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dangereux de la cour de Rome, il n'y a que des épigrammes et des phrases.

L'action dominatrice de la Compagnie avait été le prétexte de sa dissolution par Clément XIV; le besoin de son influence, le vide qu'elle avait laissé en Europe, et surtout en France, à la fin du xvme siècle, fut la cause déterminante et avouée de son rétablissement. Pie VII n'entendait pas, en 1800, se donner des maîtres, dont n'aurait pas voulu Clément XIV en 1773. La vie de Pie VII proteste tout entière en faveur de la pureté des motifs qui le dirigeaient. C'est au moment même où ce pontife instituait un nouvel ordre judiciaire dans ses Etats, qu'il encourageait l'agriculture, qu'il ressuscitait les arts, qu'il affranchissait le commerce de toutes ses entraves et lui donnait un essor immense, qu'il relevait la Compagnie de Jésus, dans l'intérêt de la chrétienté. Pie VII, qui a rétabli les Jésuites, est le même pontife qui a bravé les mécontentements des têtes couronnées, en traitant avec Bonaparte, en signant entre la France et Rome le concordat du 15 juillet 1801; c'est le même qui a sacré Napoléon, le même qui a montré, dans les persécutions qu'il a eues à subir, la plus admirable fermeté, un esprit supérieur et une large intelligence. Pie VII a rétabli les Jésuites, dans la persuasion que le débordement des idées philosophiques, que la ruine des principes religieux, avaient été causés, en partie, par leur expulsion. Le désordre des esprits, ajouté au désordre des mœurs, avait pu seul produire les saturnales de 1793. La génération qui les accomplit était nécessairement sans principes et sans Dieu; elle péchait par la base, le défaut d'éducation

religieuse. La Compagnie de Jésus, dans l'intention du chef de l'Eglise, était un contrepoids nécessaire au philosophisme. L'autel, le gouvernement et la société. avaient également à gagner, suivant lui, à leur retour. La liberté avait été jusqu'à la licence la plus effrénée ; ils ramèneraient, pensait-il, la subordination, car le principe de l'obéissance était le fondement de leur régle. La jeunesse de la République, du Directoire et de l'Empire n'a pas été de nature à le faire changer de sentiment.

La société actuelle est-elle dans d'autres conditions? Nous ne le croyons pas, bien que MM. Michelet et Quinet soient montés en chaire pour affirmer le contraire.

Qu'on n'oublie pas que c'est ici seulement par occasion que nous parlons de la valeur morale et sociale. de la Compagnie de Jésus; que c'est, avant tout, une question de liberté des cultes, de liberté individuelle, de liberté d'enseignement, qui fait l'objet de notre

examen.

Il y avait lieu de vérifier, historiquement, si les Jésuites avaient mérité d'être proscrits, aux temps où ils le furent. Mais, au fond, c'était sans importance, légalement; car, du jour où toutes les congrégations religieuses furent supprimées, toutes partagèrent, sans exception, le sort des Jésuites. Ce que les philosophes avaient voulu, en 1762, ils l'obtinrent en 1792. Toutes les corporations religieuses furent dissoutes alors, ni plus ni moins que ne l'avaient été les Jésuites en 1764. Or, si les lois de la révolution ont placé toutes les congrégations religieuses sur la même ligne, les lois postérieures, soit politiques, soit administratives, soit ci

viles, soit pénales, qui ont apporté des modifications ou des tempéraments, implicites ou exprès, aux lois de la révolution, ont profité aux Jésuites comme aux autres congrégations. Les lois en vigueur ne proscrivent ni plus ni moins, ne protégent ni plus ni moins, les unes que les autres. Les Jésuites sont en face de la charte, en face des lois administratives, civiles, pénales, dans des conditions absolument identiques à celles de toute autre congrégation. Il y a lieu tout simplement de leur appliquer le droit commun.

Voilà ce qu'il fallait établir, et cela établi, nous examinerons, un peu plus tard, quelle est la situation légale des congrégations religieuses à l'heure qu'il est (1).

CHAPITRE V.

