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SUR

LA PHYSIQUE,

SUR L'HISTOIRE NATURELLE

ET SUR LES ARTS,

AVEC DES PLANCHES EN TAILLE-DOUCE,
DÉDIÉ ES

A Mgr. LE COMTE D'ARTOIS;
PAR M. l'Abbé ROZIER, de plufieurs Académies, & par
M. J. A. MONGEZ le jeune, Chanoine Régulier de la
Congrégation de Sainte-Geneviève, des Académies Royales
des Sciences de Rouen, de Dijon, de Lyon, &c. &c.

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AU BUREAU du Journal de Physique, rue & Hôtel Serpente.

M. D C C. L X X X I.

OBSERVATIONS

E T

MÉMOIRES

SUR

LA PHYSIQUE,

SUR L'HISTOIRE NATURELLE,
ET SUR LES ARTS ET MÉTIERS.

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NOUVELLE CONSTRUCTION D'ALAMBICS Pour faire toute forte de Diftillation en grand, avec le plus d'économie dans l'opération, & le plus d'avantage dans le résultat, en deux Parties : la première contenant fon application à la diftillation des Eaux de vie ; la feconde celle à la dessalaison de l'Eau de la Mer à bord des vaisseaux (1).

INTRODUCTION SUR LA DISTILLATION EN GÉNÉRAL.

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I. UOIQUE l'Art de la diftillation foit d'une grande antiquité quoiqu'il ait été décrit par Giber, Chymiste Arabe, dès le huitième

(1) La première idée de la machine diftillatoire dont il fera queftion dans cet Ecrit, remonte à l'année 1770. Il en fut d'abord exécuté différens modèles en petit, & notamment un dans le mois de Janvier 1773; enfin, peu de temps après, par les ordres

fiècle, & qu'on puiffe par conféquent lui affigner une origine plus reculée, on ne peut douter cependant qu'il ne laiffe encore beaucoup à defirer.

2. Ce n'eft pas que prefque tous les Chymiftes, depuis Giber, ne fe foient occupés de la diftillation; que plufieurs d'entr'eux n'aient essayé de

de M. de Boynes, alors Miniftre de la Marine, la machine fut exécutée à Paris en grand, à peu près dans les proportions de celle représentée dans les planches ci-. jointes. Cette machine a été foumile alors à des épreuves multipliées, fous les yeux de plufieurs Membres de l'Académie Royale des Sciences, de nombre de perfonnes diftinguées par leurs connoiffances & par leur rang (1), & le fuccès en a été complet.

Il y a donc plus de fix ans (2) que cet Ouvrage auroit pu être publié, fi on cût été moins jaloux de ne donner que des réfultats certains, fondés fur la théorie & confirmés par l'expérience.

Pendant qu'on étoit ainfi occupé de recherches & d'expériences, le Capitaine Conf tantin - John Phipps a publié à Londres un Ouvrage in-4, intitulé: A Voyage towaras the north pole undertaken by his Majeftys command in 1773. London, 1774 On y trouve la defcription d'une machine diftillatoire, de l'invention du Docteur Irving deftinée à deffaler l'eau de la mer; elle confifte en un long tuyau de métal, adapté par un bout à une chaudière, & qui communique de l'autre avec un vafe ou récipient. On entretient l'eau de la chaudière bouillante, & on rafraîchit continuellement le tuyau avec des torchons imbibés d'eau fraîche. On y peut voir (pag. 20, & fuivantes) le defcription qu'en a donné le Docteur Irving lui même (3). Sans entrer dans le détail des inconvéniens de cette méthode, de l'embarras qu'elle entraîne, & de l'effet médiocre qu'on doit en attendre, il fera aifé de reconnoître combien elle a peu de rapport avec celle qu'on publie aujourd'hui.

Ce qui paroítra fans doute très digne de remarque, c'eft que, d'après un article inféré, pages 217 & 218 de l'Ouvrage du Capitaine Phipps, on diroit, d'après les propres paroles du Docteur Irving qu'il rapporte, que ce dernier avoit quelque connoiffance du principe dont on fe propofe de donner l'application dans cet Ouvrage; bien plus, en comparant les dates des expériences faites à Paris, avec le temps de fon départ on s'appercevra qu'il ne feroit pas impoffible qu'il n'eût eu, avant de s'embarquer, communication de ce qui fe paffoit à Paris. Ce qu'il y a de très-certain, c'eft que la machine dont on donne ici la defcription, a été publique à Paris, & expofée aux yeux des Phyficiens pendant tout le cours de 1773, tandis que l'Ouvrage du Capitaine Phipps n'a été imprimé qu'en 1774.

