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vint à entrer. Avez-vous encore à cœur, lui dit S. M., les farcafmes de cet écrivain? — Sire, ils n'ont pas porté jusques-là.

Il a manqué derniérement 800,000 livres à la caiffe de la Marine, pour fubvenir au paiement des dépenses du mois. M. de Sartine ne voulant point avoir recours à M. Necker, a demandé cette fomme à un Financier de fes amis qui la lui a envoyée d'abord.

Les amis du Directeur des finances affurent que le tréfor royal eft fort riche, & que pour cette raifon, l'emprunt projetté de cent millions fera différé. Cela eft poffible, mais je croirois plutôt que M. Necker eft effrayé des cris parlementaires contre fes opérations. 11 follicite tant qu'il peut, d'être fait Confeiller d'Etat, pour pouvoir prendre féance au Confeil fans le titre de Contrôleur-général qu'à cause de fa religion, il ne doit point avoir mais on oppose encore des difficultés à ce vœu comme à tous ceux qu'il a formés jusqu'à préfent.

Le Chancelier de Maupeou vient de recevoir la permiffion de quitter fon exil pour venir habiter à Paris l'hôtel de la Chancellerie de France & même, s'il le veut, de fréquenter la Cour, mais fans fonctions. On fait des conjectures à ce fujet, mais je n'y crois pas.

Ayez la bonté, Monfieur, d'inférer dans votre collection, ces vers charmans que M. Imbert vient d'adreffer à M. Duport, musicien du Roi de Pruffe, qui a eu l'honneur de jouer du violoncelle devant notre charmante.

Reine, vous les trouverez ingénieux & bien exprimés.

O toi qui charmes le repos

D'un Prince, à qui le ciel donna pour héritage,
L'efprit & la plume d'un fage,

Avec la valeur d'un héros !

Cette Reine, Duport, dont la France eft fi fiere,
Qui par l'amour a confacré fes loix,

A donc voulu t'entendre? ah! poursuis ta carriere.
Les amphions font faits pour l'oreille des Rois.
Mais une Souveraine & fi belle & fi tendre,
Senfible à tes accords fiers & mélodieux,

Forme un tableau qu'on ne peut rendre. Quand tu charmois l'oreille, elle enchantoit les yeux. C'eft un plaifir digne des dieux, Que de la voir & de t'entendre.

De Verfailles, le 13 Septembre 1778.

ON ne fait point encore fi le Roi s'eft décidé à ne plus rendre les démiffions à Meffieurs de Rouen, mais ceux-ci montrent le même courage & la même réfignation qu'avant leur démarche désespérée. Cette Cour eft aimée & vénérée à Rouen & dans la Province de Normandie; vous en conclurez aifément quel trouble & quelle défolation y regnent en ce moment, quoique le fervice public y foit continué. Une circonftance favorable au Gouvernement & qui pourra l'enhardir à n'être pas indulgent, c'est la quantité de troupes qui campent dans cette Province, & qui préviendront tous les mouvemens populaires.

Une autre circonftance, c'eft qu'avant le grand œuvre du Chancelier Maupeou, tous les Par lemens prétendant ne former qu'un feul & même corps, faifoient cause, commune & intervenoient pour celle des parties qui avoit befoin d'être défendue ou fecondée. Le Gouvernement alors accablé par des remontrances ou s'effrayant des défordres & de l'interrup tion du cours ordinaire de la juftice, étouffoit fon humeur & plioit. Depuis le rétablis fement, il femble que Meffieurs de Paris comme Meffieurs des autres Provinces, se font propofés de vivre chacun pour foi & de ne pas s'immifcer dans les affaires d'autrui, car les Parlemens n'ont rien fait ni en faveur du Parlement de Grenoble qui eft en guerre depuis quatre ans, ni en faveur de celui de Rouen qui l'a entamée depuis quelques mois, & en ce moment même, le Parlement de Paris qui autrefois fe feroit offenfé du filence que le Roi vient de lui imposer, enfuite des représentations de cette Cour fur les abus des lettres de cachet, &c. paroît vouloir en refter là & fe foumettre très-respectueusement. En général, Meffieurs ont reconnu que leur anéantiffement eft poffible & peut s'opérer fans que l'enfemble du Royaume en fouffre, & c'en eft affez pour les contenir dans les bornes de prudence & de modération qu'ils dépaffoient fi légèrement autrefois. Les anti-Parlementaires confeillent à nos Miniftres de profiter de cette premiere occafion pour mettre la Normandie fur le pied de Pays-d'Etats comme la Bretagne, & d'y effayer la forme d'administration

des finances, déjà réfolue pour la Province de Berry. Tout cela eft plus aifé à dire qu'à exécuter.

Les gazettes vous auront appris le jugement du grand procès entre le Duc de Bouillon & le Comte de la Tour d'Auvergne. Depuis qu'il a été décidé que le Duché de Château Thierry appartiendroit au Duc de Bouillon, ce Seigneur a emprunté fur ce Domaine. un million pour combler de biens une fille de l'opéra, nommée Mlle. la Guerre. Le Roi ayant : été informé de ce nouveau défordre, a exilé le Duc à une de fes terres en Normandie.. Le Comte de la Tour d'Auvergne ne fe con duit point avec plus d'économie..

La Reine a fait cette réponse à une lettre de la Princeffe de Guémenée, nommée gou-, vernante des enfans, & qui eft allée voir la, Hollande & les Pays-Bas.

» Votre lettre m'a fait le plus grand plai » fir, mais ne différez pas votre retour, » qui me cause beaucoup d'impatience. C'est » une mere qui s'y intéreffe, une amie qui » vous attend, & une Reine qui vous de» mande. »

Le Roi ayant vu dimanche à fón lever l'ancien Evêque du Puy, qui a fait l'Oraison funebre de l'Archevêque de Rheims & en même temps l'Evêque de Senez qui a fait celle du Cardinal de Broglie, dit au premier : Votre Oraifon eft très-pathétique, & au fecond: Votre Oraifon eft fort confolante. Ce mot a été trouvé bon & remarqué comme faifant allusion à Faffliction que la perte de M. de Broglie a

caufée au Roi & au peu de fenfibilité qu'il a montrée pour la perte de M. de Rheims.

Le Maréchal de Richelieu, qui s'étoit tenu depuis long-temps à la campagne, s'eft montré avant-hier au lever du Roi. Le Roi lui dit : « M. le Maréchal, vous êtes bien rare » ici. Sire, ce reproche eft affez précieux » pour un Maréchal fous la remise. »

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De Paris, le 15 Septembre 1778:

Vous ferez fûrement curieux de favoir les détails d'une vive querelle qui s'eft élevée entre les Journalistes de Paris & l'auteur de la tragédie des Barmécides. Cette que relle fait grand bruit, & M. de la Harpe, felon fa coutume, n'y joue pas le plus beau rôle. Cet hypercritique qui n'emploie dans fes petits jugemens, que des expreffions infolentes, qui ne fait que des citations infidelles,, & enfin qui fe permet tout pour humilier fes confreres, ou dénigrer les ouvrages dont il eft jaloux, ce défenfeur du bon goût n'a pu, fans perdre la tête, lire l'extrait judicieux & motivé que le Journal de Paris a donné de: fes admirables Barmécides. Il leur a écrit avec fa modération ordinaire la lettre suivante :

» Je voudrois bien favoir,. Meffieurs, le » nom de celui d'entre vous qui a eu l'au» dace de parler avec fi peu de respect, d'une » piece que le public a applaudie avec tran{» port, comme il le devoit. Je lui dirois en » face qu'il eft un calomniateur & un infa me. Signé de la Harpe, n

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