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Air: On compteroit les diamans.

HONNEUR aur charmant Troubadour,
Qui, content d'une humble cabane,
Préfère aux cités d'alentour

Les bords champêtres de Lorvane.
A Lixi, d'an Auteur vanté,
L'imitateur inimitable,

-S'abandonnant à la gaîté,
Eft l'Anacreon de la table.

Dans le plus fimple des réduits,
Pour récompenfe de fes peines,
L'hymen donne à l'Auteur des Nuits
Ce qui doit égayer les fiennes.

A table ici dans un repas,
On fait la règle de Grégoire.
Amis, buvons à tant d'appas,

Mais fans dire: » Faime mieux boire ce

On doit convenir que l'Editeur des Etrennes de Polymnie met beaucoup de foin dans fa rédaction; fon choix fait hon neur à fon goûr: on fent qu'il feroit plus difficile, fi des Auteurs connus lui ouvroient leur porte-feuille & le mettoient à portée de rejeter certaines Pièces; mais aujour

d'hui les Recueils font fi multipliés, qu'ils fe nuifent les uns aux autres. Il eft aifé de prévoir que leur vogue ne fera pas de longue durée. Il n'y a pas de mal. A peine les faifeurs de petits vers de fociété ont-ils vu leurs noms imprimés dans un Almanach, qu'ils s'imaginent être des Auteurs ; dès lors ils deviennent ennemis de ceux qui font vraiment dignes de ce titre. Ils les dénigrent avec animofité, & ne veulent pas voir que leur plus grand éloge feroit de trouver du talent à ceux qui en ont réellement. On pourroit croire du moins qu'ils font bons Juges en matière d'efprit, (Cet Article eft de M. de Saint-Ange.)

VARIÉTÉ S.

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TROISIÈME LETTRE A M..... A Toulouse, Hôtel du grand Soleil, le........... 1787. UN. Rhéteur de l'Afie Mineure, je crois, haranguant Annibal, parla longuement de courage, de tactique, & de l'art de la guerre, devant le vainqueur de Trébie & de Trafimène. Annibal fourit, & reçut docilement les leçons du Rhéteur. Plutarque, qui rapporte ce trait, fe moque beaucoup du harangueur, & de fa harangue mais il approuve beaucoup au

contraire que l'éloge d'Agéfilas, Roi de Sparte, ait été écrit par Xénophon, guerrier profond & Ecrivain éloquent, né à la fois pour la gloire des Lettres & pour celle des armes. Tour le monde trouvera a fi bon, je penfe, que l'Eloge du Roi de Praffe ait été fait par l'Auteur de P'Efai général de Tactique. Je dirai plus; je crois qu'il étoit impoflible de bien faire cet éloge à tout autre qu'à un homme de guerre, qui avoit affez approfondi fon art pour en poffeder toutes les vies anciennes & neuves. Il n'étoit plus question feulement de faire voir ou entendre à l'imagination des Lecteurs le fracas des armes, des vainqueurs en furie, des bataillons renverfés, le defordre & la confufion d'une mêlée'; c'est ce que peut faire tout Ecrivain dont l'imagination fait fe tranfporter au milieu des objets pour les voir & pour les retracer comme s'il étoit en leur préfence. Mais depuis que la guerre eft devenue un art favant, qui exige autant de penfées profondes que de refolutions hardies, autant de génie que de valeur la gloire d'un guerrier tel que Frédéric n'eft pas plus à la portée d'un Orateur ordinaire que celle de Montefquicu ou de Newton. Il faut pofféder foi même la faience d'un tel Héros,

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il ne faut pas parler de fa gloire, fous peine d'être ridicule. C'eft beaucoup, fi, pour le proclamer, la Renommée qui avoit autrefois cent voix, en a une feule qui nous en entretienne dignement.