Nous rendons pleine et haute justice aux loyales intentions d'hommes que nous honorons, et qui nous reprochent de défendre les Jésuites. Suivant eux, nous avons cent fois raison au fond, mais il n'y a personne en France assez fort, disent-ils, pour prendre sur soi Ja responsabilité d'une telle cause. Nous n'avons fondé, pour notre part, aucune communauté de Jésuites, ne sont pas là nos affaires; mais nous ne voyons pas pourquoi ces Religieux chrétiens ne seraient pas aussi libres que d'autres; pourquoi ils seraient, plus que

(1) Globe du 15 octobre 1843.

ce

d'autres, jetés hors du droit commun et mis hors la loi; pourquoi on proscrirait en France les Jésuites, quand des ennemis de tout pouvoir, de toute subordination, de tout principe de religion, de moralité et d'ordre, y écrivent tout haut, y parlent tout haut, dans les chambres et hors des chambres, dans les comités électoraux et en cour d'assises; pourquoi on pourrait être tout en France, à la façon que l'on veut, excepté chrétien ?

A ces hommes nous répondrons qu'il n'y a point de préjugés, point de mauvaises passions, auxquels nous ne soyons prêts à dire leurs vérités en face. Si ce n'est pas la vocation de tout le monde, c'est la nôtre nous ne faisons pas d'autre métier. Il n'y a pas d'hypocrisies que nous ne soyons disposés à démasquer, point de fausses opinions, si encroûtées qu'elles soient, que nous ne cherchions à montrer à nu. Nous défendons les Jésuites contre d'absurdes inculpations, nous les lavons des folles et sales injures, comme nous avons défendu les blancs, nos frères d'outre-mer, contre de fanatiques défenseurs de la race nègre, croyant faire plus pour celle-ci que l'aveugle engouement et la dangereuse protection de ces prétendus amis; comme nous avons défendu les colonies françaises, les intérêts du commerce et de la navigation, à tous risques et contre tous.

On détruit les préjugés, si l'on peut, comme on peut et quand on peut; mais notre avis, à nous, est qu'on ne saurait trop tôt commencer à se mettre à l'œuvre. Les préjugés sont comme les bètes féroces, qui reculent quand on va à elles résolûment; comme les épouvantes nocturnes, qui se dissipent à la moindre lueur qui les éclaire. Quoi toujours et partout voir des

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jésuites, et toujours sous des aspects formidables! Louis XIV, jésuite, selon M. de Montlosier: — les ministres de Louis XV, jésuites: -Louis XVI, jésuite, encore plus ; Mirabeau l'eût été en 1792, car il eût défendu le culte chrétien; Bonaparte, jésuite, car il a rétabli les congrégations de femmes et fondé, par ses décrets, des congrégations d'hommes; car il convoquait les Soeurs de la charité en assemblées générales que l'impératrice-mère présidait; enfin, jésuite en dernier lieu, jésuite hier encore, pour dernière et suprême niaiserie, le rédacteur en chef de la Presse! En vérité, c'est aussi par trop stupide.

Et nous n'aurions pas été chercher la vérité dans l'histoire, où elle était si peu cachée sous de légers décombres que recouvraient misérablement quelques loques libérales, laissées là par les constitutionnels, il y a seize ou dix-sept ans ! Quoi! y a-t-il, en France, des priviléges pour les sottises pétries de mensonges, assaisonnées de chauvinisme et saupoudrées par-dessus de philosophiques impiétés? N'y a-t-il à dire que ce qui serait bon à taire, et à taire que ce qui est vrai, raisonnable et utile à publier? Faut-il, parce qu'aucune voix ne s'est élevée contre les enthousiasmes excessifs et inconsidérés de 1789, qu'aucune voix ne s'élève pour protester contre les empiétements de doctrines dissolvantes mêéles aux bonnes doctrines et pouvant, à la longue, étouffer le bon grain? Faut-il, parce que les honnêtes gens se sont retirés petit à petit en 1791, ont eu peur tout-à-fait en 1792, et se sont laissé insensiblement mettre la tête sur le billot en 1793, suivre ce bénin exemple? Faut-il pour cela laisser faire

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