fut communiquée à cette Princesse par Madame la Duchesse de Fitz-james; le voici :

......... On m'assure que cette grande Princesse, également l'objet de ce triomphe (6 Octobre 1789), a soutenu cette journée, qu'elle continue à soutenir les suivantes, qu'elle soutient la captivité de son mari, la sienne propre, l'exil de sas amis, la flatterie insultante des adresses, et tout le poids accumulé de ses malheurs, avec une patience sereine, d'une manière convenable à son rang, à sa naissance, et digne de la fille d'une Souveraine distinguée par son courage et ses vertus; que, comme sa mère, elle a des sentimens élevés; qu'elle paroît sentir avec toute la dignité d'une Romaine, que, dans la dernière extrémité, elle saura éviter la dernière disgrâce, et que, s'il faut qu'elle tombe, elle ne tombera pas par une nain ignoble. Il y a seize ou dix-sept ans que je vis la Reine de France, à Versailles, alors Madame la Dauphine; et sûrement jamais image plus ravissante n'est apparue sur cette terre, qu'elle paroissoit à peine toucher. Je la vis rayonner dans l'horizon, ornant et animant la sphère élevée dans laquelle elle commençoit à se mouvoir; brillante comme l'étoile du matin, pleine de vie, de splendeur et de charmes. Oh! quelle révolution! quel cœur pourroit contempler sans émotion cette élévation et cette chute? Qui l'eût

dit, quand tout en elle inspiroit le respect, l'enthousiasme, et cet amour qui tient de l'adoration, qu'il viendroit un temps où elle seroit obligée de cacher dans son sein un antidote douloureux,* pour se soustraire à l'opprobre? Qui eût pu croire alors qu'elle seroit un jour exposée à des scènes aussi désastreuses, au milieu d'une Nation brave et généreuse, d'une Nation d'Hommes d'honneur et de Chevaliers? J'aurois cru que dix mille épées se seroient élancées des fourreaux, pour punir le moindre regard qui eût eu l'air d'une insulte: mais le temps de la Chevalerie n'est plus; celui des sophistes, des économistes, des calculateurs, est venu, et la gloire de l'Europe est éteinte.

8. Portrait des Jacobins.

Voici encore un passage tiré du même livre, qui présente une belle image; il parle des sociétés de Jacobins Anglois qui s'étoient formées à Londres :

La vanité, la pétulence et l'esprit d'intrigue de plusieurs petites cabales, qui tâchent de couvrir leur peu d'importance par le tracas, le bruit, la jactance, et un échange mutuel de louanges,

* La Reine s'étoit munie d'un poignard.

vous portent peut-être à prendre le mépris tranquille que nous avons de leur capacité pour une approbation générale de leurs opinions; il n'en est rien, je vous assure. Parce que quelques sauterelles, cachées sous l'herbe, font retentir l'air de leurs cris importuns, pendant que des troupeaux nombreux de riche bétail, se reposant à l'ombre du chêne Anglois, ruminent en silence, n'allez pas vous imaginer que ceux qui font le bruit sont les vrais habitans des prairies, ou qu'ils sont en grand nombre, quand ce ne sont en effet que de vils et chétifs insectes, sautillans, incommodes et fâcheux par leur bruit, il est vrai, mais heureusement de courte durée.

9. Guelfes et Ghibelins.

La branche des Guelfes, en Allemagne, s'éteignit en Guelfe III, mort sans enfans en 1055.-Son père Guelfe II (mort en 1047) avoit donné sa fille Cunégonde en mariage à Azo II, Marquis d'Este, maître alors de la Lombardie intérieure, depuis les Etats de Gênes jusqu'à la Mer Adriatique.-Cet Azo II (mort aussi en 1055) eut trois fils: l'aîné fut nommé Guelfe, d'après son grand-père, c'étoit un Italien avec un nom Allemand; à la mort de son oncle Guelfe III, il hérita par sa mère des Etats de Bavière ; c'est de lui que vient la Maison de Brunswick.-Le second fils d'Azo II fut Bertholde, qui épousa

Sophie de Carinthie, et par elle devint héritier des Duchés de Carinthie et de Zaringue: leur fils fut ce fameux Renauld, le héros du Tasse, qui vécut jusqu'à l'âge de cent ans.-Le troisième fils d'Azo II fut Marquis d'Este, et est la souche de la Maison d'Este de Modène.--Les partis des Guelfes et des Ghibelins se sont élevés au commencement du 13° siècle; les premiers étoient pour les Papes, les seconds pour les Empereurs. On donne encore une différente origine à cette querelle, mais celle-ci est la plus probable.-Tant que cette querelle dura, les Ursini étoient à la tête des Guelfes, et les Colonna la tête des qui a tant parlé des Guelfes et des Ghibelins, étoit né en 1265, et mourut en 1321.

Ghibelins. Le Dante,

10. Jules César.

Jules César étoit né l'année 654 de la fondation de Rome, et 100 ans avant Jésus-Christ : I fut tué l'année 710, U. C. âgé de 56 ans, 44 ans avant Jésus-Christ. Sa harangue dans le Sénat fut vers la fin du consulat de Cicéron, 63 ans avant Jésus-Christ: il avoit alors 37 ans, et n'avoit encore rien fait de remarquable, excepté une petite expédition contre des pirates, qui infestoient la côte d'Asie près l'île de Rhodes; il avoit alors 25 ans. On douta s'il étoit entré dans la conjuration de

Catilina, puisqu'on lui donna la garde d'un des conjurés.

11. Maximes nouvelles.

Les hommes aiment la bonté, parce qu'ils en ont besoin.

Ils haissent les vertus opposées à leurs vices. Ils admirent les talens auxquels ils ne peuvent arriver.

12. Liberté naturelle n'existe point.

Long-temps avant que l'on eût agité en France la question de savoir si l'homme étoit né libre, un auteur Anglois, Soame Jenyns, l'avoit décidée d'une manière assez plaisante.-Il est faux, dit-il, que tous les hommes naissent libres; la première infraction de cette liberté, est leur naissance même, à laquelle ils sont assujettis sans leur consentement, ou celui de leurs représentans. Ilest aisé de prouver que l'homme, par sa nature, n'est jamais un être indépendant et libre, depuis le premier jusqu'au dernier moment de sa résidence sur ce globe terrestre. Pendant les neuf premiers mois de son existence, il est confiné dans une prison étroite et obscure, et privé d'air et de lumière, jusqu'à ce qu'enfin, à peine tiré de son cachot par les soins d'un libérateur officieux, on le lie pieds et mains, on le met au pain, à l'eau