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104. Mot singulier de Whitfield.

On reprochoit à M. Whitfield d'avoir consacré aux hymnes qui se chantoient dans son église, des airs connus pour appartenir à quelques chansons mondaines: "Voudriez-vous," dit-il,

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que le diable fut en possession de tous les "beaux airs?"

105. Joli distique d'Amalteo.

Une jeune et jolie fille, borgne de l'œil droit, avoit un frère borgne de l'œil gauche. Voici un distique par Amalteo sur ce sujet, digne des beaux temps de la Latinité :

Blande puer! lumen quod habes concede sorori;
Sic tu cœcus Amor, sic erit illa Venus,

106. Trois générations étonnantes.

M. de la Musanchère, Evêque de Nantes, est mort à 80 ans : son père avoit 81 ans quand il vint au monde, et son grand-père avoit 84 ans quand son père naquit; en sorte qu'il y avoit 245 ans entre la naissance de son grand-père et sa mort,

107. Bon mot de M. de Gouvernet.

M. de Gouvernet dinant un jour, en 1793, à Londres avec la Chevalière d'Eon, dans le temps qu'elle parloit d'aller en France se mettre

à la tête d'une légion, lui demanda si ce seroit une légion de poissardes ?

108. Prompte repartie d'un Suédois.

Dans le temps que le Roi de Suède étoit à Paris, en 1771, une Dame disoit de lui à un Suédois: "Votre Roi est une tête"-"Couronnée, "Madame," reprit-il, en l'interrompant.

109. Système du Beau.

De tous ceux qui ont traité du beau, le Père André, Jésuite, est le seul qui en ait donné des idées claires, et qui ait posé des principes sûrs pour le discerner. Platon, parmi les anciens, discute ce sujet dans son dialogue d'Hippias; mais après avoir pendant long-temps dit ce que le beau n'est pas, il vous laisse dans l'ignorance sur ce qu'il est. Plutarque et S. Augustin ont posé le principe qui constitue le beau. Le premier, dans son discours περι τὸ ἀκούειν, dit: τὸ καλὸν ἐκ πολλῶν οἷον ἀριθμῶν εἰς ἕνα καιρὸν ἡκόντων, υπό συμμετρίας τινὸς καὶ ἁρμονίας ἐπιτελεῖται : (Voy. No. 78). C'est la variété réduite à l'unité par l'harmonie et la symétrie, et c'est cette idée que le Père André a si bien développée dans son ouvrage. S. Augustin avoit aussi avancé que Omnis porrò pulchritudinis forma unitas est. Epist. 18, édit. P. P. Benedict. L'expression de celuici n'est pas aussi complète que celle de Plutar

μεν

que,

mais elle tend au même principe. Voyons en peu de mots comment le Père André a déve loppé l'idée de Plutarque :

Il établit plusieurs sortes de beaux; le beau moral, le beau sensible ou visible, le beau musical, le beau dans les ouvrages d'esprit.

Dans le beau moral, il y a trois sortes de beaux. Le beau moral essentiel, où la conformité du cœur avec l'ordre essentiel, qui est la loi de toutes les intelligences. Le beau moral naturel conformité du cœur avec l'ordre naturel, qui est la loi générale de toute nature humaine. Le beau moral civil, qui est la loi commune de tous les hommes réunis dans un même corps de cité ou d'Etat. Ceci s'applique à toute espèce de Gouvernement; ce sont toutes les volontés se réunis, sant dans une seule. Dans la conduite d'un individu, comme dans la conduite d'un Etat, il faut que toutes les actions tendent à une même fin; c'est donc toujours la variété réduite à l'unité qui constitue le beau.

De même, dans le beau visible, c'est l'accord qui résulte des proportions que la nature ou l'art mettent dans leurs productions; un ensemble de parties, si bien arrangées, à l'aide de la symétrie, que l'on puisse en saisir le tout d'un coup d'œil.

Ainsi, pour le beau musical, toutes les par ties d'un concert, les voix, les différens instrumens, doivent être tellement d'accord, qu'elles forment une belle harmonie, un son que l'oreille puisse saisir comme un seul son.

En suivant ce principe ingénieux, on trouvera qu'il peut s'appliquer également à un ta bleau, à un poème, à un parterre, à un bâtiment, etc. Le livre du Père André, Essai sur le Beau, in-120, n'est pas aussi connu qu'il mérite de l'être; cependant, j'ose dire que c'est l'ouvrage le plus propre à former le goût. Voyez No 78.

110. Sur le goût.

P

Le goût est le discernement du beau. Un vrai connoisseur des arts, qui voit l'ouvrage d'un grand maître, en saisit, au premier coup d'œil, le mérite et les beautés: il peut y trouver ensuite des défauts; mais il vient toujours à ce qui lui a plu; il aime mieux admirer que trouver à redire. Commencer à trouver des défauts où il y a de grandes beautés à saisir, est une preuve sûre de manque de goût. J'ai fait cette remarque pendant le cours de plusieurs années en Italie: tous les jeunes gens cherchoient les défauts dans les plus beaux ouvrages du Corrége, du Guide, de Raphaël, dans la Vénus de Médicis, l'Apollon du Belvédère, le bâtiment de S. Pierre: ceux qui

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profitoient des leçons qu'on leur donnoit, n'y voyoient plus que les beautés. Le ridicule saute aux yeux des enfans; ils n'ont pas encore l'esprit assez formé pour apercevoir les bonnes qualités.

111. Sur les grâces.

Les grâces sont des agrémens qui accompagnent notre maintien, nos discours et nos actions. Elles consistent dans le rapport des attitudes, des gestes, des expressions, des pensées, avec la fin qu'on se propose: c'est le mouvement propre à la chose.

112. Alexandre et César.

C'est grand dommage que le parallèle de Plutarque entre Alexandre et César ne nous soit pas parvenu. Je crois qu'il n'eût pas hésité à donner la prééminence au premier. Une seule considération doit décider la question. Alexandre est mort à 33 ans, et déjà, il avoit fait les grandes choses qui nous étonnent encore; César, long-temps après cet âge, n'avoit encore rien fait de remarquable. Il naquit 100 ans avant Jésus-Christ, et fut tué l'an 44 avant notre ère: il avoit environ 37 ans dans le temps de la conjuration de Catilina; il est encore douteux qu'il ait trempé dans cette conjuration, puisqu'on lui donna à garder un des conjurés. La seule action par laquelle il se fût dis

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