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fcours les plus faintement cruels, l'encoura gent à s'y déterminer. Un jeune Bramine, attendri fur le fort de la malheureuse veuve, plaide avec force la caufe de la beauté, de la jeuneffe & de l'humanité, contre le fanatifme aveugle des vieillards naturellement plus endurcis. Un officier François qui a aimé jadis cette infortunée victime, avant fon mariage, eft par hafard jetté fur ces Côtes avec fa troupe, il la reconnoît au moment où elle eft fur le point d'exécuter ce terrible facrifice, & la délivre. On dit que M. le Mierre a fait à cette piece des changemens confidérables, & il faut efpérer qu'actuellement il y aura mis tout l'intérêt dont ce fujer eft fufceptible.

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Je ne fais fi vous vous rappellez qu'une de' nos Académies de Province, (je crois que c'eft celle de la Rochelle) propofa, il y a quelques années pour fujet du prix, l'Eloge de Henri IV, Roi de France. M. de la Harpe ne dédaigna point de concourir. Il s'étoit fait fortement recommander par tous les chefs de la cabale encyclopédique, & il ne douta nullement que la fublimité de fes talens, appuyés par de fi puiffantes follicitations, ne lui fît décerner le prix par acclamation. En conféquence, en envoyant fon manufcrit à l'Académie de la Rochelle, il écrivit en même temps au Directeur de la monnoie des médailles à Paris, qu'il étoit inutile de faire frapper la médaille destinée pour le prix de l'Académie, qu'il étoit affuré de l'obtenir, & qu'il recevroit cette médaille en argent. Le Directeur,

Paprès cette lettre, ne fit point frapper de médaille. Cependant l'Académie en queftion, n'ayant aucun égard aux follicitations, rejetta l'ouvrage de M. de la Harpe, & adjugea une à un discours de M. Gaillard. L'Académie, en annonçant cette victoire au dernier, lui manda qu'il pouvoit fe présenter au Directeur des médailles, qui lui remettroit une médaille d'or de la valeur de trois ou quatre cens livres. M. Gaillard fe rendit en effet chez le Directeur, & lui demanda la médaille. Ce dernier lui répondit qu'en conféquence de la lettre qu'il lui avoit adreffée, il n'en avoit point fait frapper, & qu'il alloit, fuivant fon defir, lui compter la valeur en argent. Comment, dit M. Gaillard, moi, je vous ai écrit de pareilles chofes! - Ah parbleu, Monfieur, repliqua le Directeur, je puis vous montrer que je ne vous en impose pas. Et auffi-tôt il alla chercher la lettre fignée de la Harpe. M. Gaillard n'eut pas beaucoup de peine à perfuader à fon tour qu'il ne fe nommoit point la Harpe, & le Directeur avoua qu'il avoit été trompé. D'après cette anecdote, Monfieur, qui eft très-vraie, vous voyez la noble confiance que M. de la Harpe a dans fes talens, & combien elle eft fondée. Le petir Poinfinet, dont l'aveugle vanité a été fi justement bernée, & qui malgré tout fon ef prit (il en avoit beaucoup) a été la victime des myftifications les plus mortifiantes, n'avoit pas, vous en conviendrez, une crédulité auffi confiante que celle de M. de la Harpe.

On m'a rapporté deux mots de ce fameux

venus.

critique, qui ne contribuent pas peu à faire connoître la beauté de fon ame & la décence de fa conduite; je ne peux vous les laiffer ignorer. Quelqu'un lui parloit de la fortune dont il jouit actuellement, & on affure qu'il a au moins douze à quinze mille livres de reOui, répondit-il ingénuement, je ferois fort à mon aife, fi j'avois le bonheur de perdre ma femme. Une de fes connoiffances lui demanda pourquoi il étoit brouillé avec un homme qu'il voyoit jadis fréquemment. Que voulez-vous? repliqua-t-il, cet homme eft fâché de ce que j'ai quitté fa femme. Il n'y a pas d'impertinent, de fat, qui ofât hasarder un propos auffi mal-honnête.

