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ÉNIGM E.

Nar point Turban, & poffède un Séraitz
Valeur chez moi n'en eft point étonnée;
Ne fuis point Ture & n'ai fon attirail;
Mais mieux que lui remplis ina deftinée.
Lecteur, du sèxe je fais cas;

Mon amé eft un peu Mufulmanc,
Et ne fait pourtant fouffrir une cthomane.
Un fimple lit, offert à mes ébats,

Suffit à mon amour plus fouvent n'en ai pas :
Enfin les fruits, enfans de mon ivreffe,

Te font fouvent livrés avant de voir le jour :
Mais chut. Il faut fe taire, & cacher à mon tour
Le tourment qu'en mon fein excite ma tendreffe.
Je vais te dire encore, à ma honte pourtant,
Que de la nuit fouvent je trouble le filence;
Que contre moi ton cœur invoque la vengeance
Mais que le jour ramènant ta clémence,
Tu me pardonnes à l'inftant.

(Par M. L. de Rochemon:.)

LOGOGRIPHE.

QUOIQUE de me trouver tu fois bien curicuxs

Lecteur, tu frémirois fi j'étois fous tes yeux.

G2

Un inftant m'a détruit; formé par la Nature
Ma beauté fe paffoit d'une vaine parure ;
Peut-être tu m'aimas, aujourd'hui je fais peur,
Tu fuis; à mon afpect tu recules d'horreur :
Imite des Savans l'induftrieux courage,
Dans ces triftes débris admire un bel ouvrage ;
Si je fus ton égal, fi tu dus me chérir,
Approche, j'ai changé, mais je puis te fervir.
Coupe-moi par morceaux, déchire; quoi! tu n'ofes
Dans ces reftes hideux, fi tu les décompofes,
Tu verras l'ennemi qui doit te dévorer;
Ce fou qui couve l'or & qui va l'enterrer;
Le lieu d'une mailon que l'ivrogne préfère;
Un légume piquant, doux préfent de la terre,
Un petit mot latin qui veut dire bon jour;
Ce qui renferme, Eglé, l'objet de ton amour;
La lettre à l'alphabet qui marche la première;
Ce que tout parvenu dérobe à la lumière;
Ce que l'on voit au ciel par un temps pluvieux;
Ce que dans un beau pont admire un curieux ;
Ce que cherche un Marin quand il craint la tempête,
Leeteur, à votre tour, j'ai tout dit, je m'arrête,

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NOUVELLES LITTÉRAIRES.

RECHERCHES Hiftoriques & Politiques fur les Etats-Unis de l'Amérique Sep tentrionale, où l'on traite des Etablif Jemens des Treize Colonies, de leurs rapports & de leurs diffentions avec la Grande-Bretagne, de leurs Gouvernemens avant & après la révolution, &c. ; par ઉંટ. un Citoyen de Virginie; avec 4 Lettres d'un Bourgeois de New - Heaven, fur l'unité de la Légiflation. 4 Vol. in-8°, A Colle; & fe trouve à Paris, chez Froullé, Lib., quai des Auguftins, au coin de la rue Payée.

PREMIER EXTRAIT.

DEPUIS l'inftant où les premiers regards de l'Europe fe font tournés fur l'Amérique Septentrionale, une foule d'Ecrivains s'eft efforcée de développer les caufes, & les circonftances de la révolution qui a rendu à la liberté cette partie du Nouyeau - Monde.

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Mais, plus jaloux de fatisfaire à la hâte la curiofité publique, que d'être utiles aux hommes par la juftice & la vérité, la plupart n'ont fait que répandre en Europe des préjugés plus ou moins dangereux fur la conduite des Américains, & fur l'état de leurs Gouvernemens. Les uns, entraînés par une imagination déréglée qu'ils prenoient pour la force de l'ame, ou dominés par une humeur inquiète qu'ils croyoient être la fageffe, n'ont vu dans les objets que ce qu'ils avoient dans l'efprit, ont exagéré les motifs de leurs craintes & de leurs efpérances, & ont mêlé à des évènemens chimériques ou faux, des éloges peu raifonnables & des critiques injuftes. D'autres, guidés par des principes de politique abfurdes, ou par des vûes d'intérêt mieux déterminées, ont dénaturé volontairement tous les faits pour en calculer l'influence, d'après leurs idées ou d'après leurs paffions. Prefque tous, placés à une diftance. immenfe du théatre de la révolution, étrangers aux Loix, aux mœurs, aux usages, aux opinions, à l'Hiftoire de ces Peuples qu'ils avoient la prétention de faire connoître à l'Europe, ont puifé, fans défiance & fans choix dans des Papiers publics livrés à la corruption & à l'efprit de parti, Tous les détails, toutes les réflexions dont ils ont formé leurs Ouvrages.

Ainfi fe font répandues. & fe répandent encore chaque jour, fur les principes des

Gouvernemens Américains, & les effets de la révolution, des erreurs dont quelquesunes pourroient avoir des fuites funeftes. En donnant à des Déclamateurs mercenaires le droit de calomnier audacieufement la liberté, elles pourroient infpirer aux hommes de l'indifférence ou même de l'inquiétude fur l'exercice de leurs droits naturels, & rendre légitimes ou du moins excufables tous les attentats de la perverfité politique.

C'est donc avec raifon qu'un Citoyen des Etats-Unis vient de s'élever contre les opinions qu'il a trouvées en Europe fur cet objet, & peu d'hommes étoient en état de les combattre avec le même fuccès. Chaque page de fon Ouvrage porte l'empreinte de cette jufteffe d'efprit, de ce tact für que donnent la méditation & l'expérience. On y voit un Ecrivain plein des lumières du fiècle, exercé à l'étude des hommes & des chofes, pénétré de refpect pour les droits de l'efpèce humaine, & de zèle pour les progrès de la raifon & du bonheur général. Témoin de la plupart des évènemens qu'il décrit, il vient entretenir les Habitans de l'Ancien-Monde des chofes utiles qu'il a obfervées dans fa patrie, des dangers qu'il redoute, & de fes efpérances, & id leur parle de tous ces objets avec ce ton de franchise & de vérité qui convient à un homme de bien, au Citoyen d'un pays libre.

Son but, dans la compofition de cet Ou

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