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enfante, les protections fourdes qu'elle attire les féductions de fociétés qu'elle occafionne. Si tout cela ne s'anéantiffoit pas devant les Tribunaux ; fi les prérogatives du grade ou du crédit y pouvoient influer fur le jufte & l'injufte; un particulier dénué, s'y battant contre un noble, auroit toujours en face un ennemi plaftroné. »

» Non qu'il faille oublier ce qu'on doit dans le monde aux rangs élevés ! Il est juste au contraire que l'avantage de la naiffance y foit le moins contefté de tous parce que ce bienfait gratuit de l'hérédité, relatif aux exploits, qualités ou vertus des aïeux de celui qui le reçoit ne peut aucunement bleffer l'anour-propre de ceux auxquels il fut refufé: parce que, fi dans une Monarchie on retranchoit les rangs intermédiaires entre le Peuple & le Roi, il y auroit trop loin du Monarque aux fujets bientôt on n'y verroit qu'un defpote & des efclaves; & le maintien d'une échelle graduée, du laboureur au potentat, intéreffe également les hommes de tous les rangs, & peut-être eft le plus ferme appui de la conftitution monarchique. »

» Voilà ma profeffion de foi fur la nobleffe. Mais comme il ne s'agit pas ici de décider lequel de nous eft le plus ou le moins élevé; mais feulement lequel eft un légataire injuste ou bien un faux créancier; débiteur & créditeur; voilà nos feuls noms. Dépouillons donc de bonne-foi ce qui nous fort de cette claffe. Ecartons tout preftige, & difcutons claire

ment. "

Au feul afpect de nos prétentions réciproques, une réflexion s'offre d'abord à ceux qui n'ont pas étudié notre affaire. C'est qu'il eft plus probable qu'un acte fait entre deux hommes reconnus fenfés, foit exact & vrai, qu'il ne l'est qu'un légataire univerfel foit jufte & défintéreffé. Vous pouvez bien nous accor der ce point; ce n'eft pas là ce qui vous fera perdre votre procès. »

» Il s'en préfente encore une autre : c'est qu'il paroît étrange à chacun, malgré l'avidité. connue des héritiers, qu'un homme pour lequel on dépouille une famille entiere de l'hé rédité naturelle, & qui devient, par ce bienfait, poffeffeur exclufif d'un legs de quinze cents mille francs, refpecte affez peu la mémoire de fon bienfaiteur, pour la traîner & la fouiller pendant dix ans dans tous les Tribunaux d'un Royaume, & cela, pour ne pas payer une fomme de quinze mille francs à l'acquit de cette fucceffion qui ne lui étoit pas due. »

» Paffez-nous cette feconde encore, elle ne fauroit vous nuire, que dans l'opinion des hommes, & ne fait rien non plus au jugement du procès. »

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» Quelques perfonnes même ont été jufqu'à halancer fi, entre deux plaideurs qui fe difpurent une fomme auffi modique, il n'eft pas plus probable qu'un héritier peu délicat s'obftinat à la refufer, au feul rifque de paffer pour une ame vile, étroite & rapace, qu'il ne l'eft qu'un créancier aifé s'acharne à la demander armé d'un faux titre, au danger d'être puni comme le dernier des fcélérats. »

» Huit ans de procédures fur un tel fait, >> infpirant enfin la curiofité d'examiner les » chofes, on lit tous nos mémoires, & l'on y » voit qu'après avoir été traitreufement dé» chiré par tous les écrivains aux gages de » mon adverfaire, il y a long-temps que cette » affaire a dû ceffer pour moi d'être un pro»cès d'argent. On y voit que je ne puis, fans » déshonneur, me difpenfer de le fuivre & dé » le faire juger, quoiqu'il m'ait déjà coûté » vingt fois plus qu'il ne peut me rendre. »

» Mais on y voit auffi que la fierté de mes » repliques a dû donner un tel difcrédit à mon » adverfaire, que fe voyant poursuivi par le

regard inquiet de tout ce qui l'entend nom» mer, & fe fentant par-tout couvert de l'opprobre dont il a voulu me falir, le défefpoir de fon état doit l'engager d'épuifer toutes les » chances poffibles d'un combat inégal, avant » de s'avouer vaincu qu'il vaut encore mieux

pour lui se réserver de dire après coup: » les juges ont vu d'une façon, moi je vois de » l'autre; que fi, defcendant à quelque traite » conciliatoire, il justifioit, par un dur ac» commodement, l'affreuse opinion que fa dé» fenfe a donnée de fon caractere.

