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téméraire efpoir de le remplir que par mon amour pour les arts, & par ceux qui m'icoutent, & le tems où je parle! Quelle plus vatte & plus brillante carrière pour l'Hiftoire, l'Eloquence & la Poéfie, qu'un règne qui leur offie tant de gloire & de grandeur à immorcalifer!

Que pourrois-je ajouter, Meffieurs, à la force & à la vérité des traits fous lefquels on vient de vous offrir l'image de votre augutte Prote&eur? Vous y avez admité la valeur & la victoire unies à la modération & à l'amour de la paix; la Royauté parée de tous les caractères qui font le père de la patrie; l'humanité enfin avec tous les titres du Sage & de P'homme adoré. Après ce tableau fi reffemblant, eù ma foibleffe n'auroit pu s'élever, qu'il me foit feulement permis pour l'honneur des beaux arts, rappeller & d'éternifer ici les bienfaits dont le Sophocle de notre âge vient d'être honoré.

de

Puiffent nos travaux immortalifer les fentimens d'admiration, de refpe&t & d'amour dont nous fommes pénétrés pour notre Monarque augufte! La poférité célèbrera, comme nous fes vertus: & dans les fiècles fuivans, tous ceux qui dans un jour femblable, rendront ici, comme moi, leur premier hommage à l'Académie, en nommant fes Protecteurs, s'arrêteront avec complaifance fur l'éloge d'un Souverain, qui n'aura jamais été loué que par la vérité,

LETTRES DE M. ROUSSEAU,

Sur VERT-VERT, la CHARTREUSE, &c.

A M. DE LASSÉRÉ,
Confeiller au Parlement.

J'AI lu le Poëme que vous m'avez envoyé : je vous

avouerai fans flatterie, Monfieur, que je n'ai jama's, vu production qui m'ait autant furpris que celle-là., Sans fortir d'un ftyle familier que l'Auteur a choifi, il y étale tout ce que la Poelie a de plus éclatant, & tout ce qu'une connoiffance confommée du monde. pourroit fournir à un homme qui y auroit paflé toute fa vie; il n'étoit point fait pour le rôle qu'il a quitté, & je fuis ravi de voir fes talens affranchis de l'efclavage d'une profeffion qui lui convenoit auffi peu.

Je ne faurois trop vous remercier, Monfieur, de la peine que vous avez prise de me copier vous même une pièce fi excellente : quelque longue qu'elle foit, je l'ai trouvé trop courte, quoique je l'aje lu deux fois : il me tarde déjà de la pouvoir joindre à celle que vous me promettez de la même main. Je ne fais fi tous mes confrères modernes & moi, ne ferions pas mieux de renoncer au métier que de le continuer, après l'ap parition d'un phénomène autfi furprenant que celui que vous venez de me faire obferver, qui nous efface tous dès fa naiffance, & fur lequel nous n'avons d'autre avantage que l'ancienneté. que nous ferions trop beureux de ne pas avoir. Je fuis, &c. ̧, AS

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AU PERE BRUMOY,

Jéfuite.

PARMI les phénomènes littéraires que vous m'indiquez, vous n'avez point voulu m'en citer un ni a été élevé parmi vous, & que vous venez de rendre au monde; vous voyez bien que je veux parler du jeune Auteur des Poëmes du Perroquet & de la Chartreufe: je n'ai vu de lui que ces deux Ouvrages; mais, en vérité, je les aurois admirés, quand ils m'auroient été donnés comme le fruit d'une étude conformée du monde & de la Langue Françoife. Je ne crois pas qu'on puiffe trouver nulle part plus de richeffes jointes à une plus littérale facilité à les prodiguer. Quel prodige dans un homme de vingt-fix ans ! & quel défeipoir pour tous nos prétendus beaux-efprits modernes! J'ai toujours trouvé Chapelle trèseftimable, mais beaucoup moins, à dire vrai qu'if' n'étoit eftimé ; ici c'est le naturel de Chapelle, mais fon naturel épuré, embelli, orné & étalé enfin dans route fa perfection. Si jamais il peut parvenir à faire des vers un peu plus difficilement, je prévois qu'il nous effacera tous tant que nous fommes.