Cette révolution, qui a agrandi & perfectionné l'art de la guerre, fembleroit devoir être fatale à l'humanité. Je penfe au contraire que l'humanité aura à s'en louer. La fole des Peuples donnera moins d'alimens à l'ambition des guerriers, parce qu'elle parlera moins de leurs exploits, qu'elle ne pourra pas comprendre. Le

Roi de Pruffe ne peut pas avoir autant d'admirateurs que le Héros de la Macédoine, & par cela même il aura moins d'imitateurs. Un jeune fou, que le hafard plaç it fur un trône, pouvoit dire autrefois : Je veux être Alexandre; il ne pourra pas dire: Je veux être Frédéric. Les fciences qu'il faut acquérir, & le génie qu'il faut avoir, font comme autant de barrières infurmontables placées devant fon ambition. Lors même qu'il feroit né avec du génie, il faudroit qu'il pensát, qu'il méditât, & dans le recueillement de la penfée, le glaive le plus fouvent tomberoit de fes mains. Rouffeau à dit : L'homme qui penfe efl un animil corrompu. Jignore jufqu'à quel point cela eft vrai; mais l'homme qui penfe eft un animal doux, voilà une vérité qui n'a pas beaucoup d'exceptions. Je crois enfin, j'espère que cet art terrible & deftructeur de la guerre, qui a défolé jufqu'à nos jours les Siècles barbares, & même les SieEles civilifés, en s'élevant très-haut, difparoîtra de la terre, & cette idée confolante me difpofe à contempler avec moins d'effroi le génie & la vertu guerrière du Roi de Pruffe

Les Anciens, dont le goût étoit fi pur & fi für, ont bien eu raifon de recommander la fimplicité & la modeftie dans les Exordes. Rien ne frappe autant dans un grand fujet, & rien n'intéreffe davantage dans un g and talent.

Avec quelle fimplicité & quelle rapidité le Pan gvrifte de Frédéric entre dans fon fujet ! » L'Hiftoire nous montre prefque tous les grands Rois, ou nés loin du trône, ou nést » fur un trône mal affermi: Frédéric II reçut » du moins ce qui feul peut effacer les inconvé »niens d'être né pour régner, une éducation fimpic & auftere. Ainfi les grandes facultés » dont l'avoit doué la, Natura, ne furent mi

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affoiblies, ni empoisonnées. Ses yeux de s'ou » vrirent ni fur le faste, ni fur une fauffe gran deur. Son enfance ne fut pas entourée de » valets, mi fa jeuneffe de courtisans, flatteurs plus dangereux encore, parce que tendant » leurs piéges avec plus d'art, ils favent les » couvrir de fleurs, & même au befoin d'ap"parence de vertu «.

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Voilà l'Exorde de l'Eloge du Roi de Pruffe. Pas une feule phrafe pompeufe & oratoire pour avertir de l'importance du fujet & de la manière. qu'adoptera le Panégyrifte, pour annoncer à la fois l'Orateur & le Héros. On preffent tout de fuite que ce n'eft pas une fauffe éloquence qui va exalter une fauffe grandeur. On entre dans le Panégyrique du Roi de Pruffe comme on entroit dans fon palais. Nul faste, nul éclat, nul bruit au dehors. Mais Frédéric vit & refpire dans ce Difcours comme dans fes camps, comme à Pofdam, à Sans-Souci.

A ce début fi fimple fuccède un portrait qui mérite d'être cité, précisément parce qu'il porte le même caractère dans un genre où l'on a mis plus d'oftentation que de vérité, parce que c'eft un morceau qui a de l'effet fans être à grande prétention, comme tant d'autres portraits qu'on trouve dans les Hiftoirés, dans les Oraifons funèbres,.dans les Eloges. C'eft le portrait de Frédéric Guillaume, père du Roi de Prufe, Frédéric Guillaume étoit un Prince fage, économe, affez fin politique, mais dur & même féroce envers fes endins. Militaire »fans être guerrier, & Chef d'une armée fans

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favoir en être le Général, il avoit mis toute fa >>pompe à entretenir brillamment foixante mille » foldats. L'ordre, la difcipline, l'inftruc"tion de cette armée appartemoir en entier an » Prince d'Anhalt, qui la commandoit fous

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