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J'ai fait plus, par fes foins j'ai nourri dans ces lieux
Du parti mécontent l'efprit féditieux:

J'en dois tout espérer. Chez ce peuple intrépider;
Un projet n'admet point une lenteur timide;
Ce peu le impunément n'est jamais outragé
Il murmure aujourd'hui, demain il eft vengé;
Des droits de fes aïeux jaloux dépofitaire,
Eternel ennemi du pouvoir arbitraire, el
Souvent Juge du trône & tyran de fes Rois,
Il ofa... Mais on vient. C'est Volfax que je vois..

T

SCENE I I

ALZONDE, VOLFAX, AMÉLIE.

VOLFAX.

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ROP long-tems votre fuite eft ici différée
Madame; à s'affranchir l'Ecoffe eft préparée,
Tout confpire à vous rendre un Empire ufurpé
D'autres foins vont tenir le vainqueur occupé
Le trouble règne ici. Formé par la victoire,
Le Soldat redemande Edouard & la gloire; in ot
Le Peuple veut la paix. Au nom de nos Héros,
Je vais portet le Prince à des exploits nouveaux
Je ne crains que Vorceftre: ame de cet Empire
Il range, il conduit tout à la paix qu'il defire;
Contraire à mes confeils, s'il obtient cette paix,
Je le perds par-là même, & fuis fûr du fuccès.
Son rang eft un écueil que l'abîme environne:
Déjà par des avis parvenus jufqu'au Trône,
Je l'ai rendu fufpect, j'ai noirci fes vertus;
Encore un pas enfin, nous ne le craignons plus;
Du progrès de mes foins l'Ecoffe eft informée :
Paroiffez, un inftant vous y rend une armée.
ALZONDE.

D'une nouvelle ardeur enflammez Edouard:
Je vais tout employer pour hâter-mon départ ; »

On me foupçonneroit fi j'étois fugitive:
J'obtiendrai le pouvoir de quitter cette rive,
Allez, ne tardez plus, achevez vos projets;
Un plus long entretien trahiroit nos fecrets.

SCENE III.

ALZONDE, AMÉLIE.

ALZONDE.

Tour eft prêt, tu le vois. Une crainte nouvelle

Me détermine à fuir cet afyle infidèle;

On a vu (d'un des miens fi j'en crois le rapport)
Arondel cette nuit arriver en ce port.

En Norvége fouvent cet Arondel m'a vue ;
S'il étoit en ces lieux, j'y ferois reconnue :
Le tems preffe il faut fuir, ménageons les inftans.
Ce jour paffé, peut-être il n'en feroit plus tems.
AMÉLIE.

Mais ne craignez-vous point d'obftacle à votre fuite
ALZONDE.

Sous le nom d'Aglaé dans ce Palais conduite,
On me croit Neuftrienne, on ne foupçonne rien.
Appui des malheureux, Vorceftre eft mon foutien.
Il permettra fans peine, exempt de défiance,
Que je retourne enfin aux lieux de ma naiffance;
Je viens pour ce départ demander fon aveu,
Et je croyois déjà le trouver en ce lieu :
Mais s'il faut t'achever un récit trop fidèle,
Le pourras-tu penfer? quand le Trône m'appelle,
Quand l'Ecoffe gémit, quand tout me force à fuir,
Prête à quitter ces lieux, je tremble de partir.
AMÉLIE.

Qui peut vous arrêter? Comment pourroit vous plaire
Ce Palais décoré d'une pompe étrangère ?

Tout ici vous préfente un spectacle odieux :

Ce Trône annonce un Maître & le vôtre en ces lieux;

C &

Ces palmes d'un vainqueur rétracent la conquête;
L'oppreffeur de vos droits, l'ufurpateur....
ALZONDE.

Arrête

Tu parles d'un Héros, l'honneur de l'Univers
Et tu peins un Tyran, Dans mes affreux revers
J'accute le deftin plus que ce Prince aimable,
Et mon cœur ett bien loin de le trouver coupable,
Tu m'entends; j'en rougis. Vois tout mon défespoir;
Sur ces murs la vengeance a gravé mon devoir :
Je le fais: mais tel eft mon deftin déplorable,
Qu'à la honte, aux malheurs du revers qui m'accable;
Il devoit ajouter de coupables douleurs,

Et joindre l'amour mênie à mes autres fureurs.
J'arrivois en courroux ; mais mon ame charmée;
A l'afpect d'Edouard, fe fentit défarmée :