Au refte, quand on fuppoferoit que le Docteur Irving a eu connoiffance, avant fon départ, de la méthode qu'on expofe ici, il y a apparence qu'il ne lui eft parvenu que des notions incertaines & peu détaillées, qui n'ont fervi qu'à l'égarer; car on ne pourroit pas concevoir autrement, comment il auroit pu préférer un moyen évidemment défectueux, à un autre beaucoup plus fimple, & qui n'eft fufceptible d'aucun

inconvénient.

(1) M. Turgot, alors Intendant de Limoges, depuis Contrôleur Général des Finances; M. Trudaine, Confeiller-d'Etat, Intendant des Finances; M. Montigny; M. Macquer; M. Leroy ; M. Lavoifier; M. Defmarets, & plufieurs autres.

(2) On écrivoit ceci en 1776.

(3) L'on a inféré auffi dans le Journal de Phyfique de M. l'Abbé Rozier, mois d'Octobre 1779, p. 318, la defcription de cette machine avec le plan d'une autre affez différente, du même Docteur Irving, pour le même effet.

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faire des changemens, des additions, des modifications aux appareils diftillatoires ufités de leur temps: mais il paroît en même temps qu'ils fe font toujours tenus renfermés dans 1: cercle étroit des premières idées. Les Cucurbites ont toujours confervé la figure de la courge ou calebaffe à l'imitation de laquelle ont été formés les premiers modèles, & dont ils ont emprunté leur nom. On s'eft contenté de les alonger, de les raccourcir, d'en rétrécir ou d'en élargir l'ouverture: mais le fond n'a pas changé. De même l'alambic, garni de fon chapiteau, eft encore aujourd'hui l'homo galeatus, l'homme couvert d'un cafque, dont parlent les anciens Alchymiftes. 3. Le

peu de progrès de l'Art de la diftillation, vient, fans doute, de ce que la plupart des Chymiftes ont envifagé cette opération plutôt relativement à l'objet philofophique, qu'à l'objet économique. C'étoit affez pour eux de parvenir au but de leur opération par une méthode exacte & commode; il leur importoit peu qu'elle fût un peu plus longue & un peu plus difpendieufe.

4. Il n'en eft pas de même relativement aux Arts. Le problême à réfoudre n'eft pas feulement de produire un effet quelconque, mais, s'il eft permis de s'exprimer ainfi, de parvenir au maximum de l'effet, & au minimum de la dépenfe. La folution de ce problême n'intéreffe pas feulement les Particuliers, elle intéreffe l'Etat lui même : c'eft d'elle en effet que dépend la chûte ou le fuccès de prefque tous les Etabliffemens relatifs; c'eft elle qui établit la balance entre le commerce de Province à Province, de Nation à Nation; c'eft elle enfin qui rompt l'équilibre & la concurrence, ou qui les

rétablit.

5. S'il eft un Etat où l'Art de la diftillation ait une liaifon intime avec le commerce national & avec le fyftême politique du Gouvernement, c'est fur-tout en France où, premièrement, cet Art, appliqué à la converfion des vins en eaux de-vie, forme une branche de confommation confidérable dans l'intérieur du Royaume, un objet d'exportation à l'extérieur, enfin un produit confidérable pour les revenus du Roi; fecondement, où la Navigation attend de l'Art de la diftillation les moyens de deffaler l'eau de la mer avec plus de fimplicité, de commodité & d'économie, qu'on ne l'a fait jufqu'à préfent.

6. On a penfé, d'après cela, que ce feroit bien mériter du Gouvernement François & de l'humanité en général, que de donner des moyens de tirer plus de parti, qu'on ne l'a fait jufqu'à ce jour, des deux agens qui fervent à opérer la diftillation, la chaleur & le refroidiffement; de produire plus d'effet d'une manière plus fimple & moins difpendieufe; enfin, d'appliquer les améliorations dont l'Art de la diftillation eft fufceptible, non-feulement aux Arts, mais encore au deffalement de l'eau de la mer.

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