Voici une autre anecdote qui montre ce que penfent de lui les perfonnes qui doivent le connoître le mieux. Un jeune rimailleur qui croit bonnement que le fuffrage de M. de la Harpe dans le Mercure eft un titre pour la renommée, fe vantoit d'être un des plus intimes amis du critique, en présence de la femme de ce dernier. Vous, Monfieur, reprit celle-ci, ami de M. de la Harpe! apprenez que mon mari n'est l'ami de perfonne. Tous les affiftans, frappés de cette, vérité, en convinrent unanimement.

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On vient de me communiquer la copie d'une lettre que M. de la Harpe adreffa à M. de Voltaire., dans le temps que celui-ci foupçonna le premier de lui avoir dérobé des manufcrits. Vous vous rappellez peut-être les bruits qui coururent alors, & que M. de Voltaire voulut bien démentir par une déclara

tion

tion imprimée dans tous les papiers publics: Néanmoins on fait aujourd'hui que c'est à l'indifcrétion de M. de la Harpe que nous devons la connoiffance du Poëme de la guerre de Geneve, que l'auteur, fans doute honteux d'avoir produit un tel ouvrage, fe propofoit de dérober aux regards de la France, & qu'il deftinoit peut-être bien aux flammes, comme indigne & de fon talent & de la probité d'un galant homme. Vous ne ferez peut-être pas fâché d'avoir la copie exacte de la lettre que M. de la Harpe, pour fe juftifier, adreffa dans le temps au vieil hermite de Ferney:

» Je n'avois pas befoin, mon cher Papa, » de la lettre que vous avez écrite à M. d'A» lembert, pour être bien fûr que votre amitié » pour moi n'a jamais été altérée un moment, » & que je n'ai commis qu'une indifcrétion » en donnant à vos parens & à vos amis un » manufcrit de deux cens vers que plusieurs » perfonnes avoient déjà. Si j'ai eu tort de » rendre public ce que ces perfonnes avoient » donné en fecret, du moins vous m'avez » rendu la juftice de croire que je n'ai jamais » eu intention de vous faire de la peine, & » que je n'ai fait que céder à l'empreffement » de quelques curieux. >>

"Cependant, quelque raffuré que je fuffe » fur cet article, j'ai été d'autant plus tou» ché de l'effufion de cœur qui regne dans » votre lettre, & des foins paternels dont » vous vous occupez pour ma petite fortune, » que la rage abfurde & infolente de mes » ennemis a déjà forgé les hiftoires les plus Tome VII.

B

"odieufes fur ce léger mécontentement que » vous avez eu, & fur mon retour à Paris : » on ne va pas moins qu'à dire que je vous » ai pris des manufcrits pour les vendre à » des libraires. Il eft vrai que l'on n'articule » pas encore le nom de ces libraires, ni le » titre des imprimés, ni le prix que j'en avois » reçu mais tout cela viendra bientôt. Le » fond du Roman eft bâti, & je m'en rap» porte à ces auteurs pour les embelliffemens. » Des impoftures font les feuls ouvrages d'ima» gination où je les trouve heureux. Car vous » favez comme moi de quelles boutiques for» tent tous ces poisons, ce font les mêmes » qui débitoient, il y a trois ans, que j'avois compofé une cinquantaine de couplets fort "gais & fort ingénieux fur le produit des » deniers royaux, les actions des fermes, & » la caiffe des amortiffemens, le tout contre » M. de l'Averdy, apparemment pour en ob » tenir une ordonnance fur le tréfor royal. » J'ai lieu de croire que ce Ministre fage & » bienfaisant ne m'attribue pas cette petite fail» lie de gaîté, puifqu'il vient de m'accorder » une gratification de 1200 livres fur les fonds » destinés aux gens de lettres. Mais cela n'em» pêche pas que lorfque ce beau bruit se ré» pandit, tout Paris me crut enfermé. »

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» Voilà les petites douceurs que j'ai ef» fuyées de la part des gens qui n'ont pas » l'ame plus douce que leur profe & leur

» vers. ">

» Si les beaux-arts font l'aliment des belles ames, il faut avouer que les harpies vien

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