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intérieure, l'Etat compte deux sujets, l'un vendeur, l'autre acheteur, et visiblement deux bénéfices; puisque c'est dans ce même Etat que s'est formée la valeur propriétaire qui a vendu, premier bénéfice; et que c'est dans le même Etat encore qu'a été produite par le travail la valeur d'industrie qui a acheté la valeur de subsistance, second bénéfice du même genre.

Un pays qui commerce de ses subsistances, quand il peut en nourrir des ouvriers, ses sujets, donne à autrui sa propre population.

M. Necker, dans les mêmes principes, ajoute: C'est la Pologne, abâtardie par le Gouvernement féodal, qui vend ses grains à l'industrieuse Hollande; c'est l'Afrique, ignorante et barbare, qui vend les siens à Marseilles; c'est l'Amérique naissante qui vend ses blés à l'Europe perfectionnée; c'est la France, éclairée par Colbert, qui les consomme elle-même.-On objecte que les manufactures détournent de la culture des terres, en présentant aux hommes des occupations plus attrayantes; on répond que les artistes ne sont nourris que par les subsistances superflues, qui ne peuvent exister que par la culture; ainsi les arts ne sont pas les rivaux de l'agriculture, mais son encouragement et sa récompense. Les colonies d'une puissance, pour bien remplir les vues

du possesseur, doivent cultiver des productions hétérogènes à celle de leur patrie principale, nécessaires ou utiles aux consommations de celle-ci, et dépendre d'elle pour leur subsistance et autres objets de première nécessité. C'est de ce maintien exact que dépend toute leur utilité.

51. Famille d'Argenson.

On confond souvent les trois d'Argensons, tous trois Ministres d'Etat; en voici l'éclaircissement.

M. d'Argenson, né à Venise (en 1652) où son père étoit Ambassadeur, fut Lieutenant de Police à Paris, ensuite Garde des Sceaux, Ministre d'Etat, et mourut à Paris en 1721.

Marc Pierre d'Argenson, son fils, naquit à Paris en 1696, fut Lieutenant Général de Police, Chef du Conseil du Régent, Conseiller d'Etat en 1724, Secrétaire d'Etat pour la Guerre, Surintendant des Postes; il établit l'Ecole militaire, fut disgracié en 1757, et se retira à sa terre des Ormes en Poitou, où il mourut en 1764.

René Louis d'Argenson, frère du dernier, fut Ministre des affaires étrangères, et mourut en 1756. Il étoit bon politique, excellent citoyen, avoit un esprit agréable, perfectionné par la lec

ture étant réservé par caractère, on l'appeloit, aussi sottement qu'injustement, d'Argenson la bête. Il a écrit les Considérations sur le Gouvernement, 1765, in-8. ; et Loisirs d'un Ministre d'Etat, 2 volumes in-8. 1787. Marc Pierre étoit père du Marquis de Voyer d'Argenson, mort en 1783, que j'ai beaucoup connu.

52. Belle inscription Latine des Alpes.

Un des plus grands ouvrages entrepris dans le siècle dernier, est le passage de la Grotte prè les Echelles, à l'entrée des Alpes; ce passage est taillé dans le roc, qui a de chaque côté plus de cent pieds de hauteur. Il fut fait par Charles Emmanuel, le Grand-père du Roi Victor. Voici une très-belle inscription en marbre, placée en

cet endroit :

Carol. Eman. Sabaudiæ Dux.

Pedem. Princeps, Cypri Rex.

Publicâ felicitate partâ, singulorum commodis intentus, Breviorem securioremque viam regiam a naturâ occlusam, Romanis intentatam, cæteris desperatam,

Dejectis scopulorum repagulis,

Æquatâ montium iniquitate; quæ cervicibus imminebant
Præcipitia pedibus substernèns, æternis
Populorum commerciis patefecit.
Ann. Dom. 1670.

53. Bon mot au sujet du Cardinal de Rohan.* Le Dauphin, père de Louis XVI, disoit dų

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Cardinal de Rohan : C'est un Prélat respectable, un grand Seigneur fort affable, et un drôle bien. découplé.

54. Anecdote ridicule d'un Coiffeur de Paris...

Le Prince Lanti m'a raconté à Rome, qu'étant allé à Paris, il envoya un jour chercher un coiffeur, bientôt après on introduisit dans sa chambre un homme bien mis, et l'épée au côté ; il vouloit à toute force le faire asseoir avant de lui parler; mais l'autre lui ayant dit enfin qu'il étoit le coiffeur, et qu'il venoit pour le coiffer, le Prince s'assit, en lui recommandant de se dépêcher. "Mon Prince," lui dit cet homme," je suis le

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physionomiste! permettez que j'appelle mon "second:" et il fait entrer un garçon perruquier avec tout son appareil. Plaçant ensuite le Prince à sa fantaisie, il l'observe avec attention, le prenant par le menton, pour mieux examiner son visage; puis s'adressant à son second, "Visage à marrons, dit-il : marronnez Monsieur;" et se retira en faisant une humble révérence.

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55. Lettre d'un Officier François après la bataille de Rosback.

Quelques jours après la bataille de Rosback, on intercepta une lettre d'un Officier François qui parut si singulière, qu'on en prit des copies,

qui couroient à Berlin, et l'on se pâmoit de rire en la lisant. Voici la lettre :

"Enfin le jour tant désiré est arrivé. Nous nous sommes mesurés avec le Roi de Prusse, et, " contre notre attente, nous avons été battus à

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plate couture. Notre Colonel a été tué à la "tête du régiment; le Marquis de **, qui étoit "le meilleur de mes amis, a eu la tête empor"tée d'un coup de canon; mais ce sont leurs af"faires pour moi, je me porte bien." On appeloit cela de la gaieté Françoise.

56. Belle lettre du Marquis de Gironde au Roi.

Voici une autre lettre d'un François au Roi, bien différente de celle-ci. Elle fit beaucoup de bruit quand elle parut; elle est noble, hardie, et produisit l'effet désiré. Cette lettre est du Marquis de Gironde, en 1783.

"SIRE,

"Il ne reste plus au Marquis de Gironde, "votre Lieutenant-Général de l'île de France, "qu'à demander par grâce à Votre Majesté ce "qu'elle accorde à tous ses sujets à titre de jus"tice: la liberté de me pourvoir devant mes

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juges naturels pour réclamer mon droit de

l'Ayde de la ville de Clermont, que l'un de vos "Contrôleurs-Généraux m'a enlevé sans pré

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