صور الصفحة
PDF
النشر الإلكتروني

toire par les dogmes qu'elle enfeigne, & à la Philofophie par les conféquences qu'elle tire de ces dogmes. Ainfi féparer la Théologie de la Philofophie, ce feroit arracher du tronc un rejetton qui de lui-même y eft uni. Il femble auffi que la Science des efprits appartient bien plus intimément à la Théologie révélée, qu'à la Théologie na

turelle.

La premiere partie de la Science de l'homme eft celle de l'ame; & cette Science a pour but, ou la connoiffance fpéculative de l'ame humaine, ou celle de fes opérations. La connoiffance fpéculative de l'ame dérive en partie de la Théologie naturelle, & en partie de la Théologie révélée, & s'appellePneumatologie ou Métaphyfique particuliere. La connoiffance de fes opérations fe fubdivife en deux branches, ces opérations pouvant avoir pour objet, ou la découverte de la vérité, ou la pratique de la vertu. La découverte de la vérité, qui est le but de la Logique, produit l'art de la transmettre aux autres; ainfi l'ufage que nous faifons de la Logique eft en partie pour notre propre avantage, en partie

pour celui des êtres femblables à nous; les regles de la Morale fe rapportent moins à l'homme ifolé, & le fuppofent néceffairement en fociété avec les autres hommes.

La Science de la Nature n'eft autre que celle des corps. Mais les corps ayant des propriétés générales qui leur font communes, telles que l'impénétrabilité, la mobilité, & l'étendue, c'eft encore par l'étude de ces propriétés, que la Science de la Nature doit commencer: elles ont, pour ainfi dire, un côté purement intellectuel par lequel elles ouvrent un champ immenfe aux fpéculations de l'efprit, & un côté matériel & fenfible par lequel on peut les mefurer. La fpéculation intellectuelle appartient à la Phyfique générale, qui n'eft proprement que la Métaphyfique des corps; & la mesure eft l'objet des Mathématiques, dont les divifions s'étendent prefque à l'infini.

Ces deux Sciences conduifent à la Phyfique particuliere, qui étudie les corps en eux-mêmes, & qui n'a que les individus pour objet. Parmi les corps dont il nous importe de connoître les

mier rang, & il eft immédiatement fuivi de ceux dont la connoiffance eft le plus néceffaire à notre confervation; d'où réfultent l'Anatomie, l'Agriculture, la Médecine, & leurs différentes branches. Enfin tous les corps naturels foumis à notre examen produifent les autres parties innombrables de la Phyfique raifonnée.

La Peinture, la Sculpture, l'Architecture, la Poëfie, la Mufique, & leurs différentes divifions, compofent la troifiéme diftribution générale qui naît de l'imagination, & dont les parties font comprifes fous le nom de Beaux-Arts. On pourroit auffi les renfermer fous le titre général de Peinture, puifque tous les Beaux-Arts fe réduifent à peindre, & ne different que par les moyens qu'ils emploient; enfin on pourroit les rapporter tous à la Poëfie, en prenant ce mot dans fa fignification naturelle, qui n'eft autre chofe qu'invention ou création.

Telles font les principales parties de notre Arbre encyclopédique; on les trouvera plus en détail à la fin de ce Difcours Préliminaire. Nous en avons formé une efpece de Carte à laquelle

nous avons joint une explication beaucoup plus étendue que celle qui vient d'être donnée. Cette Carte & cette explication ont été déjà publiées dans le Profpectus, comme pour preffentir le goût du Public; nous y avons fait quel ques changemens dont il fera facile de s'appercevoir, & qui font le fruit ou de nos réflexions, ou des confeils de quelques Philofophes, affez bons citoyens pour prendre intérêt à notre Ouvrage. Si le Public éclairé donne fon approbation à ces changemens, elle fera la récompenfe de notre docilité; & s'il ne les approuve pas, nous n'en ferons que plus convaincus de l'impoffibilité de former un Arbre encyclopédique qui foit au gré de tout le monde.

La divifion générale de nos connoiffances, fuivant nos trois facultés, a cet avantage, qu'elle pourroit fournir auffi les trois divifions du monde littéraire, en Erudits, Philofophes, & Beaux-Efprits; enforte qu'après avoir formé l'Arbre des Sciences, on pourroit former fur le même plan celui des Gens de Lettres. La mémoire eft le talent des premiers, la fagacité appar

le

l'agrément en partage. Ainfi, en regardant la mémoire comme un commencement de réflexion, & en y joignant la réflexion qui combine, & celle qui imite, on pourroit dire en général que nombre plus ou moins grand d'idées réfléchies, & la nature de ces idées, conftituent la différence plus ou moins grande qu'il y a entre les hommes; que la réflexion prife dans le fens le plus étendu qu'on puiffe lui donner, forme le caractere de l'efprit, & qu'elle en diftingue les différens genres. Du refte les trois efpeces de républiques dans lefquelles nous venons de diftribuer les Gens de Lettres, n'ont pour l'ordinaire rien de commun, que de faire affez peu de cas les unes des autres. Le Poëte & le Philofophe fe traitent mutuellement d'infenfés, qui fe repaiffent de chimeres: l'un & l'autre regardent l'Erudit comme une espece d'avare, qui ne penfe qu'à amaffer fans jouir, & qui entaffe fans choix les métaux les plus vils avec les plus précieux ; & l'Erudit, qui ne voit que des mots par-tout où il ne lit point des faits, méprife le Poëte & le Philofophe, comme des gens qui fe croient riches, parce que leur dépenfe excede leurs fonds.

« السابقةمتابعة »