Sans doute que l'amour, jusqu'au sein des malheurs,
S'ouvre par nos penchans le chemin de nos cœurs;
Connoiffant ma fierté, mon ardeur pour la gloire,
Il prit pour m'attendrir, la voix de la Victoire;
Il me dit qu'enchaînant le plus grand des Guerriers;
Qui partageoit fon cœur, partageoit fes lauriers.
Où commande l'amour, il n'eft plus d'autres maîtres;
J'étouffai dans mon fein la voix de mes ancêtres :
Je ne vis qu'Edouard; captive fans ennui,

Des chaînes m'arrêtoient, mais c'étoit près de lui.
Pourquoi me rappeller la honte de mon ame
Et toutes les erreurs où m'entraînoit ma flamme?
Un plus heureux objet a fixé tous les vœux ;
C'en eft fait, ma fierté doit étouffer mes feux;
Les foibles fentimens que l'amour nous inspire;
Dans les cœurs élevés n'ont qu'un moment d'empire.
Règner eft mon deftin, me venger eft ma loi :
Un inftant de foibleffe eft un crime pour moi.
Fuyons; mais pour troubler un bonheur que j'abhorre;
Renverfons, en fuyant, l'idole qu'il adore.
Parmi tant de beautés qui parent cette Cour,
J'ai trop connu l'objet d'un odieux amour.
On trompe rarement les yeux d'une rivale ;
Ma haîne m'a nommé cque beauté fatálo,

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Si dans ces triftes lieux l'amour fit mes malheurs,
J'y veux la fer l'amour dans le fang, dans les pleurs ;
Mais Vorceftre paroît Laiffe-nous, Amélie,
Du deftin qui m'attend je vais être éclaircie.

SCENE IV.

ALZONDE, fous le nom d'Aglaé
VORCESTRE.

ALZONDE.

ous, dont le cœur fenfible a comblé tous les vœux Que porta jufqu'à vous la voix des malheureux, Jettez les yeux, Mylord, fur une infortunée Dont vous pouvez changer la trifte destinée; Je me dois aux climats où j'ai reçu le jour : Par vos foins honorée & libre en cette Cour, Je fais qu'à plus d'un titre elle a droit de me plaire ; Mais quels que foient les biens d'une terre étrangère; Toujours un tendre inftinct, au sein de ce bonheur, Vers un féjour plus cher rappelle notre cœur, Souffrez donc qu'écoutant la voix de la Patrie, Je puiffe retourner aux rives de Neufttie. Du fort des malheureux adoucir la rigueur, C'eft de l'autorité le droit le plus flatteur.

VORCESTRE

Si par mes foins ici le Ciel plus favorable.
Vous a donné, Madame, un afyle honorable;
Unie avec ma fille, heureufe en ce Palais,
De votre éloignement différez les apprêts:
A mon cœur alarmé vous êtes néceffaire;
Eugénie, immolée à fa trifteffe amère,

Demande à quitter Londres, & changeant de climate,
Veut cacher des chagrins qu'elle n'explique pas.
Depuis que fon époux a terminé fa vie,

Je croyois fa douleur par le tems affoupie;

Que, terrible & tranquille au milieu des tempêtes; Londres puiffe compter mes jours par fes conquêtes. Aux Gardes.

Allez. Vous, qu'on me laiffe.

SCENE VI.

EDOUARD, VORCESTRE.

VORCESTRE.

A Cer ordre, Seigneur

Je ne puis vous cacher mon trouble & ma douleur ;
Lorfque le peuple Anglois, au tein de la victoire,
Attendoit fon repos d'un Roi qui fit fa gloire,
Entraîné par la voix d'un confeil de foldats,
Allez-vous réveiller la fureur des combats ?
Je n'ai jamais trahi mon auftère franchise;
Et fi dans ces dangers elle eft encor permife,
J'en dois plus que jamais employer tous les droits;
Un peuple libre & vrai vous parle par ma voix.
La guerre fut long-tems un malheur néceffaire;
L'Ecofle étoit pour vous un Trône héréditaire :
Les droits que votre aïeul fur elle avoit acquis,
Exigeoient que pour vous ce bien fût reconquis
Vous y règnez enfin: mais pour finir la guerre,
Dont ce peuple indocile au joug de l'Angleterre,
Nous fatigue toujours, quoique toujours vaincu,
Vous favez à quels foins l'Etat s'eft attendu;
Vous avez confenti d'unir par l'hyménée
L'Héritière d'Ecoffe à votre destinée,
Sûr que ce peuple alier adoptera vos loix,
En voyant près de vous la fille de fes Rois.
Je fais que ce Royaume affoibli par fes pertes;
Compte peu de vengeurs dans fes plaines défertes;
Tout retrace à leurs yeux vos exploits, leur devoir
L'image de leur joug & de votre pouvoir

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