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Du nombre des perfonnes mordues, fut le Meûnier du Moulin-neuf, paroiffe de Lefignat-furGoire : ce moulin, fitué fur la petite rivière de Goire, eft ifolé. Le Meunier, ce jour-là, s'y trouvoit feul, fa femme étant allée farcler du blé; ayant entendu fes cannes & fes oies fe débattre & s'écrier, il fortit précipitamment, fans armes & fans défenfe: fon premier mouvement, lorsqu'il vit la bête qui avoit déja tué deux de fes cannes, fut de la menacer, pour l'obliger à fuir; mais elle revint fur lui. Il la reçut de fang-froid; & comme elle s'élança toute droite, il la prit à travers corps, & la jeta fous lui inutilement cria-t-il au fecours; le Moulin-neuf eft trop éloigné de toute habitation. Lorsqu'il fe vit fans efpoir, il chercha fon couteau dans fes poches: la louve ne se sentant plus preffée, ni retenye au cou, comme auparavant, par les deux mains du Meûnier, fe dégagea, & le mordit au bras & à la main.

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Le brave Meûnier ne perdit pas courage; il fut lui-même fon Efculape: fur le champ il quitta fes habits & fa chemife, prit à toute aventure une. poignée d'herbes fur le rivage, fe jeta dans la petite rivière du Goire, lava quelque temps fes deux bleffures, les frotta enfuite avec fes herbes, puis changea de vêtement & de chemife.

Il n'eut pas fini de s'habiller, qu'il lui vint à l'efprit que fa femme étoit menacée du même accident; il vole vers elle, & la trouve à moitié chemin; d'une voix tremblante, elle lui dit : « Je » courois vers toi; je craignois qu'un monftrè, » qui eft là-bas dans ces prés, qui dévore une jument, nepaffat an moulin. Le Meunier cacha fa main, baiffa les yeux & foupira. -*

Toutes les perfonnes mordues furent traitées avec égalité de foin & de zèle, mais fa fans fuccès, ce qui fut attribué au degré de rage dont l'animal

étoit poffédé. Tous périrent de la mort la plus effrayante, à l'exception de notre Meunier : les bêtes mordues ont éprouvé le même fort. Le falut' du pauvre Meûnier eft-il dû à la précaution de s'être jeté dans la Goire, d'avoir lavé fes plaies. & de les avoir frottées avec des herbes? On laiffe ce point à la fagacité des Gens de l'Art.

Le 31 janvier dernier, deux filles de cuifine de Dijon, allumèrent, la nuit, du charbon dans leur chambre; la vapeur les fuffoqua. Le lendemain on les trouva étendues fans mouvement; l'une étoit morte, l'autre reçut à temps les fecours néceffaires.

Plufieurs Payfans de Dampierre en Champagne, marchoient enfemble, le dimanche 2 décembre dernier, à 7 heures du foir, fur la route qui de l'Eglife conduit au château la nuit étoit des plus obfcures. Pierre Sompfois, l'un d'entreeux, père de fept enfans, croyant fe diriger vers le pont, fe précipite dans la rivière; elle étoit enflée & rapide: les té moins de fa chûte n'osèrent le fecourir. Ils le bornèrent à des cris lamentables, qui mirent l'alarme dans le village; ils furent entendus du château, où on danfoit. M. le Comte de Dampierre quitte ce divertiffement, accourt vers l'endroit d'où partoient les cris; & fans confidérer l'agitation où l'avoient mis la danfe & fa courfe précipitée, ôte fon habit, fe jette à la nage, plonge dans les endroits profonds;

mais il n'étoit plus temps, le courant avoit entraîné le malheureux Sompfois vers les vannes du moulin, d'où il fut retire, fans efpoir de le rappeler à la vie..

Le 27 janvier, en la paroiffe SaintMartin de Mouzon, Jean Georges, âgé de 85 ans, & Jeanne-Marie Paradis, fon époufe, âgée de 83 ans, ont fait célébrer une Grand Meffe en action de graces de la foixantième année de leur mariage. Ils étoient fuivis de leurs enfans, au nombre de cinq garçons mariés, accompagnés de leurs époules.

Ces cinq fils conduifoient avec eux vingt-deux enfans des deux fexes, dont aucun n'eft marié, mais plufieurs en état de l'être.

C'eft la troisième fois que ces anciens époux ont fait bénir leur mariage. Ils n'ont jamais été malades ni infirmes.

