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fut plus une lutte intelligente, mais une guerre à mort; si toutefois il si toutefois il y a guerre,

y a guerre, là où la force

est d'un seul côté. Le plus fier des homines, le plus indépendant des rois ne connut d'autre joug que celui des jésuites, le porta par crainte, (1) et l'imposa à son peuple, à sa cour, à sa famille. Une jeune princesse, qu'il aimait, non pas comme son enfant, ce serait trop peu dire, mais comme lui-même, osa refuser les derniers aveux à un confesseur jésuite, et n'échappa à la disgrâce que par la mort (2). Partout leur présence se fit rudement sentir. Un jésuite, la bulle Unigenitus à la main, devint l'arbitre de la France, et la remplit de terreur (3). Des évêques dont il avait fait ses esclaves, veillaient au lit de mort du Grand Roi

(1) Saint-Simon, Mémoires; Paris, Sautelet, 1829, t. VII, p. 21.

(2) Saint-Simon, t. X, p. 221.

(3) Saint-Simon, t. IX, p. 128; t. X, p. 434; t. XVII, p. 302 et 305.

et lui défendaient la réconciliation et l'ou

bli (1); plus tard, ce moine rentra dans la poussière; mais son esprit lui survécut. Qui ne se rappelle les billets de confession? Des mourants, faute de s'associer aux haines des jésuites, succombèrent sans recevoir les consolations de l'Église. Enfin le succès rendit toutes ces violences désormais inutiles, la victoire succéda à la lutte, et dans cette période, la société de Jésus jouit sans contestation de la conscience des grands, et de l'éducation de la jeunesse. Elle obtint une exemption entière de toutes les taxes payées par le reste du clergé (2) et traversa cet âge d'or dans l'abondance de toutes choses, au milieu de l'impuissante inimitié de ses adversaires et de ses rivaux. Heureuse, si elle avait usé de tant d'avantages, non pas avec l'orgueil qu'on lui

(1) Saint-Simon, t. XII, p. 480. (2) Saint-Simon, t. 11, p. 460.

reproche souvent, et qui précipita sa chute, mais avec l'adresse et l'habileté qu'on lui accorde plus souvent encore.

Et pourtant, il n'est pas vrai que dans cette période de leur existence, les jésuites aient eu toute l'habileté qu'amis et ennemis leur ont si bénévolement prêtée; ou plutôt, il y a dans leur institution un singulier mélange de force et de faiblesse. La force du jésuitisme est personnelle et isolée, sa faiblesse est relative; les jésuites sont forts comme ordre, faibles comme défenseurs de cette grande Église romaine. Semblables aux Chinois qu'ils ont tant pratiqués, et dont la vanité place Pékin au milieu du globe terrestre, les jésuites se croient situés au cœur et dans les entrailles du christianisme. Qubliant leur date récente, ils n'imaginent pas que la religion catholique puisse existeren leur absence. Rien n'égale la finesse de leur instinct individuel : ce qui est restreint à l'intérêt direct, im

médiat de l'ordre; ce qui a provoqué, nourri, accompli sa puissance est un prodige de persévérance et de savoir-faire. Mais autant sa vue est perçante dans une direction courte et personnelle, autant elle est faible, indécise, lorsqu'elle essaie dese fixer sur les destinées générales du catholicisme. Ce spectacle l'éblouit et l'aveugle. Habile à calculer les chances d'une intrigue prolongée, mais étroite, le jésuitisme est incapable de se créer un large horizon. L'esprit de cette société ne peut s'élever jusqu'à l'impartialité. C'est de très-bonne foi qu'elle a toujours vu dans sa propre conservation le gage le plus certain, la condition indispensable et unique de la durée du symbole de Rome. Préoccupée de cette pensée égoïste, elle n'a jamais su la dégager de tous les menus intérêts de couvent et de confessionnal de là, le refus obstiné de se constituer un des rayons du centre commun,

la prétention'incorrigible d'être soi-même le

centre de l'agrégation 'chrétienne, l'impossibilité radicale de subordonner les moin

dres avantages de l'ordre à l'intérêt général de l'Église. A l'exemple des parlementaires du temps de la Fronde qui violaient des lois pour sauver des règlements, les jésuites sont moins disciplinés qu'on ne le pense, ou du moins ils ne s'astreignent qu'à une discipline locale, particulière; et, comme leur tendance est de former un État dans l'État, sans en excepter le saintsiége, ils imposent Rome à l'univers et s'imposent à Rome.

Dans ces grandes crises où l'Église, la foi, l'esprit religieux sont menacés, la misère de l'esprit jésuitique est extrême : c'est ainsi que faute de résolution la société de Jésus se perdit à cette période du xvIIe siècle dont nous avons esquissé l'histoire. On sera étonné peut-être de la médiocrité de quelquesuus des motifs, de l'obscurité de quelques-uns

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