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J'étois en grand credit chez les Peuples barbares;
Mes Sacrificateurs font devenus bien rares.
On me méprife, hélas! mon trône eft renverfé,
La lumière parut, & mon règne eft paffé.
Cinq lettres feulement compofent tout mon être
Si tu les défunis, tu pourras reconnoître
Un titre bien commun; l'oppofé de chagrin;
Un oifeau; deux pronoms ; un ron de l'Arétin,
Avec un mois très-agréable;

Un Roi de l'Orient qui vifita l'étable.

Encore un peu, Lecteur, & pourfuivant toujours,
Tu vois ce qui met fin aux folâtres amours.
Plus, le fouffle divin qui nous donne la vie,
C'est tout: tu m'as trouvé, fr tu fais la Magie.
(Par M. de Bourrienne de Sens.)

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NOUVELLES LITTÉRAIRES.

VOYAGE en Syrie & en Egypte pendant les années 1783, 1784 & 1785; par M. C. F. VOLNEY; 2 vol. in-8°. feconde édition, de l'Imprimerie de Didot jeune. A Paris, chez Defenne, Lib., au PalaisRoyal.

UN

N Voyage, quand il eft bien fait, quand il est l'Ouvrage d'un efprit éclairé qui fait bien voir, & d'un homme vrai qui ne dit que ce qu'il a vu, eft un des Livres les plus agréables à parcourir, & des plus utiles à méditer.

C'eft fur le rapport & fur le témoignage des Voyageurs que les Phyficiens fondent le plus fouvent leurs opinions fur la Nature, & les Moraliftes leurs opinions fur l'homme & fur la fociété.

Montagne, Montefquieu, Buffon, font remplis de la lecture des Voyages; ils établiffent leurs plus grandes idées fur les faits cités par les Voyageurs ; & quand ceux-ci fe trompent ou veulent tromper, les autres font dans l'erreur & ils y entraînent le monde entier, qui n'a pas le moyen de réfifter à leur génie.

Lorfqu'un Voyage eft bien fait, qu'il eft exact, fidèle, & qu'il eft encore bien écrit,

c'est donc un bon Ouvrage qui enrichir la Littérature, & qui peut faire encore naître des Ouvrages qui éclaireront le monde.

Tous ces caractères nous paroiffent ap-. partenir beaucoup plus qu'à tout autre Voyage, à celui que M. Volney a publié l'année dernière. Chardin & Tavernier, qui font pourtant des hommes de mérite, n'ont pas la philofophie de M. de Volney, & ils en ont moins encore le ftyle.

Ce ftyle eft toujours précis, élégant, correct, & fouvent pittorefque; ce n'eft pas feulement pour le plaifir qu'il ne fait que je l'eftime dans un Voyage: il eft pour moi l'un des meilleurs garans de la vérité de ce que le Voyageur me raconte. Cette opinion peut paroître étrange d'abord, car il ne laiffe pas que d'y avoir un affez grand nombre de fictions & de menfonges affez bien écrits. Sans doute on peut feindre on peut mentir avec élégance; mais un ftyle toujours fain & toujours pur fuppofe un très-bon efprit, & un bon efprit doit aimer la vérité. Les Voyageurs nous trompent le plus fouvent fans le vouloir, & parce qu'ils, fe font trompés eux-mêmes: or un efprit capable d'écrire avec cette jufteffe continuelle d'idées & d'expreffions fans laquelle il n'y a pas de bon style, eft un elprit qui possède le meilleur & le feul moyen d'éviter les erreurs, les exagérations, tout ce qui eft faux, tout ce qui eft inexact. Celui qui voit affez bien fes

propres penfées pour les démêler & pour les rendre avec clarté, portera plus facilement encore fur les objets extérieurs ce coup d'œil jufte qui en faifit les formes les proportions, les couleurs & les rapports; c'eft la même lumière que nous portons au dedans de nous & fur l'Univers. L'unique différence, c'eft qu'il eft cent fois plus difficile peut-être de rendre compte clairement des vies de notre efprit & des impreffions de notre ame, que de deffiner & de peindre ce que la Nature a mis fous nos yeux.

Deffinateurs, Peintres, Poëtes defcriptifs, vous tous qui deffinez & peignez avec la parole, avec le crayon ou avec le pinceau, j'aime votre art avec paffion, & j'adore votre talent quand vous en avez. Mais laiffez-moi vous le dire : il y aura toujours vingt Thompson pour un Racine, & vingt Berghem pour un Locke.

Je crois donc affez raifonnable de conclure qu'un Voyageur qui penfe & s'exprime toujours avec une extrême correction, a vu avec exactitude & a parlé avec vérité.

Peu de pays fur le globe entier étofent auffi propres que l'Egypte & la Syrie à exercer à la fois & l'efprit philofophique d'un Voyageur, & fon talent pour décrire.

En Egypte, les débordemens réguliers du Nil, qui fecondent les terres qu'ils femblent ravager, la rapidité prodigieufe avec laquelle toutes les productions naiffent,

croiffent, mûriffent & font moiffonnées; cette terre toujours humide, ou toujours couverte de verdure fous un ciel embrafé dont les feux ne font jamais tempérés par aucun nuage, par aucune pluie : tous ces tableaux naturels en Egypte font des phénomènes pour le refte de l'Univers ; & l'Ecrivain le plus exact fera celui qui donnera le mieux à l'imagination des Lecteurs cette efpèce de plaifir qu'elle aime tant & qu'elle reçoit du merveilleux. Tous les fouven rs & tout ce qui refte des monumens de l'Egypte ancienné, pertent le même caractère; ces pyramides, files, dit-on, de la mort, plus étendues, plus magnifiques que les palais des Pharaons; ces tombeaux des Rois, où leurs reftes étaloient encore tout l'orgueil du pouvoir qui venoit de leur échapper avec la vie, où un art qui fembloit furnaturel confervoit à leurs dépouilles les formes, les couleurs & prefque la fraîcheur de la fanté, & où s'eft révélé, peut-être pour la première fois à l'homme, l'efpérance d'une exiftence immortelle; ces fouterrains, qui, fe prolongeant dans prefque route l'érendue de l'Empire, formoient en quelque forte deux Egyptes, l'une fous le ciel, l'autre fous la terre; ces lacs, ces mers dont la main de l'homme avoit tracé l'enceinte & gouvernoit les flots; ces villes élevées fur des chauffées, & ces chauffées élevées fur les eaux; ce Gouvernement où il y avoit des Rois, des Prêtres, des Caftes, &

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