Le navire le St. Hilaire ayant été naufragé fur la côte de Bifcaye, fon Capitaine a mandé la nouvelle de ce défaftre aux Armateurs. Sa lettre porte en fubftance:

De Porto-Galetto, le 10 janvier 1788.

« Depuis mon départ de la rivière, je n'ai eu » que trois jours de beau temps. Les vents s'étant » déchaînés pendant la nuit du 2 au 3, trois coups » de mer violens m'ont comme anéanti pendant plus de 10 minutes que je fuis resté entre deux "caux. Bientôt après une voie d'eau s'eft déclarée & s'eft accrue en peu d'inftans au point

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» que, malgré les efforts réunis de BEquipage » & des paffagers, au nombre de trente hommes, » nous n'avons pu parvenir à affranchir les pompes » Le danger devenoit de plus en plus preffant: » le navire ne pouvant plus fe relever, couloit bas; les Matelots, les Officiers, les paffagers » n'abandonnoient pas les pompes; mais, exté nnués de laffitude, & fentant s'éteindre, avec » leurs forces, le courage & l'efpoir, ils me de» mandèrent à relâcher. Réduits à la dernière » extrémité, notre unique reffource étoit en effet » de chercher un port. Le vent ayant passé à » l'oueft, j'arrivai fous la mizaine pour accofter » la terre & côtoyai la côte d'Espagne, pendant » deux jours, avec un temps affreux, la mer & » le vent prodigieufement forts. A tout moment

expofés à la dure néceffité de nous jeter à la » côte, nous fumes, dans la nuit du 5 au 6, af

faillis d'un coup de vent du nord qui emporta » le grand hunier. Cependant, à neuf heures du → matin, nous nous trouvâmes à la diftance de » terre que je defirois, & j'eus connoiffance de » Saint-Ander. Je mis alors mon pavillon en » berne, & tirai quelques coups de canon; mais » ne voyant pas fortir de Pilote, je fus contraint » de continuer ma route jusqu'à Saint-Antoine, "d'où l'on m'en envoya un, qui, ayant manqué » l'entrée du port, confentit de me conduire à » Bilbao. (J'avois alors quatre hommes malades » à force d'avoir pompé.) Le vent nous manqua, » & nous arrivâmes trop tard pour passer la barre. » Il fallut mouiller en dehors, & nous réfoudre » à attendre le lendemain. Cependant le calme » avoit fuccédé à la tourmente, & nous croyions » toucher enfin au terme de nos peines, lorfque "fur les huit heures le vent s'élevant de la partie » de l'O. N. O. & augmentant avec une extrême

,

» violence jufqu'à minuit, nous fûmes de nouveau "battus avec autant de force & plus de danger » que fi nous euffions été en pleine mer. A quatre » heures du matin, mon cable, qui étoit au bout » caffa. Je fis auffi-tôt couper le grand mât & » le mât de mifaine, & mouillai les deux ancres » qui me restoient; mais notre perte étoit arrêtée: » nous ne pûmes tenir contre l'agitation des flots, » & nous allâmes à la côte..... Il feroit impof» fible de peindre l'horreur de ce naufrage. Af» fommé par la mer, le navire a été brisé au » point, qu'au jour, j'ai vu flotter avec la cargaifon, la plus grande partie de fa quille & de fon fond. La mer fe déployant au-deffus de » nos têtes de la manière la plus effrayante, & » les deux gaillards du vaisseau, toujours prêts à » fe féparer, multiplioient à nos yeux le paffage » fatal de la vie à la mort par autant d'inftans » qu'il s'en eft écoulé dans l'efpace de quinze » heures. Nous nous fommes tenus pendant tout » ce temps amarrés fur le pont. Un de nos paf» fagers, outre le foin de fa perfonne, avoit encore » à fecourir fon fils, âgé de dix ans. Ce père » infortuné, ferrant contre fon fein ce dépôt

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précieux, recueilloit fes fanglots, l'arrofoit de » fes larmes,& ne cherchoit à fe conferver lui» même que pour difputer une fi chère proie à » la fureur des flots. Plus de deux mille fpec»tateurs de notre défaftre, défespérant de notre » falut, s'affligeoient de ne pouvoir nous donner » de fecours. Au plus fort du péril, un de ces » hommes, dont la nature femble avare, un n Efpagnol accourt, & s'écrie: Mes enfans, fau» vez-les, fauvez-les ! Allez à bord avec vos embar »cations. Je donne deux cents piaftres par tête de » ces malheureux que vous arracherez au trépas. » On lui répond avec douleur que tout fecours

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