nocte canentem 50 Insere, Daphni, piros; carpent tua poma nepotes.... » Le chant de triomphe de J. César, hommage flatteur pour Octave, fait allusion à la comète que l'on aperçut dans le ciel pendant les funérailles du dictateur. Le peuple crut y voir son âme reçue dans le séjour des dieux, et Virgile a consacré cet événement comme les poëtes du siècle de Ptolémée ont célébré l'apothéose de Bérénice. Théocrite lui attribue comme à Vénus la vertu d'inspirer les amours: , Πᾶσιν δ ̓ ἤπιος ἄδε βροτοῖς μαλακὼς μὲν ἔρωτας προςπνείει, κούφας δὲ διδοῖ ποθέοντι μερίμνας. Idylle XVII, v. 51. Méris, s'arrêtant tout à coup, s'imagine qu'un charme lui a enlevé la voix. On retrouve cette opinion populaire dans la 14me. Idylle, où Thyonicus dit à sa femme qui ne lui répond pas : * Οὐ φθεγξῇ; λύκον εἶδες, ἔπαιξέ τις, ὡς σοφὸς εἶπεν. Idylle XIV, v. 22. * L L. Causando nostros in longum ducis amores. Agricolæ stringunt frondes, hîc, Mæri, canamus; Dans la peinture du calme du soir, Virgile a placé ce vers de l'Enchanteresse : Ηνίδε σιγᾷ μὲν πόντος, σιγῶντι δ ̓ ἀῆται. Idylle II, v. 38. Bianor, dont on aperçoit le tombeau, est le même qu'Ocnus fondateur de Mantoue. C'est ainsi que Lycidas et Théocrite se rencontrent près du tombeau de Brasidas: Κοὔπω τὰν μεσάταν ὁδὸν ἄνυμες, οὐδὲ τὸ σᾶμα ἁμῖν τῶ Βρασίδα κατεφαίνετο· καί τιν ̓ ὁδίταν ἐσθλὸν σὺν Μοίσαισι Κυδωνικὼν εὕρομες ἄνδρα, ὤνομα μὲν Λυκίδαν. Idylle VII, v. 10. Théocrite fait la même proposition à Lycidas que le berger de Virgile à Méris : Αλλ ̓ ἄγε δὴ, ξυνὰ γὰρ ὁδὸς, ξυνὰ δὲ καὶ ἀὼς, βωκολιασδώμεσθα· τάχ ̓ ὤτερος ἄλλον ὀνασεῖ. Idylle VII, v. 35. Méris, troublé par d'autres soins, suspend ses chants jusqu'au retour de Ménalque qui attend la décision d'Octave. Le poëte grec, libre de toute entrave, a prolongé plus long-temps le dialogue, et l'a couronné par le riant tableau de la fête des moissons, dont Virgile a reproduit quelques passages dans les Eglogues de Tityre et de Daphnis, v. 47 et 65. ÉGLOGUE DIXIÈME. GALLUS. SUJET. Cornelius Gallus, poëte distingué, condisciple de Virgile et favori d'Octave, étoit inconsolable de l'infidélité de la comédienne Cytheris qui l'avoit abandonné pour suivre un autre amant. Virgile le représente au fond de l'Arcadie, entouré de tous les dieux champétres, et livré au délire de sa passion, comme l'ancien Daphnis chanté par Théocrite. La première moitié du tableau est exactement calquée sur l'Idylle grecque; mais dans la seconde, qui n'appartient qu'à Vir gile, il a déployé une si grande richesse de poésie, une gráce si aimable et si touchante que cette composition est regardée à juste titre comme le modèle le plus exquis de la pastorale. BUCOLIQUES. ÉGLOGUE X. 103 EXTREMUM hunc, Arethusa, mihi concede laborem. Par cet exorde doux et affectueux, le poëte prépare les amis de Gallus et l'infidèle elle-même, désignée sous le nom de Lycoris, à s'attendrir au récit de ses douleurs. Il invoque la nymphe Aréthuse témoin jadis de la mort de Daphnis, et rappelle son union mystérieuse avec l'Alphée, décrite par Mos chus dans sa 7me. Idylle: Αλφειός, μετὰ Πῖσαν ἐπὴν κατὰ πόντον ὁδεύῃ, ἔρχεται εἰς Ἀρέθοισαν ἄγων κοτινηφόρον ὕδωρ, ἔδνα φέρων καλὰ φύλλα καὶ ἄνθεα καὶ κόνιν ἱράν· καὶ βαθὺς ἐμβαίνει τοῖς κύμασι· τὰν δὲ θάλασσαν νέρθεν ὑποτροχάει, κοὐ μίγνυται ὕδασιν ὕδωρ. Moschus, Idylle VII, v. I. Homère nomme Aréthuse dans l'île d'Ithaque, et cite deux fleuves de Thessalie qui coulent ensemble sans confondre leurs eaux (Odyssée XIII, v. 408; Iliade 11, v. 751). Voltaire a imité ce passage (Henriade, ch. IX, v. 270). * Quæ nemora, aut qui vos saltus habuêre, puellæ 10 Naïdes, indigno cum Gallus amore periret? Nam neque Parnassi vobis juga, nam neque Pindi Ulla moram fecêre, neque Aonie Aganippe. |