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reur pour le parricide. Voici comment il s'exprime : Le docteur Jean Petit entra en matière par de grands lieux communs qui tendaient tous à établir la doctrine détestable du régicide. Cette harangue, également insolente et détestable pour les maximes qu'elle contenait, fut écoutée avec un grand silence (1). »

Dans la Préface de son Histoire, le même P. Daniel rend compte de ses sentiments sur l'indépendance de nos rois, et de la manière dont il a rapporté les démêlés qu'ils eurent quelquefois avec les Papes. « Je me suis regardé, dit-il, comme Français, comme enfant de l'Eglise, comme historien. Comme Français, j'ai établi, dans les occasions qui se sont présentées, les droits légitimes de nos rois; je me suis bien gardé d'y donner atteinte et d'autoriser en aucune manière les prétentions de quelques Papes sur le temporel des Souverains. >>

Le P. Griffet, à qui nous devons la dernière édition de cette Histoire, n'a pas témoigné moins d'horreur pour ces détestables maximes (2).

Ce même Religieux, qui a parsemé l'Histoire de France d'expressions fortes, de judicieuses réflexions

(1) Règne de Henri III, année 1589.

(2) Voir les Observations sur l'Histoire de France du P. Daniel, tom, XII, pag. 60 et 647. Voir aussi l'Histoire de Louis XIII, par le P. Griffet.

contre des maximes qui s'en prennent à la majesté des rois, n'a pas apporté moins d'attention à développer les principes de la bonne morale, dans son Année chrẻtienne, livre de piété fait pour être tous les jours aux mains des fidèles. Voici comment il s'exprime, en. commentant l'Epître de saint Pierre :

Rien de plus recommandé dans la religion que la soumission à l'autorité légitime des souverains et de ceux qui les représentent. L'Evangile n'autorise jamais l'esprit de rébellion et de révolte. La loi de Jésus-Christ est une loi d'obéissance, d'humilité et de patience : ainsi, le plus parfait chrétien ne peut manquer d'être le sujet le plus docile et le plus soumis, et tout homme qui se révolte contre son souverain, se révolte contre Dieu.

» La différence de religion qui peut se trouver quelquefois entre le souverain et le peuple ne saurait justifier la rébellion de l'un contre l'autorité de l'autre. Lorsque saint Pierre prescrivait aux fidèles l'obéissance au souverain, il n'y avait encore dans le monde que des souverains idolâtres; c'est cependant de ces princes impies qu'il dit : Obéissez-leur par amour pour Dieu. Lorsque des souverains d'une religion différente abusent de leur pouvoir pour forcer le peuple fidèle à violer les lois, ou à renoncer aux principes de la vraie religion, on ne doit pas leur obéir dans une chose qui est véri

tablement criminelle et injuste; mais, en conservant sa religion, on doit toujours respecter leur autorité. Toute la ressource qui restait aux fidèles dans le temps des persécutions, était la prière et la patience. C'est par là qu'ils faisaient taire l'ignorance des hommes insensés qui les accusaient d'affecter dans tout une criminelle indépendance. A la vérité, ils aimaient mieux mourir que de renoncer à leur religion; mais en même temps ils aimaient mieux mourir que d'être rebelles. » Parmi les nombreux prédicateurs, dont nous pourrions citer les paroles, nous choisirons de préférence le P. Bourdaloue. Voici ce qu'il disait, en prêchant sur la sainteté et la force de la loi chrétienne, «cette loi de Jésus-Christ qui autorise toutes les lois humaines, puisque, outre l'obligation civile et politique de les garder, elle y en ajoute une de conscience qui est inviolable et qui subsiste toujours; puisqu'elle fait respecter les Supérieurs légitimes, non pas en qualité d'hommes, mais comme les lieutenants et les ministres de Dieu; puisqu'elle maintient leur autorité, non-seulement quand ils sont chrétiens et fidèles, mais quand ils seraient païens et idolâtres; non-seulement, dit saint Pierre, quand ils seraient vertueux et parfaits, mais même quand ils sont doux et favorables, mais quand ils seraient importuns et fâcheux, puisque hors ce qui est positivement et évidemment contre Dieu,

cette loi veut qu'ils soient obéis comme Dieu même. Ne séparons point ces deux préceptes : Regem honoririficate, Deum timete; craignez Dieu et honorez les puissances, en nous avertissant sans cesse que l'un est essentiellement fondé sur l'autre (1). :

Le P. Gibalin, dans sa Science canonique, est encore un des auteurs qui ont le mieux enseigné aux hommes à respecter les lois. Ce n'est point de ces leçons vagues que la décence suggère; c'est un précepte qui tire toute sa force de la loi de Dieu. «Comme la dignité royale, dit cet écrivain, brille toujours dans un prince, fût-il mauvais, quand même il aurait perdu tout amour pour son peuple, qu'il laisserait à peine à ses sujets la liberté de respirer; que le gouvernement de l'Etat serait entièrement détruit par les vices, par l'avarice et la cruauté du chef, on ne doit pas en avoir moins de respect pour sa personne, car ce respect est fondé sur la majesté de l'Empire. Les premiers Chrétiens, instruits par les Apôtres et par d'autres grands maîtres de notre religion, honoraient des monstres du genre humain, parce qu'ils voyaient reluire l'image de Dieu à travers les crimes et les désordres de ces Empereurs (2).▾ On a voulu faire croire que les Jésuites étaient entrés

(1) Sermons des Dimanches, tom. I.

(2) Scientia canonica, tom. I, pag. 515. Il faudrait lire tout un chapitre du P. Gibalin sur l'autorité et la majesté des princes.

fort avant dans les principes et les intérêts de la Ligue; qu'ils en étaient comme l'ame, et que, en conséquence, ils auraient influé dans l'attentat commis sur la personne sacrée de Henri III. Pour être détrompé, il suffit de lire les lignes suivantes de la vie du P. Emond Auger par le P. d'Origny. « 11 (Henri III) était enfin venu mettre le siége devant Paris; l'issue de cette grande entreprise tenait toute l'Europe dans l'étonnement et dans l'attente, quand on apprit tout-à-coup l'attentat abominable commis à Saint-Cloud en la personne sacrée du roi. On ne pouvait cacher long-temps une nouvelle si surprenante au P. Emond; le Recteur du Collége jugea devoir la lui apprendre, et il le fit avec toute la précaution que la sagesse la plus circonspecte pouvait prendre. Il en fut accablé, et l'on dit que, durant deux jours entiers, ce Père, enfermé seul dans sa chambre, sans lumière et sans prendre nulle nourriture, nul repos, ne fit que pleurer et prier pour un si aimable prince, qui l'avait toujours honoré de sa confiance et de sa tendresse.» Le P. Emond Auger avait été élevé et formé par saint Ignace; il était des Jésuites de son temps le plus célèbre, et ses sentiments pour Henri III étaient communs à presque tous les Jésuites d'alors.

Le P. Verjus, dans sa Vie de saint François de Borgia, a su ménager tout à la fois et l'occasion de rendre public l'attachement des Jésuites pour Henri III, et son propre

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