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votre Nation fe prend par l'oreille la Nation Françoife eft compofée de foux, qui exigent què fes Ecrivains foient fages. Permis au Romancier, qui s'égaie, d'entaffer fans fuite les plus incroya bles fictions; le Poëte épique (celui du moins qui mérite ce titre) eft aftreint à plus de réferve. Pourquoi ? c'eft que l'un badine, & que l'autre eft fuppofé parler férieufement. J'ai fu badiner comme un autre ; & vous voyez fous cet ombrage l'Ariofte qui en vérific d'affez bonnes

preuves.

LE TASSE. Cette lecture paroît l'égayer: peutêtre l'affligeroit-elle s'il habitoit encore le monde que nous avons quitté.

VOLTAIRE. Un des plus grands biens que nous procure l'Elysée, eft de nous mettre à l'abri & de la jaloufie que nous pouvons éprouver nousmêmes, & de celle que nous infpirons à d'autres,

LE TASSE. J'ai peu connu la première; mais je fus long-temps victime de la feconde.

VOLTAIRE. C'eft un grand malheur pour vos envieux & vos perfécuteurs de toute espèce verra ce qu'ils étoient, en voyant ce que vous êtes.

: on

LE TASSE. Cet exemple, fi vous ne me flattez pas, en devroit être un pour tous les hommes, du moins pour ceux à qui la fortune a départi le malheureux pouvoir d'opprimer, & pour ceux qui, fans en avoir la trifte faculté, en ont le criminel deffein.

VOLTAIRE. Je vais vous faire part de mon fe eret. Les grandes perfécutions n'humilient point: on ne manque jamais de fe mettre en parallèle avec ceux qui nous perfécutent, & c'eft quelquefois les honorer beaucoup. Mais vous ne me par

lez pas de l'homme obfcur qui ofe lâcher contre vous un couplet ou une calotine?

Le Tasse. Alors celui-là veut fe placer à côté de nous; & c'eft-là ce qui nous humilic: mais le mieux feroit toujours de ne jamais s'appercevoir de rien.

VOLTAIRE. Je fus moins patient. Je rendis coup pour coup ; & quelquefois même fai tué mon adverfaire avec un feul hémistiche.

LE TASSE. Puifqu'il avoit la vie fi tendre pourquoi ne pas le laiffer mourir de lui-même Hercule ne s'amufoit pas à tuer des papillons.

VOLTAIRE. On me reprochoit, comme à vous, 'avoir tenté trop de genres différens; Je ne pus cependant jamais atteindre les fublimes hauteurs de l'Opéra comique.

LE TASSE. Je ne penfe pas, non plus, que vous ayez jamais fait d'Aminte.

VOLTAIRE. Ni vous de Zaïre. Mes Ouvrages pourroient faire à dix Ecrivains différens dix bonnes réputations, & je n'ai jamais joui paifiblement de la mienne.

LE TASSE. J'avois fait mon Poëme épique; & le Duc de Ferrare publioir que j'étois fou, J'allois enfin, grace aux fois & au goût dr Pape Clément VII, être couronné au Capitok. Je mourus la veille de mon triomphe.

VOLTAIRE. Je fus plus heureux que vous; on me couronna fur le Théatre de ma Nacion kuit jours avant ma mort.

LE TASSE. J'ai une question à vous faire.
VOLTAIRE. Je l'attends.

LE TASSE. S'il vous étoit permis de renaître, & de recommencer une autre carrière, à quoi l'emploiriez-vous ?

VOLTAIRE. Sans doute, à faire ce que j'ai fait, excepté à vouloir être tour à la fois Poëte, Hiftorien, & Courtifan. L'homme à qui le génie met la plume à la main, peut oublier l'Univers fans craindre d'en être oublié. Il fe plat à inftruire, à confeler le monde; & le fuit fouvent pour la propre commodité.

LE TASSE. Un tel rôle fur la Terre en van bien un autre. Je douterois pourtant que Godefroi de Bouillon voulût quitter fon noin pour te

mien.

VOLTAIRE. Gardez le vôtre, mon illuftre Maître. Il fera toujours plus facile de délivrer Jérufalem, que de faire une Jérufalemn délivrée.

(Par M. de la Dixmerie, )

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Explication de la Charade, de l'Enigme du Logogriphe du Mercure précédent.

LE

E mot de la Charade eft Vermine; celui de l'Enigme eft la Pincette; celui du Logogriphe eft Folie, où l'on trouve Lie, Ile, If, Loi, Fil, Foi, Oie, Io.

CHARA D E.

LA femme expofe mon premier
Aux injures de mon dernier ;
N'as tu pas deffein de prier,
N'entre jamais dans mon entier.

(Par un Ecolier de ze. du Col
lége du Pleffis.)

JE

•ÉNIGM E.

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E fuis un petit mot étrange
Quoique fans ceffe répété,
Dont il eft rare qu'on s'arrange,
Et qui nuit fort à la gaîté.
En Langue françoife ou latine,
Je fais toujours la même mine

Et contrarie à tout propos,
Soit qu'on me life à l'ordinaire,
Soit qu'on le faffe en fens contraire,
En renverfant l'ordre des mots.
Plus d'une Amante fortunée
Eût joint fans moi fa destinée
A celle du plus tendre Amant.
L'être le plus accommodant
A reçu de moi quelque injure;
Et même je fais la gageure
De te forcer, ami Lecteur,
A mentir de gaîté de cœur ;
Car dans l'inftant que tu combine
Quel eft mon nom, mon origine,
Qu'on te demande : » Le fais-tu «c ?
Je fais chanceler ta vertu:

Tu vas ceffer d'être fincère,

Et par un vrai menfonge auffi-tôt t'annoncer;
Car fi tu fais mon nom, tu diras le contraire;
Si tu ne le fais pas, tu vas le prononcer.

(Par M. l'Abbé Lacolley.)

LOGOGRIPHE.

DANS le fein de l'erreur, ami, je pris naiffance

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J'eus de nombreux enfans, ma mère eft l'ignorance, Ce n'étoit qu'en tremblant que les foibles mortels Venoient avec refpe& encenfer mes autels.

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