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Voyez encore à ce fujet les lettres & quittance du Lord Ferrers à Caron des 15 & 29 Janvier 1776, no. 18, 19 & 21, & à M. le Comte de Vergennes des 24 Mai 1776, & 22 Avril 1777: & fi pour en convaincre Caron devant le public, il eft néceffaire d'en avoir un certificat légalisé par la chambre des Pairs d'Angleterre, je le ferai venir quand vous voudrez. En attendant vous pouvez tenir pout certain que toute la probité des quatre Miniftres réunie en y comprenant même celle des premiers commis, ne feroit pas capable de faire de Caron un honnête homme dans mon affaire. On en eft fi convaincu en Angleterre, qu'au-lieu de l'appeller Beaumarchais, le furnom de Bon marché lui eft refté. »

» Caron ne vous auroit peut-être pas encore, Monseigneur, retourné ces 60,000 liv., fi par deux lettres preffantes, vous ne l'euffiez pas forcé au mois de Juillet 1776, de vous rendre les comptes exacts de fa négociation vis-à-vis de moi en Angleterre. »

» Je suis étonnée que ce Caron soit fi délicat fur mes difcours à Paris; je lui en ai tenu de bien plus durs à Londres, lorsque j'étois en uniforme, le chapeau fur la tête, l'épée au côté, la canne en main, & que j'avois l'honneur de parler à fon excellence Caron, qui le premier, chapeau en tête, s'émancipa un inftant à faire l'infolent vis-à-vis de moi dans fon propre appartement; mais qu'en un inftant je fis rentrer en lui-même & réduifis au filence en présence de fon intime ami Morande le Poltron, »

» Je vous en ai écrit cent fois davantage dans mes épîtres que vous avez eu la bonté de lui communiquer. Il ne s'en étoit pas encore plaint ni au public, ni à moi, ni peutà vous. D'ailleurs je dois vous prévenir, Monfeigneur, que dans plus d'une bonne maison à Paris, on a présenté de fauffes Demoiselles d'Eon avec la croix de St. Louis, c'étoit des bouffons qui ont tenu les propos les plus plaifans fur toutes les connoiffances de la vraie chevaliere, principalement fur l'agréable; Phonnête & le brave Pierre Auguftin Caron de Beaumarchais, fur fon ambassade paffée en Angleterre auprès de la Demoiselle d'Eon pour la demander en mariage, & fur fá future ambaffade auprès du congrès de l'Amérique pour en exporter du tabac propre à faire éternuer tout l'auditoire, lorfqu'on jouera fon drame copié du Barbier de Séville. Cette fcene de la fauffe Demoiselle d'Eon qui a été variée à l'infini, s'eft encore renouvellée la femaine derniere dans une maison où étoit Madame de F*** qui a été mystifiée par le peintre Musson, connu de la cour & de la Ville, qui contrefaifoit Mademoiselle d'Eon, tandis que moi folitaire & tranquille, j'étois travaillante & dormante dans mon hermitage au petit Montreuil près Verfailles.»

» Puis-je répondre de tous les difcours, de foutes les plaifanteries que tant de fauffes Demoiselle d'Eon, peuvent faire dans Paris? Caron qui eft fi naturellement enclin à mystifier tout le monde, voudroit-il encore profiter d'un moment de crédit ufurpé dont il

jouit, pour obtenir à lui feul ce privilege exclufif? »

» Tout ce que Caron débite de mes préten dus difcours à Paris font de puans menfonges de fa part, auffi plats que fes autres calomnies contenues dans fa lettre à M. le Comte de Vergennes & à la Demoiselle d'Eon. Ils font auffi croyables que tout ce qu'il a avancé dans fes mémoires imprimés de fon incroyable voyage d'Efpagne. Le public éclairé reconnoîtra faciment les rufes & la jaloufie du Barbier de Séville qui s'eft conduit dans fa négociation avec Mademoiselle d'Eon, de la même maniere que fon docteur Bertole avec fa pupille. »