A

A M. DE LASSER É.

NE juger du mérite de l'Epitre nouvelle (*), qu'en qualite d'ouvrier, peut-être lui donnerois-je moins de louanges; elle eft plus négligée que les deux autres pièces que j'ai admirées du même Auteur; mais à cela

+) Les Adieux,

près, on reconnoît la même main & le même génie ; c'est-à-dire, l'un des plus heureux & des plus beaux qui aient jamais exifté. Il feroit fâcheux que la trempe en fût altérée par le mauvais exemple de quelques petits efprits d'aujourd'hui, qui comptent l'exactitude & la régularité pour rien, comme s'il pouvoit y avoir de la différence entre faire de bons vers & les faire bien; & que pécher contre la rime en François, ne fût pas la même chofe que pécher contre la quantité en Latin. Cette fauffe maxime des génies paref feux ou impuiffants doit être profcrite chez les génies auffi fupérieurs que celui de notre jeune Auteur. Ce n'eft point une excufe de dire qu'on ne fait des vers que pour fon plaifir; c'eft pour le plaifir des Lecteurs qu'on en doit faire : & ce plaifir n'eft point complet, quand on peut s'appercevoir qu'il manque quelque chofe à la façon, Il ne fuht pas qu'une boîte foit d'or, & que le deffin en foit neuf & agréable, il faut qu'elle foit finie & achevée dans toute la perfection. Cet air facile qui fait le mérite d'un Ouvrage, ne confifte point dans l'inobfervation des règles au contraire, cetre inobfervation fait voir l'impuiflance où l'on eft de furmonter les difficultés de l'att; & je ne veux point d'autre preuve de ma propofition, que les vers mêmes de notre aimable Auteur, dont les plus corrects font fans doute ceux où il règne un plus grand air de facilité. En un mot le feul moyen de faire des vers faciles, c'est de les faire difficilement ; & fi vous ne m'en croyez pas fur ma parole, vous en conviendrez avec notre maître Horace, dont voici les propres

termes :

Nec virtute foret clarifve potentius armis.
Quam Lingua Latium, fi non offenderet unum-
Quemque Poëtarum limæ labor, & mora. Vos ô,
Pompilius fanguis, carmen reprehendite quod non
Multa dies, & multa littura coërcuit, atque
Præfectum deciès non caftigavit ad unguem.

Tâchez, mon cher Monfieur, de lui inspirer cete

maxime, fans lui dire qu'elle vienne de moi; car les confeils d'un homme inconnu ne feroient peut-être pas auffi bien reçus que les vôtres; quoiqu'ils ne partent que du zèle fincère que j'ai pour fa gloire & pour fa réputation, qui m'eft auffi chère que la mienne propre.

Remerciez bien, je vous prie, Monfieur l'Evêque de Luçon de la bonté qu'il a eue de me communiquer par vos mains ces deux dernières Epines (*), que j'ai déja lues trois fois depuis vingt-quatre heures qu'il y a que je les ai reçues, & où je ne me laffe point d'admirer le génie furprenant & la riche fécondité qui les a produites. Si le Ver-Vert, qui eft imprimé, vous tombe entre les mains, vous me fe ez grand plaifir, de me l'envoyer, car je ne le possède point en propre. Selon moi, cet Ouvrage a fur fes cadets l'avantage de l'invention, & même celui de l'exactitude. C'est un véritable Pcëme, & le plus agréable badinage que nous ayons dans notre Langue.

ÉPITRE

A L'AUTEUR.

SUR le Parnaffe eft il un lieu
Dont avoit hérité Chapelle,
que fon difciple fidèle

Et

Prêta quelquefois à Chaulieu,
C'eft-là que le galant Voiture
Fit exécuter, ce dit-on,
Le Codicile d'Epicure,
Conforme aux loix d'Anacréon,
Ce réduit du facré Vallon
Eft loin des glaces de

***

(*) Les Ombres & les Adieux

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