» Alors l'examinateur bien inftruit, fait au » jufte pourquoi nous plaidons, M. le Comte » de la Blache & moi, &c. &c. »

» Ce Beaumarchais, dit-il plus loin, que vous ne feignez ici de méprifer que pour mafquer la frayeur qu'il vous caufe! Il ne vous cherchoit pas, & votre fottife eft de l'avoir méconnu en vous attaquant à lui Mais voyez

comme nous fommes loin de compte : pendant que vous êtes affez vain pour croire vous commettre, en vous mefurant avec lui, pour ne pas payer quinze mille francs; il a la fierté de gémir de la néceffité de defcendre à votre ton, pour vous les demander : & fi fon honneur n'étoit pour rien dans le procès que vous lui faites, il y a long-temps que le roturier peu riche, humilié de plaider auffi long-temps contre vous pour un objet si méprisable, auroit jetté fa quittance au noble millionaire qui l'auroit ramaffée, &c. »

Je laiffe M. de Beaumarchais, par une foule d'argumens irréfiftibles, préfentés de la maniere la plus lumineufe & entaffés de la maniere la plus favorable, prouver qu'il a existé entre lui & feu M. Duverney une liaison très-intime, une familiarité bien conftatée ; & que le titre dont il s'appuie eft inconteftable, &c. &c. Toutes ces preuves font fi bien liées qu'on ne peut en détacher une fans nuire à l'ouvrage.

L'anecdote qu'il rapporte pour juftifier le ton qu'il a pris dans fon mémoire au Confeil, & qui peut en même temps excufer celui de ce dernier mémoire, eft trop piquante pour la passer fous filence; la voici.

» Lorfque j'allois remercier les Juges du » Confeil de ce qu'ils avoient anéanti l'indigne » arrêt rédigé par ce Goezman, en faveur de a fon protegé la Blache, un Magiftrat raison>> nant avec moi de cette affaire, & me parlant » avec intérêt du grand fuccès que je venois » d'obtenir, me dit on a fupprimé votre ■ dernier mémoire, quoique bien frappé,

» parce qu'en effet il étoit un peu trop vif. Trop vif, Monfieur! ni vous ni aucun Magiftrat que je connoiffe n'êtes en état de "juger cette question. Il me regarde avec éton"nement. Comment donc ! Que dites-vous? » Pardon, Monfieur, fi je vous ai jetté dans » un moment d'erreur ! Mais ne vous mépre» nez plus à mon intention: elle est pure, & » ce n'eft pas votre amour-propre que j'atta» que c'est votre fenfibilité que j'interroge. » Avez-vous jamais rencontré dans le monde » un homme affez lâche, affez infolent pour » vous crier pendant fix ans, à la face du » public, que vous étiez un frippon, fans au"tre droit qu'une injufte & criminelle avidi"té? Non, fans doute, me répondrez-vous ! » Eh bien pardon, Monfieur! Mais vous qui

n'avez jamais éprouvé de tels outrages, vous » qui fronciez déjà le fourcil au feul foupçon » que j'effleurois votre amour-propre ! Com>>ment pourriez-vous juger du degré de reffen»timent permis à un homme d'honneur, indi"gnement attaqué & poursuivi depuis dix ans. » par la haine & la calomnie fur tous les points. » les plus délicats de fon exiftence? Il s'ap» paifa, me prit la main avec bonté. J'en ai » parlé, dit-il, non en homme, mais en juge » auftere; & je ne puis vous blâmer de votre » exceffive fenfibilité, &c. »

Vous ne ferez fûrement pas fâché, Monfieur, de voir de quelle maniere lefte & dégagée M. de Beaumarchais parle de fes démêlés avec la Chevaliere d'Eon. Après avoir démontré toutes les rufes que le Comte de la Blache a fourdement

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