» Quel est donc le but de Beaumarchais en fe plaignant aujourd'hui, après avoir gardé le filence autrefois fur mes plaintes très-graves, quel eft, dis-je, fon but en fe plaignant d'une chofe que je n'ai pas dite, parce qu'elle n'eft pas vraie intrinféquement mais extrinféquement, & que d'ailleurs j'ai des reproches bien plus intéreffans à lui faire ? tels qu'ils font contenus dans ma dépêche à Caron du 30 Janvier 1776, no. 23, dont je vous ai envoyé copie. Je le vois venir; il efpere que fur les bulletins qu'il diftribue par la ville, je prendrai feu, que je lui répondrai & qu'il pourra derechef donner quelques nouvelles fcenes au public qu'il voudroit occuper fans ceffe, ecce iterùm Crifpinus? ne foyez pas étonné du bruit qu'il cherche. Defcendu en droite ligne d'une famille à double carillon, il eft femblable au mulet, il mettroit volontiers une cloche à fes deux oreilles, plutôt que de ne pas étourdir

les paffans du bruit de fon exiftence. Sa vanité & fon avarice, fes deux paffions favorites, y trouveroient une franche lippée; car d'un côté on parleroit de lui, & de l'autre il ne manqueroit pas de vendre à quelque libraire l'hiftoire de nos démêlés, quelque peu d'honneur qu'ils lui fiffent, mais il s'eft trompé dans fes calculs, quoique très-fûre qu'il n'auroit pas auffi bon marché de moi que de certains individus mâles qu'il a déjà traveftis en ridicule, tels que les Baculard, les Marin, la Gazette & tant d'autres. Je ne me commettrai point avec le Sr. Pierre-Auguftin Caron, que je n'y fois abfolument forcée, & alors nous verrons fi les rieurs feront pour lui. »

» Il peut être fupérieur à Mlle. d'Eon en efprit, en talens, & fur-tout en industrie; mais le public impartial le reconnoîtra toujours pour bien inférieur en honneur, en vertu & fur-tout en courage. Il peut dire avec toute l'éloquence & la fingerie dont il eft capable, tour le mal de moi qu'il voudra : je lui répondrai par le refrain de fa chanfon favorite : Dites blanc, dites noir, elle est toujours la même. Oui, je ferai toujours en état de faire la barbe à tous les barbiers de Séville. Je ne crains pas plus fa redoutable plume que fa formidable épée, qui n'a jamais vu le jour depuis qu'elle eft fortie de chez le fourbiffeur. »

» Mais fi je fuis peu fenfible aux attaques de Beaumarchais, je le fuis infiniment aux impreffions qu'il s'efforce de vous donner, & aux termes qu'il emploie en parlant de ma perfonne; je ne fuis point ingrate envers lui, il

ne m'a fait, pour ainfi dire, que du mal. Je ne fuis point folle, & la preuve, c'est que je n'ai pas donné dans fes panneaux. Je n'étois pas criminelle, à moins que ce ne fût l'être que. de confacrer fans réferve en paix, en guerre, dans le Nord & le Midi, fa tête & fon bras au fervice de fon Roi & de fa Patrie. »

» Dès-lors n'eft-il pas fingulier, pour ne rien dire de plus, qu'un Caron forte de la boutique de fon pere pour venir infulter publiquement un militaire décoré & un ancien Miniftre, que fon fexe & fes fervices extraordinaires lui devroient rendre refpectable. Si je. portois encore les habits que les ordres du Monarque m'ont fait quitter malgré moi, il auroit tremblé de me provoquer de la forte. Ah! mon obéiffance n'aura-t-elle donc d'autre effet que d'enhardir mes ennemis & de me livrer fans défense aux bravades & aux affronts des lâches que mon coup-d'œil eût jadis glacé d'effroi ! »

» Je n'ai, Dieu merci, jamais été dans le cas d'avoir befoin de la grace du Monarque, je n'ai eu befoin que de fa juftice & de fa bonté, qui font dans fon cœur royal pour tous. fes fideles fujets. Celui-là feul a véritablement befoin de la grace du Roi qui, après avoir été blâmé au Parlement, va comme Caron fe cacher dans la garde-robe de Louis XV. à, fon infu. "

» Permettez-moi, Monfeigneur, de vous témoigner auffi ma furprife de ce qu'il a ofé choifir mon protecteur-né pour le confident de fa diatribe; ma peine de ce qu'il n'a pas

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